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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Marcou, Paul Frantz: L' exposition rétrospective de l'art français, Les ivoires: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0504

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sacré qu’on lui fit remplir, la petite boîte toute profane et toute
païenne de la cathédrale de Sens, au pourtour de laquelle court une
chasse, s’est vue sanctifiée par le rôle de pyxide eucharistique, puis
de reliquaire, qui lui fut successivement attribué; son travail est
exclusivement romain et sa date ne doit guère être retardée au delà du
ve siècle. Romain aussi, et d’une époque un peu plus avancée, avec
quelque influence byzantine, est un autre cylindre, aujourd'hui
dépourvu de toute monture, que conserve le Musée des antiquités
de la Seine-Inférieure, à Rouen. Avec lui apparaissent, en cette série
d’objets, les sujets chrétiens. On remarquera, dans la Nativité et
l’Adoration des Bergers et des Mages qui se déroulent sur ses flancs,
le costume de ces derniers, coiffés d’un bonnet phrygien et les
jambes couvertes de braies. Le même accoutrement, que l’on voit
disparaître avec l’époque carolingienne, nous est encore fourni par
une curieuse petite plaque rectangulaire du musée de Nevers, et
l’on peut rapprocher de ce type très caractérisé des reproductions
analogues et presque contemporaines du même sujet, qui se voient
sur certains sarcophages chrétiens, entre autres sur l’un de l’église
de Saint-Maximin.

Les deux pyxides, jusqu’ici peu connues, de l’église de la Voûte-
Chilhac (Haute-Loire) devaient primitivement, comme la custode de
Sens, être munies de couvercles plats, à charnières et serrures, s’il
faut en croire les traces qui restent apparentes sur leurs côtés ; c’est
seulement au xme siècle qu’elles furent montées sur un pied de
cuivre et couronnées d’un amortissement conique. Ce ne dut être là
qu’une simple transformation appropriée au goût du jour, car leur
forme et les sujets qui s’y voient, La Samaritaine, La Guérison du
'paralytique, Le Massacre des Innocents, ne permettent pas de penser
qu’elles aient jamais servi à autre chose qu'à contenir la réserve
eucharistique. Le métier en est des plus grossiers et montre en
quelle décadence étaient tombés les ivoiriers du vi° siècle, quand
ils étaient livrés à eux-mêmes et n’étaient plus guidés par un type
fixe et un modèle consacré.

A travers ces formes hésitantes se perçoit néanmoins encore
l'influence de la tradition classique, survivant chez les Gallo-Ro-
mains de la dernière heure. A en juger par ce que l’on peut consi-
dérer comme leur apport personnel, l’art des nouveaux venus sur
le sol de la Gaule n’était guère fait, du moins en ce qui nous concerne
en ce moment, pour renouveler un métier qui allait s’oubliant et
pour fournir de grands éléments à son rajeunissement. Quelques
 
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