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Revue archéologique — 10.1864

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Hauréau, Barthélemy: Le concile de Paris de l'année 1210
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https://doi.org/10.11588/diglit.24252#0422

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REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

conforme ou contraire aux canons anciens des apôtres, aussi bien
que l’ambition d’une facile renommée, enfantaient chaque jour quel-
que thèse nouvelle, et provoquaient quelque débat nouveau. Par ces
nouveautés, quand elles ne paraissaient pas dès l’abord opposées à la
doctrine de l’Évangile, ou à celle des Pères, on s’élevait assez rapi-
dement aux plus hautes dignités de l’Église. Il est prouvé qu’en ce
temps-là, chaque troupeau choisissant lui-même son pasteur, quel-
que originalité de méthode et même quelque liberté de langage ne
nuisaient pas à la fortune d’un clerc jaloux de parvenir. Mais plus
était vive, turbulente, et, disons-le, téméraire, la passion de paraître
et de briller, plus grande était la vigilance de l’autorité; et quand
ces nouveautés franchissaient une limite déjà tracée, quand elles
semblaient à quelques-uns suspectes d’hérésie, ni le rang, ni la
puissance du patronage, ni même l’éclat du mérite ne protégeaient
assez le coupable pour le mettre à l’abri d’une enquête canonique.
Or, interrogez tous les historiens de l’Université de Paris : après la
grosse affaire de la bigamie royale, la recherche des hérétiques est
alors la principale occupation des légats du pape, et les enquêtes
succèdent aux enquêtes. Dans beaucoup d’esprits invités à penser
avec une entière indépendance par la lecture assidue d’Aristote, de
Boëce et des commentateurs arabes, est né le mépris, le vrai mépris
de la foi des simples, et, malgré la menace du dernier supplice,
quelques hommes du plus ferme caractère osent exprimer déjà ce
mépris, en des termes que, parmi les récents philosophes, Hegel
pourrait seul accepter.

Cette année 1210 s’annonçait particulièrement sous les plus fâcheux
auspices. Dans les premiers jours du carême, un matin, le soleil, se
levant dans sa gloire, avait été tout à coup enveloppé par une légion
d’épais nuages, et un prodigieux combat, prodigialis pugna, s’était
alors engagé, sous les yeux des populations consternées, entre le
ministre de la lumière et ses ténébreux ennemis (1). Le chroniqueur
néglige de nous dire à qui resta la victoire. Mais, par le soin qu’il
prend de consigner le fait dans ses annales, on juge quel effroi causa
ce prodige et de quelles calamités il sembla le présage.

C’est vers le même temps que chez un clerc de Paris, nommé
Raoul de Namur (2), se présentait un orfèvre nommé Guillaume

(1) Radulpus Coggeshala, Rer. Gai/. Script., t. XVIII, p. 104.

(2) Cesaire, de Namuntico ; Guillaume le Breton, de Nemurtio. M. Daunou (Hist,
littér. de la France, t. XVI, p. 589), traduit par de Nemours; mais la Chronique de
S. Denys par de Namur, et, comme, il semble, avec raison, Nemours est appelé dans
toutes les chartes latines Nemosium.
 
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