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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Gauthiez, Pierre: Notes sur Bernardino Luini, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0257

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242

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Vinci : « J’ai pleuré ce que j’ai désiré quand je l’eus ! 1 » Luini conti-
nuait ses vieux maîtres, le Foppa, le Bergognone. Léonard réside à
Mil an, durant seize années (1483-1499), au moment où Bernardino
forme son talent, et Bernardino saura prendre les enseignements du
Vinci, les fondre dans les qualités originales qu’il possède, et le Vinci
lui rend hommage jusqu’à le mêler à ses œuvres, l’un dessinant,
l’autre peignant2. Mais les inquiétudes, les échappées prodigieuses de
Léonard, dans toute sphère de l’activité humaine, rien de tout cela
n’existe pour l’infatigable artisan. Luini, c’est un de ces vieux maî-
tres qui conservent en Lombardie la même tradition que les anciens
Florentins; on a sa « boutique » (bottecja) de peintre, et l’on travaille
en conscience, du lever au coucher du jour. Le don de Luini, c’est
de voir sous l’aspect de la fresque, avec l’intuition rapide d'une vie
colorée, ardente. 11 fait des fresques sans relâche.

La Bible, l’Ancien Testament et le Nouveau, la Vie des saints
(à peine un peu de mythologie au début), toutes ces histoires lui
sont présentes sous leur forme éternelle, c’est-à-dire qu’elles existent
vraiment pour lui, et de son temps, et sous les apparences des êtres
qui vivent près de lui. Ce sont ses fils, ce sont les femmes dont le
charme l’a troublé ou transporté, ce sont, à Lugano, les filles de
Campione ou de Maroggia, qui passent dans son rêve ; si peu variées
au fond, et tellement diverses parle ton de ce fort génie, les créatures

1. « Piansi già quel ch’ io volsi, poi eli’ io l'hebbi ! » (Lomazzo, Trattato, VI,
cliap. ii, p. 282). D'aucuns tiennent ce sonnet pour un ouvrage de Antonio de Mat-
teo di Meglio. Cf. Miianesi, ap. Vasari, t. IV, p. 19, note, et d'Ancona, Manuale
dclla Ictlcr. ital., t. H, n° 185.

2. Mais la technique même est profondément différente. On a très heureu-
sement écrit que « Luini, tout en prenant à son maître ce qu'il y a de suave, de
gracieux et de tendre, a su cependant conserver un style et un faire très person-
nels. Ses enfants avec leur nez écrasé (?), leur bouche large et souriante, se font
aisément reconnaître des enfants du Vinci. Mais, c’est surtout par l'exécution que
Luini se distingue de Léonard. Son dessin moins précis, sa touche plus fondue et
moins légère, notamment dans les ombres, ont rompu avec toutes les traditions
du xve siècle. » Émile Galichon, La Galerie Pourtalès. (Gazette des Beaux-Arts,
ire pér., t. XVIII, p. 14.)

Les dessins de Luini sont extrêmement rares ; ceux que le Louvre expose
(nos 237, 238, 395) sont des plus contestables. Quant aux n03 1983 et 1984 (cata-
logue Tauzia, 1888, p. 50), ils sont introuvables ; ils auront sans doute fait place
à d'autres dessins. Le musée de Dijon exhibe (n° 30 du catal.) une médiocre
copie, ou, du moins, une œuvre affreusement repeinte. Et, dans le même musée
(collection IIis de la Salle, n° 798), on attribue à Luini un dessin au crayon sur
papier bleuté, tête de femme tournée à droite, qui est à peine vraisemblable.
 
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