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Revue archéologique — 10.1864

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https://doi.org/10.11588/diglit.24252#0339

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BIBLIOGRAPHIE

Histoires d’Hérodote, traduction de Pierre Saliat, revue sur l’édition de 1575, avec

corrections, notes, table analytique et glossaire, par Eugène Talbot, docteur ès

lettres, etc. Paris, Plon, 1864, in-8°.

Dans le langage comme chez les hommes, chaque âge a son esprit et sa
spécialité d’expression. Les langues mûres et vieillies expriment mieux la
réflexion, la critique, la philosophie ; les langues jeunes et fraîches triom-
phent dans le naïf et le spontané. La transition de l’une à l’autre de ces
deux périodes ne dure qu’un instant. Hérodote marque en Grèce ce mo-
ment précieux, cet éveil de la réflexion, comme le xvie siècle le marque
chez nous. M. Egger l’a dit avec sa sûreté d’appréciation : « Le grec d’Hé-
rodote, c’est le français des bons prosateurs de la Renaissance, un mélange
de science et d’ingénuité, de force et de bonhomie, quelque chose de
grammatical avant les grammaires, et de finement senti avant les belles
théories sur le goût. » Paul-Louis Courier était donc dirigé par une vue
très-juste, quand il s’efforçait de traduire le père de l’histoire dans le
français d’Amyot, qui s’v serait adapté encore mieux qu’à Plutarque, disci-
ple cultivé d’une époque philosophique. Mais le succès des pastiches est
rare; le pastiche de Courier ne réussit pas. Avec un peu de bibliographie,
il eût pu s’épargner cet échec, et savoir qu’au xvie siècle on avait accompli
ce qu’il tentait. Qui l’avait fait? Un homme aujourd’hui inconnu, Pierre
Saliat, de son vivant secrétaire du cardinal Odet de Châtillon, le frère aîné
de l’amiral Coligny et le protecteur de Rabelais. Saliat traduisit bien d’au-
tres choses encore, des Oraisons de Cicéron, le Monde d’Aristote, le Songe
de Scipion. Son Hérodote vit le jour en lb56; il était dédié au roi Henri II.

On ne saurait se le dissimuler; Saliat ne vaut pas Amyot. Mais au-des-
sous de ce charmant écrivain il y a encore de bonnes places; Saliat en
mérite une pour l’aisance familière de sa diction, rappelant Hérodote par
cette bonhomie que notre langue travaillée, hérissée de termes abstraits
et savants, ne pourrait plus reproduire. La lecture en est agréable et cou-
lante, et console des platitudes de Larcher.

M. le professeur Eug. Talbot, l’habile et infatigable traducteur de Lu-
cien, de Sophocle, de Xénophon et de l’empereur Julien, a bien vu qu’ici
il n’y avait pas de nouveau à faire, et que le mieux était de profiter de
l’ancien. Saliat n’avait qu’un défaut : ce n’était pas un helléniste con-
sommé, et plus d’un contre-sens lui était échappé, comme au bon Amyot.
Mais M. Talbot y a veillé, et ses notes ont redressé les passages qui boitaient
dans le texte. Nous en indiquerons quelques-uns.

Liv. II, ch. G7, à propos des animaux sacrés de l’Egypte, après avoir énu-
méré les chats et les chiennes qu’on enterrait en cérémonie, Saliat ajoute
que les Egyptiens « font le pareil des veneurs et braconniers. » Hérodote
avait parlé des ichneumons (iyyemai), mais le pauvre traducteur a été dé-
 
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