LES SALLES DE PORTRAITS AU MUSÉE DE VERSAILLES 367
générations d’hommes. Mettre un peu d’ordre et de vérité en ce
milieu, vouloir redresser tant d’erreurs classiques, vénérées et
célèbres dans tout l’univers, c’était s’attaquer à beaucoup de pres-
tige et à trop de monde à la fois; c’était aussi risquer la réputation
d’iconoclaste, prêter au renom de mauvais fils, troubler surtout les
guides dans leur leçon apprise. Il fallait, pour tenter un pareil net-
toyage, une jolie audace, de la jeunesse, de la foi et une science
assurée. Avant de se faire absoudre, l’idée proposée devait prouver
sa force irrésistible, n’être
point en opposition formelle
avec celle du fondateur et ce-
pendant vérifier ses théories
en érudition et en histoire. Il
lui fallait conclure entre le
roman et la chronique vécue,
traduite par des contempo-
rains, discerner ce qui, dans
le chaos extraordinaire impa-
tronisé là, constituait le vrai,
en opposition avec l’imagina-
tion et la fantaisie fabriquées
après coup sans autre science
que, parfois, une habileté de
pinceau ou du charme. Quant
à la base fondamentale de tout
l’édifice, à savoir la destination
irrévocable du musée comme
temple de la gloire française,
les volontés du roi Louis-Phi-
lippe seraient respectées ; la seule nuance, tout le point de diver-
gence entre le passé et le présent, consisterait en une sélection
sévère du document offert, proposé aux discussions ou plus sim-
plement aux curiosités. Autant il serait profitable de montrer un
maréchal de Turenne peint par Champaigne, une Marie Leczinska
par Nattier, un siège de Dole par van der Meulen, autant il serait
innocent d'invoquer, à propos de ces personnages ou de ce fait,
le témoignage graphique d’un artiste de 1830. Bien mieux, et ceci
avait réellement beaucoup d’alléchance pour les passionnés de restau-
rations complètes et absolues, ne trouverait-on pas dans ce palais de
Versailles, aménagé par quatre générations de souverains français, le
générations d’hommes. Mettre un peu d’ordre et de vérité en ce
milieu, vouloir redresser tant d’erreurs classiques, vénérées et
célèbres dans tout l’univers, c’était s’attaquer à beaucoup de pres-
tige et à trop de monde à la fois; c’était aussi risquer la réputation
d’iconoclaste, prêter au renom de mauvais fils, troubler surtout les
guides dans leur leçon apprise. Il fallait, pour tenter un pareil net-
toyage, une jolie audace, de la jeunesse, de la foi et une science
assurée. Avant de se faire absoudre, l’idée proposée devait prouver
sa force irrésistible, n’être
point en opposition formelle
avec celle du fondateur et ce-
pendant vérifier ses théories
en érudition et en histoire. Il
lui fallait conclure entre le
roman et la chronique vécue,
traduite par des contempo-
rains, discerner ce qui, dans
le chaos extraordinaire impa-
tronisé là, constituait le vrai,
en opposition avec l’imagina-
tion et la fantaisie fabriquées
après coup sans autre science
que, parfois, une habileté de
pinceau ou du charme. Quant
à la base fondamentale de tout
l’édifice, à savoir la destination
irrévocable du musée comme
temple de la gloire française,
les volontés du roi Louis-Phi-
lippe seraient respectées ; la seule nuance, tout le point de diver-
gence entre le passé et le présent, consisterait en une sélection
sévère du document offert, proposé aux discussions ou plus sim-
plement aux curiosités. Autant il serait profitable de montrer un
maréchal de Turenne peint par Champaigne, une Marie Leczinska
par Nattier, un siège de Dole par van der Meulen, autant il serait
innocent d'invoquer, à propos de ces personnages ou de ce fait,
le témoignage graphique d’un artiste de 1830. Bien mieux, et ceci
avait réellement beaucoup d’alléchance pour les passionnés de restau-
rations complètes et absolues, ne trouverait-on pas dans ce palais de
Versailles, aménagé par quatre générations de souverains français, le