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MONUMENTS DE

L'ART ANTIQUE.

sa lance. Il n'est pas indifférent de remarquer que, dans cette imagerie populaire,
le respect dû aux dieux a fait d'ordinaire représenter Horus très grand, tandis que
le crocodile est, au contraire, tout petit.

Y a-t-il rien d'impossible à ce qu'un écho plus ou moins confus de ce mythe
et même quelques-unes des images populaires qui en représentaient les grands
épisodes soient parvenus jusqu'en Grèce, à une époque assez ancienne? Nous
sommes trop disposés à faire dater du règne des Ptolémées l'influence de l'Egypte
sur l'Hellade. Outre que, dès le xne siècle, les Phéniciens ont transporté dans le
second de ces pays bien des produits de l'industrie et aussi de la pensée du premier,
les relations des Égyptiens avec les Grecs ont été intimes pendant deux cents ans,
aux vne et vie siècles, du temps des Psamétik, des Amasis et des Néchao. Dans
les arts, les traces de ces relations sont nombreuses, et la philosophie ionienne
prouve quelle influence elles exercèrent aussi sur les idées. Au ive siècle encore, les
théories de Platon sur l'âme et sur sa liaison momentanée avec le corps sont toutes
égyptiennes. Ce qui s'est passé dans l'ordre artistique et philosophique n'a-t-il pas
dû se produire aussi dans le domaine religieux? Ce ne fut toutefois pendant
longtemps qu'une infiltration lente. Mais après 381, à la suite du soulèvement de
la basse Egypte contre les Perses et de la fondation dans le Delta d'une dynastie
indépendante, protégée à tour de rôle par les Athéniens et par les Spartiates, le
ruisselet devint fleuve, et le monde grec fut comme inondé. Marchands, merce-
naires, aventuriers de tout genre, qui revenaient d'Égypte, Égyptiens réfugiés en
Grèce pour y chercher de la tranquillité et du travail, tous contribuaient également
à cette introduction dans les grandes villes des religions de la vallée du Nil. Des
temples d'Isis, d'Osiris, de Sérapis, s'élevèrent d'abord dans les ports de mer et aux
frais des colonies étrangères, plus tard jusque dans l'intérieur du pays et par les
soins des habitants indigènes. Peu à peu, dans quelques villes, ces cultes nouveaux
parvinrent même à se faire reconnaître et adopter par l'État.

C'est à cette influence égyptienne que j'attribuerais la propagation, sur quelques
points dala Grèce, du mythe de la lutte du Dieu-Soleil contre un saurien; et je rap-
porterais volontiers cette propagation à une époque très ancienne. Mais en présence
des légendes préexistantes dont il n'était que la répétition, le mythe étranger n'aura
pu se développer, sera resté confiné dans quelque localité sans importance et aura
perdu peu à peu son caractère de grandeur. Cette disposition méprisante envers les
choses du dehors, qui est naturelle à tous les peuples et qui fait que, par exemple,
les mots allemands Ross et Buch sont devenus en français rosse et bouquin, se
sera exercée sur lui et en aura peu à peu rapetissé tous les éléments. Le crocodile,
inconnu des Grecs, se sera réduit aux proportions d'un lézard; la lance d'Horus
sera devenue une flèche, parce que l'Apollon hellénique n'était pas armé de la
lance, mais de Tare, et le dieu jeune et fort qui triomphe de Set métamorphosé,
 
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