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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Eekhoud, Georges: Paul-Jean Clays
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0523

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pect. et de physionomie, ne comptait guère d’amateurs de peinture ;
or, le jeune Clays ne disposait plus d’aucunes ressources et il lui
fallait vendre à n'importe quel prix...

En désespoir de cause, il se souvint de son premier apprentis-
sage ; de mariniste il redevint marin, et il prit de l’engagement à
bord d’une goélette du gouvernement belge faisant la croisière dans
la mer du Nord. Il y a lieu de croire que, cette fois, il retira un plus
grand profit moral et artistique de sa vie sur l’Océan. Il s’accoutuma
à la réalité des choses; il apprécia la mer pour elle-même et il rompit
avec toutes les billevesées romantiques et théâtrales qui s’étaient
placées autrefois entre lui et les splendeurs naturelles. Il eut alors,
sans doute, la révélation de la couleur, de la lumière et de l’éter-
nelle beauté. Les moindres scènes de ce nouvel intermède de la vie
maritime parvinrent à l’émouvoir. Il comprit la poésie et le charme
intrinsèques des épisodes les plus simples.

Aussi, lorsqu’il débarqua pour de bon, il recélait en lui un
trésor d'impressions qu’il devait répandre prodigalement plus tard
dans une série de chefs-d’œuvre. Toutefois, on ne s’aperçut pas
immédiatement de sa métamorphose. Ses progrès n’étaient encore
qu'intérieurs.

Après un séjour à Bruxelles, où il avait épousé la fille de l’illustre
astronome Quetelet, il alla s’établir à Anvers. La fortune et la
renommée avaient devancé ses mérites ; il vendit force tableaux
médiocres avant d’en peindre de bons.

Mais à Anvers, l’Escaut compléta son éducation et lui inspira
enfin des œuvres vraiment belles. D’atmosphère et de physionomie
ni trop farouches ni trop calmes, ce fleuve devait fournir des modèles
très appropriés à ce tempérament solide, mais moyen.

C’est de son séjour à Anvers que datent les vrais succès d’artiste
de Paul-Jean Clays. Les premiers temps, toutefois, sous l’influence
des écoles du pittoresque à tout prix, il n’osa rompre encore ouver-
tement en visière aux modes consacrées par tant de faiseurs habiles,
ses prédécesseurs et ses contemporains. Ce n’est qu’en 1853 qu’il se
risqua à donner des témoignages d’une conversion à un art à la fois
plus sincère et plus ingénu, et, depuis ce moment, il ne rétrograda
plus ; il affirma paisiblement, avec une douce obstination, un idéal
nouveau, ou du moins retrouvé, et mérita d’être compté parmi les
initiateurs

Ainsi que le disait récemment un critique de Y Art moderne, à
l’époque où Clays apparut enfin, Francia, Lehon, Musin, propa-
 
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