LE
CONCILE DE PARIS
DE
L'ANNÉE 1210
« En ce temps là, dit l’historien de Philippe Auguste, Guillaume
« le Breton, l’étude des lettres florissait dans la ville de Paris, et les
« anciens ne nous apprennent pas qu’en Grèce, en Égypte, en aucun
« lieu du monde, le nombre des écoliers ait été jamais aussi considé-
« rable qu’il l’était alors en celte ville studieuse. » — « Heureuse cité, »
s’écrie sur un ton plus vif Philippe, le docte abbé de Bonne-Espé-
rance, » « heureuse cité, où les feuillets des saints volumes sont
« déroulés avec tant de zèle, où si grande est la passion de lire, si
« profonde est la science des Écritures, qu’on pourrait à bon droit
« l’appeler Cariath-Sepher, la cité des lettres (1). »
On ne s’attend pas à voir régner dans une telle ville le silence et
la paix. On se la représente bien plutôt pleine de bruit et de que-
relles : la discorde constante entre les écoliers, entre les maîtres
fréquente. C’est, en effet, le propre de toutes les études, qu’on les
appelle sacrées ou profanes, d’exciter dans les esprits ces agitations
fécondes, dont on s’alarme tant plus tard, aux époques tranquilles,
mais stériles.
Paris était donc, en l’année 1210, une autre Athènes, une autre
Alexandrie, une autre Cariath-Sepher, où le goût renaissant de la
science, la recherche sincère et mal réglée de la vérité, de la vérité
(i) Rerum Gallic. Script., t. XVII, p. 82.
X. —- Décembre 1864.
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CONCILE DE PARIS
DE
L'ANNÉE 1210
« En ce temps là, dit l’historien de Philippe Auguste, Guillaume
« le Breton, l’étude des lettres florissait dans la ville de Paris, et les
« anciens ne nous apprennent pas qu’en Grèce, en Égypte, en aucun
« lieu du monde, le nombre des écoliers ait été jamais aussi considé-
« rable qu’il l’était alors en celte ville studieuse. » — « Heureuse cité, »
s’écrie sur un ton plus vif Philippe, le docte abbé de Bonne-Espé-
rance, » « heureuse cité, où les feuillets des saints volumes sont
« déroulés avec tant de zèle, où si grande est la passion de lire, si
« profonde est la science des Écritures, qu’on pourrait à bon droit
« l’appeler Cariath-Sepher, la cité des lettres (1). »
On ne s’attend pas à voir régner dans une telle ville le silence et
la paix. On se la représente bien plutôt pleine de bruit et de que-
relles : la discorde constante entre les écoliers, entre les maîtres
fréquente. C’est, en effet, le propre de toutes les études, qu’on les
appelle sacrées ou profanes, d’exciter dans les esprits ces agitations
fécondes, dont on s’alarme tant plus tard, aux époques tranquilles,
mais stériles.
Paris était donc, en l’année 1210, une autre Athènes, une autre
Alexandrie, une autre Cariath-Sepher, où le goût renaissant de la
science, la recherche sincère et mal réglée de la vérité, de la vérité
(i) Rerum Gallic. Script., t. XVII, p. 82.
X. —- Décembre 1864.
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