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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Marcou, Paul Frantz: L' exposition rétrospective de l'art français, Les ivoires: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0508

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486

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

simulant un travail d’orfèvrerie qui lui sert de cadre donne à
penser qu’il a dû concourir à la décoration d’un coffret ou d’une
châsse. L’on remarquera que les yeux sont formés de deux perles
de verre noir, suivant une pratique qui a peu duré et dont deux
petites figures de saint Jean et de la Vierge, d’un fort beau caractère,
appartenant au musée de Saint-Omer, nous fournissent un second
exemple de la même époque.

Encore romane par son galbe général, il faut pourtant reporter
aux débuts de l’époque gothique, à la fin du xne siècle, la Vierge dite
de Boubou, dont l’Exposition a réuni les deux parties, appartenant
à MM. Sailly et Lavergne. S’ouvrant par deux volets, comme un
triptyque, elle nous montre plusieurs scènes de la vie du Christ,
où l’on sent que la sculpture d’ivoire, suivant l’évolution de la
statuaire de pierre, a rompu avec les formes du passé.

Une vitrine a encore réuni pour six mois deux petites figures
depuis longtemps dissociées qui, après l’Exposition, reprendront
chacune le chemin des collections qui s’en sont momentanément
privées : une Vierge, appartenant àM. Garnier, et un ange, apparte-
nant à M. Chalandon ont pu ainsi reconstituer la scène de l’Annon-
ciation. Nous n’hésitons pas à dire que ce groupe est à nos yeux un
des plus précieux de l’Exposition. Il appartient aux plus excellentes
traditions du xin° siècle ; la Vierge est bien proche parente de celle
qui fait partie de l’inestimable groupe de la Descente de Croix, au
Louvre, et l'ange a toute l’ampleur, en ses dimensions restreintes,
des statues monumentales qui garnissent le portail de telle cathé-
drale, et plus particulièrement de celle de Reims.

Entre les trois Vierges assises et portant l’Enfant, de l’église
de Villeneuve-lez-Avignon, et des collections Oppenheim et Martin
Le Roy, toutes trois contemporaines et de la fin du xme siècle, le
critique chargé de porter un jugement pourrait se prendre de la
meme hésitation que le berger troyen, et peut-être finirait-il, pour
se tirer d’affaire, par laisser la pomme à celle qui l’a déjà, à la
troisième. C’est la même grâce, ce sont les mêmes mains effilées,
les mêmes sourires, le même maniérisme déjà aussi ; nous nous
trouvons là en présence d’un art raffiné et précieux, qui ne suit
peut-être pas tout à fait la marche de la grande statuaire monumen-
tale contemporaine et qui commence déjà à s’adresser à une élite,
aux privilégiés en situation de devenir les heureux possesseurs de
ces précieuses et coûteuses images. A côté de ces trois pièces capi-
tales, les autres — et elles sont nombreuses — des xive et xve siècles
 
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