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GAZETTE DES BEAUX ARTS
la disposition de l’édicule qui figure le tombeau, ne laissent aucun
doute à cet égard. L’art latin se retrouve, au contraire, dans la
Crucifixion qui décore l’un des plats de la couverture de l’évangé-
liaire appartenant à l’église de Gannat (Allier). C’est à la meme
époque, c’est-à-dire au ixc ou xe siècle, qu’il faut rapporter, nous
semble-t-il, la très belle plaque qui appartient au Musée archéolo-
gique d’Orléans. Au centre, le Christ, foulant les démons à ses pieds,
est assis dans l’attitude du consul, telle que nous la montrent les
diptyques du vic siècle; à sa droite, il remet à saint Pierre le livre
des Evangiles. ; un ange purifie, à sa gauche, les lèvres d'Isaïe; dans
la partie inférieure, le Christ instruit les Apôtres et saint Pierre
prêche la loi nouvelle. L’évangéliaire de l’abbaye de Morienval,
conservé aujourd’hui à l’ancienne cathédrale de Noyon, nous pré-
sente un curieux et rare spécimen du mariage de la corne et de
1 ivoire, dont l’effet décoratif ne devait pas être sans agrément alors
que la reliure, aujourd’hui bien délabrée, était dans sa primitive
fraîcheur. Le caractère de l’inscription et la facture des petites
plaques d'ivoire ne permettent pas de faire remonter l’exécution de
l’ensemble au delà du xe siècle. Constatons toutefois, moins pour
lixer une date que pour rechercher une origine, que la bordure
d'entrelacs d'ivoire qui encadre la plaque de corne se voit sur
maints monuments mérovingiens et, d’autre part, que les ouver-
ture, en forme de croix grecque qui percent cette plaque se
retrouvent, non seulement sur le fauteuil de la statue de sainte Foy
du trésor de Conques, qui date également de la fin du xc siècle,
mais encore sur un des peignes barbares appartenant au musée de
la Société archéologique de Touraine que nous signalions plus haut.
Mentionnons, enfin, avant de quitter la période carolingienne et
sans parler des peignes liturgiques de saint Gauzelin et de saint
Loup1, conservés dans les trésors des cathédrales de Nancy et de
Sens, la curieuse plaque du musée de Rouen, dans laquelle on peut
reconnaître Lange apparaissant à Joseph couché sur son lit.
Bien téméraire serait qui oserait affirmer et bien habile surtout
qui pourrait prouver l’origine certaine des oliphants ; sont-ils
orientaux, ou byzantins imités de modèles orientaux, ou encore
occidentaux reproduisant des prototypes orientaux ou byzantins ?
C’est la question qui se pose pour la plupart d’entre eux. On sait le
rôle que leur fit fréquemment jouer le moyen âge; ils servirent
souvent de récipients pour le transport des reliques et cela explique
1. lteprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 2e pér. t. XXI, p. 10.
GAZETTE DES BEAUX ARTS
la disposition de l’édicule qui figure le tombeau, ne laissent aucun
doute à cet égard. L’art latin se retrouve, au contraire, dans la
Crucifixion qui décore l’un des plats de la couverture de l’évangé-
liaire appartenant à l’église de Gannat (Allier). C’est à la meme
époque, c’est-à-dire au ixc ou xe siècle, qu’il faut rapporter, nous
semble-t-il, la très belle plaque qui appartient au Musée archéolo-
gique d’Orléans. Au centre, le Christ, foulant les démons à ses pieds,
est assis dans l’attitude du consul, telle que nous la montrent les
diptyques du vic siècle; à sa droite, il remet à saint Pierre le livre
des Evangiles. ; un ange purifie, à sa gauche, les lèvres d'Isaïe; dans
la partie inférieure, le Christ instruit les Apôtres et saint Pierre
prêche la loi nouvelle. L’évangéliaire de l’abbaye de Morienval,
conservé aujourd’hui à l’ancienne cathédrale de Noyon, nous pré-
sente un curieux et rare spécimen du mariage de la corne et de
1 ivoire, dont l’effet décoratif ne devait pas être sans agrément alors
que la reliure, aujourd’hui bien délabrée, était dans sa primitive
fraîcheur. Le caractère de l’inscription et la facture des petites
plaques d'ivoire ne permettent pas de faire remonter l’exécution de
l’ensemble au delà du xe siècle. Constatons toutefois, moins pour
lixer une date que pour rechercher une origine, que la bordure
d'entrelacs d'ivoire qui encadre la plaque de corne se voit sur
maints monuments mérovingiens et, d’autre part, que les ouver-
ture, en forme de croix grecque qui percent cette plaque se
retrouvent, non seulement sur le fauteuil de la statue de sainte Foy
du trésor de Conques, qui date également de la fin du xc siècle,
mais encore sur un des peignes barbares appartenant au musée de
la Société archéologique de Touraine que nous signalions plus haut.
Mentionnons, enfin, avant de quitter la période carolingienne et
sans parler des peignes liturgiques de saint Gauzelin et de saint
Loup1, conservés dans les trésors des cathédrales de Nancy et de
Sens, la curieuse plaque du musée de Rouen, dans laquelle on peut
reconnaître Lange apparaissant à Joseph couché sur son lit.
Bien téméraire serait qui oserait affirmer et bien habile surtout
qui pourrait prouver l’origine certaine des oliphants ; sont-ils
orientaux, ou byzantins imités de modèles orientaux, ou encore
occidentaux reproduisant des prototypes orientaux ou byzantins ?
C’est la question qui se pose pour la plupart d’entre eux. On sait le
rôle que leur fit fréquemment jouer le moyen âge; ils servirent
souvent de récipients pour le transport des reliques et cela explique
1. lteprod. dans la Gazette des Beaux-Arts, 2e pér. t. XXI, p. 10.