DOI Heft:
Supplement au Nr. 81
DOI Artikel:En Belgique, [3]: La lutte des pierres
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sacrifier les côtés esthétique et économique
de la construction pour le seul profit d'un
demi-quarteron d'exploiteurs de carrières
qui jouent du chantage au patriotisme avec
un accent trop violent pour qu'il ne soit pas
uniquement intéressé. Ces gens ont imaginé
le patriotisme de rapport, comme ils ont
Fontaine de jardin. — Ecole italienne
ouvert des carrières de rapport pour aider à
construire des maisons de rapport.
Qu'un particulier, en faisant construire, se
laisse aller à employer des matériaux défec-
tueux, moins beaux et plus chers, parce qu'ils
sont vendus par un de ses cousins ou neveux,
c'est affaire à lui. Mais que l'Etat, gardien de
l'intérêt commun, se laisse aller à de tels
actes de favoritisme, ce serait de l'abus de
confiance, et nous savons les ministres belges
trop honnêtes pour ne pas être intransigeants
sur ce point.
Patriotisme!! Ah! les bons comédiens!
Patriotes? Les gens qui nous brouilleraient
volontiers avec la France pour pouvoir en
deux ou trois ans faire une fortune rapide,
grâce à une grosse commande. S'ils n'étaient
que patriotes au sens noble du mot, ils
devraient, par exemple, fournir leurs pierres
bleues à prix coûtant, en les transformant
pour la gloire. Demandez leur opinion à cet
égard par voie de consultation, et ce sera
gai; vous verrez la curée.
Pourquoi un monument belge ne peut-il
proclamer lagloirede la Belgique qu'avec des
pierres fournies par le syndicat des exploi-
tants d'Ecaussines? Il nous semble, à nous,
que le Mont-des-Arts et tous les monuments
futurs en Belgique doivent et peuvent procla-
mer la gloire belge et l'art belge par des
proportions belles et grandioses, par leur
richesse et leur durée. Le fait que les quel-
ques membres du syndicat se seront partagé
des millions, même très légitimement acquis,
sera oublié dans dix ans et plus; mais le
monument restera, comme un monument
funéraire planté au milieu de Bruxelles, s'il
est uniquement fourni par le syndicat des
exploitants du patriotisme d'Ecaussines.
Ils étaient donc bien antipatriotes, ceux qui
ont construit tous les vieux hôtels de ville
et autres monuments belges ! Ils étaient donc
vendus à l'Allemagne, les députés belges qui
vers 1830 décrétèrent de faire la Colonne du
Congrès en grès allemand !
Non, mais aucun d'eux vraisemblable-
ment n'avait d'actions dans les sociétés de
Soignies, Ecaussinnes, Sprimont et autres
lieux.
On va encore tomber sur nous parce que
nous montrons les choses sous leur jour véri-
table ; la Chronique des Travaux publics va
encore se plaindre de notre violence et l'at-
tribuer au diapason ordinaire des polémiques
de presse en France.Chose d'autant plus amu-
sante que l'auteur des articles contre les
pierres françaises dans la Chronique des Tra-
vaux publics est un Français et que l'auteur de
sacrifier les côtés esthétique et économique
de la construction pour le seul profit d'un
demi-quarteron d'exploiteurs de carrières
qui jouent du chantage au patriotisme avec
un accent trop violent pour qu'il ne soit pas
uniquement intéressé. Ces gens ont imaginé
le patriotisme de rapport, comme ils ont
Fontaine de jardin. — Ecole italienne
ouvert des carrières de rapport pour aider à
construire des maisons de rapport.
Qu'un particulier, en faisant construire, se
laisse aller à employer des matériaux défec-
tueux, moins beaux et plus chers, parce qu'ils
sont vendus par un de ses cousins ou neveux,
c'est affaire à lui. Mais que l'Etat, gardien de
l'intérêt commun, se laisse aller à de tels
actes de favoritisme, ce serait de l'abus de
confiance, et nous savons les ministres belges
trop honnêtes pour ne pas être intransigeants
sur ce point.
Patriotisme!! Ah! les bons comédiens!
Patriotes? Les gens qui nous brouilleraient
volontiers avec la France pour pouvoir en
deux ou trois ans faire une fortune rapide,
grâce à une grosse commande. S'ils n'étaient
que patriotes au sens noble du mot, ils
devraient, par exemple, fournir leurs pierres
bleues à prix coûtant, en les transformant
pour la gloire. Demandez leur opinion à cet
égard par voie de consultation, et ce sera
gai; vous verrez la curée.
Pourquoi un monument belge ne peut-il
proclamer lagloirede la Belgique qu'avec des
pierres fournies par le syndicat des exploi-
tants d'Ecaussines? Il nous semble, à nous,
que le Mont-des-Arts et tous les monuments
futurs en Belgique doivent et peuvent procla-
mer la gloire belge et l'art belge par des
proportions belles et grandioses, par leur
richesse et leur durée. Le fait que les quel-
ques membres du syndicat se seront partagé
des millions, même très légitimement acquis,
sera oublié dans dix ans et plus; mais le
monument restera, comme un monument
funéraire planté au milieu de Bruxelles, s'il
est uniquement fourni par le syndicat des
exploitants du patriotisme d'Ecaussines.
Ils étaient donc bien antipatriotes, ceux qui
ont construit tous les vieux hôtels de ville
et autres monuments belges ! Ils étaient donc
vendus à l'Allemagne, les députés belges qui
vers 1830 décrétèrent de faire la Colonne du
Congrès en grès allemand !
Non, mais aucun d'eux vraisemblable-
ment n'avait d'actions dans les sociétés de
Soignies, Ecaussinnes, Sprimont et autres
lieux.
On va encore tomber sur nous parce que
nous montrons les choses sous leur jour véri-
table ; la Chronique des Travaux publics va
encore se plaindre de notre violence et l'at-
tribuer au diapason ordinaire des polémiques
de presse en France.Chose d'autant plus amu-
sante que l'auteur des articles contre les
pierres françaises dans la Chronique des Tra-
vaux publics est un Français et que l'auteur de