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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Eekhoud, Georges: Paul-Jean Clays
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0520

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PAUL-JEAN CLAYS

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Clays était de voir un jour son héritier solidement calé dans un
fauteuil de rond-de-cuir ; aussi, pour contrarier les visées irrégu-
lières et subversives du galopin, il se décida à le mettre en pension
à Boulogne. Les premières semaines de sa captivité, le petit Paul-
Jean dissimula ses fringales et sa fièvre aventurières, à telle enseigne
que le proviseur de l’internat, croyant l’enfant guéri de sa toquade
et réconcilié avec le train-train de la vie terrienne, le surveilla de
moins près ; mais le gamin cachait son jeu. Trompant la vigilance
déjà émoussée de ses gardiens, un beau matin le jeune Clays
s’échappa de sa cage. On le rechercha partout. Que lui était-il arrivé?
L’enfant était tout simplement allé demander l’hospitalité à des
marins. Aux yeux de ces simples, que je me représente sous les
traits de ces savoureux Peggotty dans David Copperfield de Dickens,
l’humeur vagabonde et le prurit aventurier du petit bourgeois
devaient paraître la chose la plus raisonnable du monde ; aussi, dès
qu’il le leur eut demandé, ne firent-ils aucune difficulté de l’enrôler
comme mousse. « Et c'est ainsi, dit M. J. Du Jardin, à qui j’em-
prunte ces détails biographiques, que Jean-Paul Clays fit, pendant
quelques semaines, ses premières excursions maritimes sur un
bâtiment de cahotage, entre les côtes de France et d’Angleterre. »

Toutes ses recherches étant demeurées infructueuses, le maître
de la pension boulonaise s’était vu obligé de prévenir enfin
M. et Mme Clays de la fugue de leur fils. Les malheureux parents
furent atterrés comme bien on pense, mais ils devinèrent aussitôt
que leur enfant avait donné suite à ses envies d’autrefois. Ils se le
représentaient exposé à tous les périls de la vie du marin. La nuit
et même le jour le digne couple ne rêvait que navires brisés par la
tempête, radeaux de la Méduse, baignades téméraires dans des
parages infestés de requins, naufrages dans des îles désertes ou
habitées par de féroces cannibales... Mais le jeune mousse mit fin à
leurs affres en leur narrant dans une lettre les détails de son esca-
pade. Dans sa joie de le savoir sain et sauf, le receveur informa son
fils qu’il consentait à lui laisser suivre sa vocation. Après tout,
autant chercher fortune en parcourant le monde que l’attendre,
morfondu, dans les antichambres ministérielles ; la carrière du
marin en valait bien une autre.

Contre l’attente de ses parents, le jeune mousse ne profita pointde
cette autorisation. Avait-il été touché parla longanimité et l’indul-
gence paternelles, ou élait-il déjà fatigué de la vie du matelot? J’in-
cline à croire qu’il avait fait fausse route et qu’il s’en rendait compte

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