Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Eekhoud, Georges: Paul-Jean Clays
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0524

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
PAUL-JEAN CLÂYS

501

geaient des marines qui ressemblaient à de la polasse mousseuse,
battue dans des baquets : « La rudesse des mers du Nord s’obtenait
par un procédé de saponification où se brouillaient des mixtures
d’ocre, d’indigo et de sépia. Comme il importait de dramatiser ces
aspects teinturiers, des épaves généralement surnageaient, où un
navire désemparé s’immergeait. Schaefels, à Anvers, les héroïsait
par des abordages de galions en or, dans des fumées de combat
naval. Le cataclysme était l’état d’âme normal du mariniste ; il
aimait collaborer — à l’atelier — avec les éléments déchaînés.
Quelques-uns se souvenaient d’avoir pris le bateau qui fait la tra-
versée d'Ostende à Douvres ». Je ferai observer ici, à la décharge de
plusieurs de ces pseudo-marinistes qu’ils faisaient souvent preuve de
talent, à côté de leurs prétendues marines. Pour certains la mer ou
l’eau en général était l’accessoire, un fond, un cadre, et ils la
sacrifiaient parfois fort opportunément au navirequ’elle était appelée
à porter. Ainsi, Schaefel poussa très loin l’étude des bateaux; il en
connaissait l’anatomie, les avatars, les perfectionnements, les innom-
brables types, depuis la trirème antique jusqu’au moderne steamer ;
il en savait l’histoire et l’ethnographie mieux qu’un conservateur de
musée de marine. Aussi se bornait-il souvent à nous représenter un
chantier naval, afin de nous montrer une frégate ou une corvette
jusque dans ses œuvres mortes. Sous ce rapport, sa gravure Les For-
çats du bagne aux chantiers d"Anvers sous Napoléon Ier, demeure,
avec son fouillis, son grouillement humain, mieux qu’un document,
une œuvre d’allure, décomposition et de facture intéressantes. Je le
répète, Schaefels et quelques autres n’eurent qu’un seul tort, celui
de se croire des marinistes, alors qu’ils représentaient d’estimables
peintres d’histoire et d’archéologie, ou de mœurs et d’anecdotes mari-
times.

Glays, lui, se rendit compte de ses forces, et, tout en renonçant
résolument aux confusions de genre, aux productions hybrides à la
mode parmi ses confrères, il se gardait bien de compromettre sa
cause en s’attaquant d’emblée à des mers agitées, à ces vertigineux
abîmes que devaient célébrer plus tard les Mesdag, les Courbet et
les Artan.

« Clays, dit encore le critique précité, ne pousse pas sa barque
au large, ni ne s’aventure dans un idéal de tempêtes. Il réside dans
les criques ou monte dans les dunes. Il se borne à peindre le spectacle
des eaux tel qu’il peut plaire à un observateur modéré. Son idéal
est moyen, comme celui d’un garde-côtes ou d’un pêcheur à la ligne
 
Annotationen