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Revue archéologique — 10.1864

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Cerquand, J. F.: Les sirènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24252#0287

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LES SIRENES.

283

confiait-il aux Sirènes (1) vaincues, et non aux Muses, l’harmonie
des cieux, lorsque Sophocle, quelque temps auparavant, leur avait
assigné une place aux enfers?

La légende elle-même, à y regarder d’un peu près, offrait une
vraie impossibilité. Ces filles d’Achéloüs (2) ou de Phorcos,- ces
nymphes, que Déméter avait placées près de sa fille pour être ses
gardiennes et les compagnes de ses jeux, étaient-elles bien les mêmes
que les monstres hybrides des traditions épiques? Est-ce à des mons-
tres qu’un oracle avait ordonné de rendre des honneurs funèbres et
d’offrir des sacrifices? Quel était enfin le rang des Sirènes dans la
hiérarchie divine? Les Mythologues grecs et latins que nous avons
encore ne l’ont jamais su, et très-probablement ne se le sont jamais
demandé.

Il ne faut pas s’exagérer la difficulté. Un examen un peu attentif
suffit à montrer que ces détails si divers se rattachent à trois aspects
seulement des mêmes personnages divins. Les Sirènes sont compa-
gnes de Perséphone, agents de mort, rivales des Muses. Trouver le
lien qui rattache ces trois aspects à une même forme, c’est propre-
ment faire l’histoire des Sirènes, et c’est ce que j’ai tenté dans celte
étude.

Il

Or, quoique la légende, telle qu’elle nous est arrivée par l’inter-
médiaire des Syncrétrstes, fasse un tout homogène dont les divers
éléments semblent inséparables, il est clair, cependant, que ces élé-
ments se sont succédé dans un certain ordre, et qu’il y a eu autant
de moments chronologiques dans celte légende qu’il y a d’aspects
mythologiques dans la figure des Sirènes. Il faut donc d’abord trouver
le plus ancien dans l’ordre de succession, car c’est de lui que dépend
l’interprétation des autres.

Évidemment les Sirènes, rivales des Muses, sont hors de question.
La lutte des deux groupes de déesses ne pénètre pas, en effet, dans

(1) Plutarque (Quœst. Conviv.) en fait un reproche à Platon ; il l’oublie un peu
plus loin, et renchérit sur le philosophe athénien.

(2) Filles d’Achéloüs : Apollod. Bibliot., 1, 34; I, 7, 10. Avienus : Acheloïa proies.
Claudien, de raptu Pros ; v. 253: Acheloïdes. Ovide. Metam., V, 551, seqq. : Ache-
loïdes; et ibicl.,XIV, 88.

Filles de Phorcos : Sophocle, cité par Plutarq. Moral., p. 745.

Ces généalogies sont postérieures de beaucoup à la conception primitive des Sirè-
nes, qu’elles ne peuvent conséquemment éclairer. Elles se prêtaient d’ailleurs,
comme cela est naturel, à leur double signification de Déesses de la mer et de Déesses
infernales.
 
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