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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Michel, André: L' exposition centennale - La peinture française, 1: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0467

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

encore de romain. Ses velléités de « grand art » et de « style » n’allè-
rent pas jusqu’à faire violence à son penchant naturel et à altérer
la limpidité de son gracieux talent ; heureusement pour elle et
pour nous, elle resta portraitiste et femme. Le Portrait de Mme la
baronne de Crussol (musée de Toulouse) est à peu près contem-
porain de celui qu’elle fit d’elle-même. « Je tâchais, autant qu’il
m’était possible, a-t-elle écrit, de donner aux femmes que je pei-
gnais l’attitude et l’expression de leur physionomie; celles qui
n’avaient pas de physionomie, je les peignais rêveuses, noncha-
lamment appuyées. » Et dans scs Conseils pour la peinture de
poitrails : « avant de commencer, causez avec votre modèle, essayez
plusieurs attitudes et choisissez non seulement la plus agréable,

mais celle.qui peut ajouter à la ressemblance. Avec les femmes,

il faut les flatter, leur dire qu’elles sont belles, qu’elles ont le teint

frais. cela les met en belle humeur et les fait tenir avec plus

de plaisir. » Mme de Crussol posa avec entrain. Il est question
d’oiseau dans la romance qu’elle tient à la main ; mais cette
chanteuse de romances sentimentales serait capable — on le voit
bien — d’entonner un autre air de vaillance et peut-être de guerre.

Duplessis (1725-1803), avec une ébauche largement touchée à la
mode de l’Académie royale; Ant. Vestier (1740-1825), avec une
Bacchante dont le regard mélancolique semble dirigé vers le passé
qui ne reviendra pas, font cortège à Grcuze. Et le David vainqueur
de Goliath, de Vincent, et Les Origines de la peinture, et Mars et
Venus, de Régnault, que David déclarait atteints du « virus acadé-
mique » (c’est l’ancienne Académie qu’il voulait dire), témoignent
que, sans reconnaître ouvertement la loi de leur redoutable cama-
rade de l’atelier Vicn, ils étaient, eux aussi, du parti de la contrainte ;
mais, comme ils n'avaient pas la force impérieuse, ils aboutirent à
un compromis où la grâce du xvin0 siècle se figea sous la discipline
réfrigérante et le poli d’une exécution lisse et sans accent. David,
au cours de son évolution, en somme assez lente, d’avant sa conver-
sion à son apostolat, avait passé par là dans son Hélène etPâris; ils
y restèrent, ou à peu près..., et ils attendent encore qu’un historien
patient et impartial entreprenne de démêler quelle fut exactement
leur influence et celle de leur enseignement, car ils eurent de nom-
breux élèves... La postérité ne leur a peut-être pas fait équitable-
ment leur part.

Une simple esquisse, mais bien documentaire, rappelle aux
Champs-Elysées le grand tableau que Vincent exposa au Salon de
 
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