L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS
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pourquoi plusieurs d’entre eux passèrent par des cathédrales avant
d’entrer dans des musées. Les antilopes qui se grattent l’oreille avec
leur patte de derrière, sur l’oliphant de Valmont, auMusée desantiqui-
tés de la Seine-Inférieure ; le chameau de l’oliphant du musée Saint-
Jean à Angers, ne peuvent venir que d’Orient ; mais en sont-ils venus
sans étapes, ou se sont-ils arrêtés à Constantinople, comme parais-
sent avoir fait les lions et les oiseaux et les autres sujets de ména-
gerie plus ou moins fantastique des oliphants de Saint-Sernin de
Toulouse, des musées de Clermont et du Puy ? L’incertitude de leur
origine peut permettre quelque hésitation sur la date qui leur doit
être assignée : mais on ne s’éloignera guère de la vérité, semble-
OLIPHANT, XI0 SIÈCLE
(Musée Saint-Raymon, à Toulouse.)
t-il, en la circonscrivant entre la Fin du xe et le commencement du
xne siècle.
Quelle était la destination de ce curieux petit cavalier en os de
morse ou de haleine qui fait partie de la collection de M. Albert
Maignan? Coiffé de la calotte de mailles, vêtu de-mailles également,
l’écu décoré de trois disques étoilés couvrant le hras gauche, il nous
paraît avoir, en son costume, quelque similitude avec les guerriers
dont la théorie se déroule sur la tapisserie de Bayeux, et qui n’est
pas antérieure au xie siècle. On a pensé en faire un pion d’échiquier,
mais la grandeur peu commune de l’échiquier qu’eût nécessité une
pareille cavalerie rend peu soutenable cette hypothèse, toute sédui-
sante qu’elle soit au premier abord.
Avec la belle plaque appartenant à M. Campe, qui la tient de
’a collection Spitzer, nous sommes en pleine époque romane : la
main droite haute, bénissant à la latine, les pieds reposant sur un
coussin, le Christ est assis de face, au centre d’une gloire elliptique
en forme de vesica piscis ; cet excellent morceau paraît descendu
du tympan d’une porte de cathédrale ; la bordure de bois peint
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pourquoi plusieurs d’entre eux passèrent par des cathédrales avant
d’entrer dans des musées. Les antilopes qui se grattent l’oreille avec
leur patte de derrière, sur l’oliphant de Valmont, auMusée desantiqui-
tés de la Seine-Inférieure ; le chameau de l’oliphant du musée Saint-
Jean à Angers, ne peuvent venir que d’Orient ; mais en sont-ils venus
sans étapes, ou se sont-ils arrêtés à Constantinople, comme parais-
sent avoir fait les lions et les oiseaux et les autres sujets de ména-
gerie plus ou moins fantastique des oliphants de Saint-Sernin de
Toulouse, des musées de Clermont et du Puy ? L’incertitude de leur
origine peut permettre quelque hésitation sur la date qui leur doit
être assignée : mais on ne s’éloignera guère de la vérité, semble-
OLIPHANT, XI0 SIÈCLE
(Musée Saint-Raymon, à Toulouse.)
t-il, en la circonscrivant entre la Fin du xe et le commencement du
xne siècle.
Quelle était la destination de ce curieux petit cavalier en os de
morse ou de haleine qui fait partie de la collection de M. Albert
Maignan? Coiffé de la calotte de mailles, vêtu de-mailles également,
l’écu décoré de trois disques étoilés couvrant le hras gauche, il nous
paraît avoir, en son costume, quelque similitude avec les guerriers
dont la théorie se déroule sur la tapisserie de Bayeux, et qui n’est
pas antérieure au xie siècle. On a pensé en faire un pion d’échiquier,
mais la grandeur peu commune de l’échiquier qu’eût nécessité une
pareille cavalerie rend peu soutenable cette hypothèse, toute sédui-
sante qu’elle soit au premier abord.
Avec la belle plaque appartenant à M. Campe, qui la tient de
’a collection Spitzer, nous sommes en pleine époque romane : la
main droite haute, bénissant à la latine, les pieds reposant sur un
coussin, le Christ est assis de face, au centre d’une gloire elliptique
en forme de vesica piscis ; cet excellent morceau paraît descendu
du tympan d’une porte de cathédrale ; la bordure de bois peint