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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Marcou, Paul Frantz: L' exposition rétrospective de l'art français, Les ivoires: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0514

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492

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

compter qu’une pièce vraiment digne d’intérêt : le couteau connu
de longue date sous le nom de Diane de Poitiers, bien qu’aucun
attribut caractéristique ne permette de justifier cette tradition. Il
vient des collections Dubruge-Duménil et Spitzer et appartient
aujourd’hui à M. Campe. Un homme barbu, cuirassé et casqué,
en ronde-bosse, en forme le manche, tandis que sur la gaine
Vénus et l’Amour, Junon et Minerve et une figure de femme tenant
un miroir sont taillés en bas-relief. C’est, il faut le reconnaître,
aussi incommode que gracieux.

Quelle nationalité doit-on attribuer à l’artiste qui a sculpté un
grand groupe de saint Barthélemy écorché par deux bourreaux, qui
nous vient du musée d’Albi? Jacobus Agnesius Caluensis, sculf.
1638, telle est la signature gravée à la pointa sur la terrasse du
monument. Le saint, attaché à un arbre, se contorsionne et hurle
non sans raison, car les deux bourreaux apportent à leur œuvre
d’écorchement une conviction peu commune; le morceau n’est pas
traité sans crânerie; mais la violence répandue sur cette scène, la
crispation des membres et la grimace des visages, nous paraissent
un peu répugner à la pondération de notre tempérament national,
même dans son expression de l'eifort et de la brutalité, et nous ne
serions pas éloignés de croire, jusqu’à la détermination certaine de
la patrie de l’auteur, que le martyr et ses bourreaux n’ont peut-être
pas tous les droits à l’hospitalité d’une exposition d’art français.

Bien français, au contraire, est le grand Calvaire appartenant
à M. de Meynard. Le Christ en croix s’y voit entre les deux larrons,
accompagné de la Vierge, de saint Jean et de la Madeleine ; deux
petits anges volent appendus au sommet de la composition. Comme
un autre sculpteur d’ivoires, Villerme, son contemporain, Simon
Jaillot, qui le sculpta en 1664, était natif de Saint-Claude, dont la
spécialité s’est limitée aujourd’hui à l’art de tourner des pipes. En
1661, Jaillot fut reçu membre de l’Académie de peinture et de
sculpture, sur la présentation d’un Christ en ivoire, et il fut destitué
douze ans plus tard pour insultes à l’égard du tout-puissant Lebrun
et de l’Académie tout entière. Les crucifix étaient son triomphe;
l’abbé de Marolle le loue en ses vers dont il a gardé le secret; nous
ferons comme lui, car si nous pouvons regretter en ce groupe, sur-
tout imposant par sa masse, l’absence de toute sincérité d’émotion
et de caractère, malgré une évidente préoccupation d’atteindre à la
noblesse du style, nous ne pouvons méconnaître la rigueur des
anatomies et la sûreté du ciseau. Comme l’auteur du groupe précé-
 
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