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Revue archéologique — 10.1864

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https://doi.org/10.11588/diglit.24252#0244

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240 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

cités provinciales, et particulièrement avec les cités grecques. Pour bien
faire comprendre quel était l’esprit de celte administration, et quel libre jeu
elle laissa, pendanl près de trois siècles, aux institutions municipales et à
la vie locale, M. Cherbuliez puise aux sources les plus diverses; il consulte
les historiens anciens, et pour compléter leur témoignage, si souvent in-,
suffisant sur les points qui piquent le plus notre curiosité, il interroge les
lois romaines, qui lui sont familières, et les inscriptions grecques et latines
de l’Asie Mineure. Dans toute cette dernière partie, il y a une calme sûreté
de pensée et une maturité de jugement qui contrastent d’une manière
heureuse avec cette manie d’allusion et des préoccupations personnelles
que plusieurs écrivains distingués ont apportées, depuis quelques années,
dans l'étude de cette même époque et clans l’appréciation du régime im-
périal.

Tous ceux qui auront lu avec le soin qu’elle mérite cette œuvre de
consciencieuse et sagace érudition attendront avec impatience la suite
promise de l’histoire de Smyrne. C’est une curieuse figure que celle
d’Ælius Aristide, le panégyriste et le fils adoptif de cette Smyrne qui crut
voir en lui l’héritier des grands orateurs de la Grèce libre. Quelque sin-
gulière que nous paraisse aujourd’hui cette illusion, nous ne saurions
nous empêcher d’être frappés de la puissance que gardait encore, au milieu
de cette décadence, l’éclat de la parole et la richesse du langage, l’ombre
fardée et le brillant fantôme de l’éloquence. Aristide ainsi mérite d’être
étudié comme homme; il y a quelque chose d’étrange dans la bonne foi
avec laquelle il se prend au sérieux. 11 est dupe de l’admiration qu’il
inspire et des honneurs qu’on lui rend, à Rome comme à Smyrne et à
Cyzique, et sa solennité est parfois d’un haut comique. C’est comme une
caricature d’isocrate, et il fait parfois songer involontairement à Trissotin.
Ce n’est pas là le seul des personnages de Molière qu’il rappelle; ses six
Discours sacrés, une des plus bizarres productions que nous ait laissées
l’antiquité, auraient pu donner l’idée du Malade imaginaire.

Avec cette monomanie se combine chez lui une dévotion superstitieuse
qui n’est pas moins amusante à étudier. Le pauvre homme est si infatué
de lui-même qu’il se croit sous la protection toute spéciale d’un dieu, qui
chaque nuit lui envoie des rêves et lui prescrit chacun des bains et des
remèdes qu’il doit prendre pour se guérir de toutes les infirmités excep-
tionnelles et de toutes les maladies inédites dont il se sent atteint. Nous
espérons que M. Cherbuliez fera revivre pour nous, dans sa complexe ori-
ginalité, ce personnage, bien oublié aujourd’hui (1), qui a eu son heure de
réputation ou plutôt de gloire. G. P.

(1) M. Caffiaux, connu par ses études sur YOraison funèbre chez les Grecs, et par
ses tableaux sur Hypéride, a été le premier à traduire en français un discours entier
d’Aristide, Y Éloge du jeune Étéonée. Valenciennes, 1864, in-8°.

jNota. Voir YErrata, page 226.
 
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