50 REVUE ARCHÉOLOGIQUE,
pale de la cité d’Antandrus, au premier jour de laquelle le décret du
Sénat et du peuple ordonnait qu’on donnerait solennellement la
couronne honorifique ca Polycrate l’Athénien; elle se célébrait en
l’honneur de Jupiter Astrapæus ou « fulgurateur. » Cette épithète
est donnée au maître des dieux dans un passage du traité De mundo
attribué à Aristote (1) : ’Axxpa-xaToç xs xat (ipovxaToç, xat aiÔpioç xat aî0£-
pioç, xspauvioç te xat usxtoç airo tmv uexwv xat xspauvwv xat tmv àXXcov
xaXeïxai. Dans un des hymnes Orphiques (2) nous lisons l’invocation
suivante :
Acxpamxïs, ppovTaîe, xspauvis, cpuxaXfxiE Zsu.
Il y avait à Athènes un autel de Zeus Astrapæus (3), situé entre le
Pythium et le temple de Jupiter Olympien; c’est de là que les
Pythaïsles observaient, sur la partie du Parnès nommée Harma, les
tonnerres qui donnaient le signal du départ de la Théorie de Del-
phes. Cornutus (4) donne à la même épithète la forme 3A<7X£pon:aToç
au lieu d’’ÀcxpaTraToç.
Il faut rapprocher du Zeus Astrapæus, le Zeus Céraunius (5) et le
Zeus Catæbatès (6) des Grecs, ainsi que le Jupiter Fulgerator, Ful-
minator ou Elicius (7) des Latins, qui sont le dieu céleste considéré
sous le môme point de vue. Burmann (8), et après lui mon père (9),
ont établi par les arguments les plus décisifs que sous ces surnoms
se cachait l’idée, non du dieu qui, du haut des deux, envoie sur la
terre les signes de sa puissance et lance les foudres, mais du dieu
qui descend lui-même (xaxatëaxriç) sous la forme de la foudre, des
éclairs, de la pluie (10). Ainsi, Zeus Astrapæus est le dieu-éclair,
Zeus Céraunius, le dieu-foudre. Aussi à Séleucie de Piérie, où Zeus 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(1) VII, 2.
(2) Orph. Hymn., XIV, v. 9.
(3) Strab. IX, p. 404.
(4) De nat. deor., 9.
(5) Pausan, V, 14, 5. — Hesych. v° Kepauvioç.
(6) Aristoph. Pac., v. 42, et Schol a. h, l. — Suid. v° Kaxatêàxriç. — Etyra. Magn.
vls Kaxaiëàxriç et ’Evrputna. — Hesych. vJ Kaxatëdcxriç. — Æscliyl. Prometh., v. 358.
(7) Tit.-Liv. I, 31. — Ovid. Fast. III, 328. — Plin. Hist. nat. II, 53. — Varr. De
ling. lat. VI, 94.
(8) Jupiter Fulgerator, imprimé à la suite de sa dissertation De vectigalibus po-
puli romani. Leyde, 1734.
(9) Nouvelle galerie mythologique, p. 56 etsuiv.
(10) Cf. Aristoph. Pac. v. 42. — Homer. Iliacl. A, v. 182-184. — Valer. Place.
Argon. 1, v. 690-692.
pale de la cité d’Antandrus, au premier jour de laquelle le décret du
Sénat et du peuple ordonnait qu’on donnerait solennellement la
couronne honorifique ca Polycrate l’Athénien; elle se célébrait en
l’honneur de Jupiter Astrapæus ou « fulgurateur. » Cette épithète
est donnée au maître des dieux dans un passage du traité De mundo
attribué à Aristote (1) : ’Axxpa-xaToç xs xat (ipovxaToç, xat aiÔpioç xat aî0£-
pioç, xspauvioç te xat usxtoç airo tmv uexwv xat xspauvwv xat tmv àXXcov
xaXeïxai. Dans un des hymnes Orphiques (2) nous lisons l’invocation
suivante :
Acxpamxïs, ppovTaîe, xspauvis, cpuxaXfxiE Zsu.
Il y avait à Athènes un autel de Zeus Astrapæus (3), situé entre le
Pythium et le temple de Jupiter Olympien; c’est de là que les
Pythaïsles observaient, sur la partie du Parnès nommée Harma, les
tonnerres qui donnaient le signal du départ de la Théorie de Del-
phes. Cornutus (4) donne à la même épithète la forme 3A<7X£pon:aToç
au lieu d’’ÀcxpaTraToç.
Il faut rapprocher du Zeus Astrapæus, le Zeus Céraunius (5) et le
Zeus Catæbatès (6) des Grecs, ainsi que le Jupiter Fulgerator, Ful-
minator ou Elicius (7) des Latins, qui sont le dieu céleste considéré
sous le môme point de vue. Burmann (8), et après lui mon père (9),
ont établi par les arguments les plus décisifs que sous ces surnoms
se cachait l’idée, non du dieu qui, du haut des deux, envoie sur la
terre les signes de sa puissance et lance les foudres, mais du dieu
qui descend lui-même (xaxatëaxriç) sous la forme de la foudre, des
éclairs, de la pluie (10). Ainsi, Zeus Astrapæus est le dieu-éclair,
Zeus Céraunius, le dieu-foudre. Aussi à Séleucie de Piérie, où Zeus 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(1) VII, 2.
(2) Orph. Hymn., XIV, v. 9.
(3) Strab. IX, p. 404.
(4) De nat. deor., 9.
(5) Pausan, V, 14, 5. — Hesych. v° Kepauvioç.
(6) Aristoph. Pac., v. 42, et Schol a. h, l. — Suid. v° Kaxatêàxriç. — Etyra. Magn.
vls Kaxaiëàxriç et ’Evrputna. — Hesych. vJ Kaxatëdcxriç. — Æscliyl. Prometh., v. 358.
(7) Tit.-Liv. I, 31. — Ovid. Fast. III, 328. — Plin. Hist. nat. II, 53. — Varr. De
ling. lat. VI, 94.
(8) Jupiter Fulgerator, imprimé à la suite de sa dissertation De vectigalibus po-
puli romani. Leyde, 1734.
(9) Nouvelle galerie mythologique, p. 56 etsuiv.
(10) Cf. Aristoph. Pac. v. 42. — Homer. Iliacl. A, v. 182-184. — Valer. Place.
Argon. 1, v. 690-692.