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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Chambéry1, et surtout le beau groupe de Mercure portant Tentant
Baccbus qui, exhumé à Roye, est aujourd’hui l’orgueil du musée de
Péronne2. Le motif rappelle celui de T Hermès de Praxitèle, mais le
style est tout autre et paraît remonter à un original grec plus ancien.
Le travail en est d’une suprême élégance, la patine merveilleuse.
Je citerai encore le petit cheval d’Auhiac (Lot-et-Garonnej, dont le
type ressemble singulièrement à celui des chevaux de Phidias, et
non aux modèles hellénistiques ou romains3, et un admirable orne-
ment de char prêté par le musée de Toulouse, représentant un cava-
lier oriental attaqué par une lionne4. Ce beau morceau a été décou-
vert à Fa (Haute-Garonne), localité dont le nom (Fanion) indique
l’existence d’un ancien temple et où Ton a exhumé, au xvme siècle,
les roues de bronze d’un char antique. Le musée de Grenoble a prêté
une Vénus nue de grande dimension, dont la patine peut suggérer
des doutes, mais que je crois cependant antique ; elle reproduit, à
mon avis, un motif assez souvent traité par l'art grec, celui de Vénus
menaçant l’Amour avec une sandale ou un ceste replié qu’elle
brandit de la main droite A La photographie que je possède de cette
statuette et que nous reproduisons ici0 montre la déesse pourvue d’un
bras gauche rajusté ; je ne sais pourquoi ce bras a été laissé à Gre-
noble ou s’il s’est seulement détaché en cours de route.
De la série des œuvres où l’influence des conceptions gauloises
l’emporte sur celle des modèles importés, le musée de Beaune expose
une statuette célèbre, celle du dieu celtique armé d’un marteau à
longue hampe, dont un bas-relief, découvert en Lorraine, nous a
récemment révélé le nom, Sucello.<?, signifiant peut-être « le bon
frappeur7 ». Cette figurine est encore la seule représentation de ce
dieu en ronde-bosse qui nous soit parvenue dans un état absolu
d’intégrité ; mais la popularité du motif en Gaule est attestée par
une longue série de petits bronzes et de bas-reliefs reproduisant le
même type8. Ce Jupiter, vêtu à la gauloise, avec une blouse serrée
à la ceinture, parfois avec des pantalons ou braies, est assurément
aussi éloigné du Jupiter romain que le Mercure de Lezoux des
1. Revue archéologique, 1895, pl. 9.
2. Ibid., 1884, II, pl. 4.
3. S. Reinach, Bronzes figurés, n° 297.
4. Ifbschach, Catalogue du musée de Toulouse, 18Gb, p. 182.
5. Voir- la réunion de ces types dans mon Répertoire de la statuaire, t. II, p. 346.
6. Cette photographie a été faite à Grenoble par M. F.-G. de Villenoisy.
7. Voir Revue celtiqué, 1895, p. 45-49.
8. On les trouvera réunis dans mes Bronzes figurés, p. 136 et suiv.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
de Chambéry1, et surtout le beau groupe de Mercure portant Tentant
Baccbus qui, exhumé à Roye, est aujourd’hui l’orgueil du musée de
Péronne2. Le motif rappelle celui de T Hermès de Praxitèle, mais le
style est tout autre et paraît remonter à un original grec plus ancien.
Le travail en est d’une suprême élégance, la patine merveilleuse.
Je citerai encore le petit cheval d’Auhiac (Lot-et-Garonnej, dont le
type ressemble singulièrement à celui des chevaux de Phidias, et
non aux modèles hellénistiques ou romains3, et un admirable orne-
ment de char prêté par le musée de Toulouse, représentant un cava-
lier oriental attaqué par une lionne4. Ce beau morceau a été décou-
vert à Fa (Haute-Garonne), localité dont le nom (Fanion) indique
l’existence d’un ancien temple et où Ton a exhumé, au xvme siècle,
les roues de bronze d’un char antique. Le musée de Grenoble a prêté
une Vénus nue de grande dimension, dont la patine peut suggérer
des doutes, mais que je crois cependant antique ; elle reproduit, à
mon avis, un motif assez souvent traité par l'art grec, celui de Vénus
menaçant l’Amour avec une sandale ou un ceste replié qu’elle
brandit de la main droite A La photographie que je possède de cette
statuette et que nous reproduisons ici0 montre la déesse pourvue d’un
bras gauche rajusté ; je ne sais pourquoi ce bras a été laissé à Gre-
noble ou s’il s’est seulement détaché en cours de route.
De la série des œuvres où l’influence des conceptions gauloises
l’emporte sur celle des modèles importés, le musée de Beaune expose
une statuette célèbre, celle du dieu celtique armé d’un marteau à
longue hampe, dont un bas-relief, découvert en Lorraine, nous a
récemment révélé le nom, Sucello.<?, signifiant peut-être « le bon
frappeur7 ». Cette figurine est encore la seule représentation de ce
dieu en ronde-bosse qui nous soit parvenue dans un état absolu
d’intégrité ; mais la popularité du motif en Gaule est attestée par
une longue série de petits bronzes et de bas-reliefs reproduisant le
même type8. Ce Jupiter, vêtu à la gauloise, avec une blouse serrée
à la ceinture, parfois avec des pantalons ou braies, est assurément
aussi éloigné du Jupiter romain que le Mercure de Lezoux des
1. Revue archéologique, 1895, pl. 9.
2. Ibid., 1884, II, pl. 4.
3. S. Reinach, Bronzes figurés, n° 297.
4. Ifbschach, Catalogue du musée de Toulouse, 18Gb, p. 182.
5. Voir- la réunion de ces types dans mon Répertoire de la statuaire, t. II, p. 346.
6. Cette photographie a été faite à Grenoble par M. F.-G. de Villenoisy.
7. Voir Revue celtiqué, 1895, p. 45-49.
8. On les trouvera réunis dans mes Bronzes figurés, p. 136 et suiv.