Revue archéologique (10.1864)

Il est temps d’appeler l’attention des archéologues sur une ques-
tion d’un haut intérêt au point de vue des antiquités nationales : je
veux parler de l'art gaulois. On peut étudier aujourd’hui la solution
de ce problème. Les hommes les plus érudits, les savants les plus
sérieux, cherchent à remettre dans leur vrai jour tous les faits qui,
de près ou de loin, touchent à notre histoire antique. Le règne des
Celtomanes est passé, et ceux qui se représentaient nos ancêtres, dans
les derniers siècles qui ont précédé la conquête romaine, comme des
espèces de sauvages, disparaissent peu à peu, emportant avec eux
les poétiques et lugubres récits des sacrifices accomplis sur les
dolmens.

A mon avis, on a fait une part trop large aux Romains dans les
antiquités gallo-romaines : on a oublié de donner une place bien
marquée aux monuments qui, faits sous l’influence romaine, ont pu
cependant conserver le reflet d’un art antérieur. Il me semble que la
Revue archéologique est admirablement placée pour enregistrer les
monuments qui peuvent être attribués à l’art gaulois. Pour donner
l’exemple, je vais mettre sous les yeux de ses lecteurs un petit bas-
relief sur lequel je crois être en droit de signaler une réminiscence
incontestable de l’art gaulois en Armorique.

Je ne doute pas que si chacun veut bien se donner la peine de
constater ici les faits analogues qui sont à sa connaissance, on
n’arrive en peu de temps à réunir les éléments d’un recueil dont il
est inutile, je crois, de chercher à démontrer l’intérêt et l’im-
portance.

On ne peut nier l’existence d’artistes gaulois, on doit donc né-
cessairement retrouver des traces de l’art antique de nos ancêtres.

Il suffit de feuilleter les catalogues des musées pour reconnailre
que, postérieurement à la conquête, un grand nombre de Gaulois
exploitaient le domaine de l’art. En parcourant, par exemple, le

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Juillet 1864,