TÊTE EN TERRE CUITE
D'ATHENES
ET FIGURINE DE LA BASSE EGYPTE
Le peuple qui s est esclaffé de si bon cœur aux lazzi d'Aristophane, qui a
souligné d'un si fin sourire les traits d'esprit de Ménandre, ne pouvait
dédaigner la caricature. Aussi n'y a-t-il point lieu d'être surpris que, parmi
les figurines trouvées à Athènes, les charges soient en si grand nombre : les
unes sont discrètes et ne dépassent pas les limites d'une inoffensive plaisan-
terie • les autres vont jusqu'à la bouffonnerie la plus grossière ou au sarcasme
le plus cruel. C'est parmi les premières que se range la tête ici reproduite.
L'artiste qui a fait revivre devant nos yeux ce bon vieillard au crâne plus nu
que le sommet de l'Hymette, aux yeux éteints, à la mâchoire tombante, s'est
bien un peu égayé à ses dépens; mais il n'a mis dans son rire aucun fiel, et
la moquerie à laquelle il s'est diverti un instant reste si mesurée que l'œuvre
issue de son caprice reste pour nous un document ethnographique d'un réel
intérêt. -
Assurément, la race hellénique était fort belle; elle en était elle-même
persuadée et les étrangers ne contestaient point le bien fondé de l'orgueil
qu'elle en éprouvait. Écoutez, par exemple, ce que dit Adamantius, médecin
célèbre du début du ve siècle de notre ère, et impartial en la cause, puisqu'il
était de race juive et vivait à Alexandrie : « Si la race hellénique s'est con-
servée pure chez les habitants de quelque pays, ceux-ci sont suffisamment
grands, larges d'épaules, droits de stature, solidement membrés; ils ont le
teint clair, le tempérament blond, la carnation ferme et modérément déve-
loppée, les jambes droites, bien faites, terminées par des extrémités fines, la
tête sphérique et de grandeur moyenne, le cou robuste. Leurs cheveux, nuancés
de roux, sont souples et frisent aisément; leur visage est rectangulaire, les
lèvres minces, le nez droit. Leurs yeux sont humides, lancent des regards doux
D'ATHENES
ET FIGURINE DE LA BASSE EGYPTE
Le peuple qui s est esclaffé de si bon cœur aux lazzi d'Aristophane, qui a
souligné d'un si fin sourire les traits d'esprit de Ménandre, ne pouvait
dédaigner la caricature. Aussi n'y a-t-il point lieu d'être surpris que, parmi
les figurines trouvées à Athènes, les charges soient en si grand nombre : les
unes sont discrètes et ne dépassent pas les limites d'une inoffensive plaisan-
terie • les autres vont jusqu'à la bouffonnerie la plus grossière ou au sarcasme
le plus cruel. C'est parmi les premières que se range la tête ici reproduite.
L'artiste qui a fait revivre devant nos yeux ce bon vieillard au crâne plus nu
que le sommet de l'Hymette, aux yeux éteints, à la mâchoire tombante, s'est
bien un peu égayé à ses dépens; mais il n'a mis dans son rire aucun fiel, et
la moquerie à laquelle il s'est diverti un instant reste si mesurée que l'œuvre
issue de son caprice reste pour nous un document ethnographique d'un réel
intérêt. -
Assurément, la race hellénique était fort belle; elle en était elle-même
persuadée et les étrangers ne contestaient point le bien fondé de l'orgueil
qu'elle en éprouvait. Écoutez, par exemple, ce que dit Adamantius, médecin
célèbre du début du ve siècle de notre ère, et impartial en la cause, puisqu'il
était de race juive et vivait à Alexandrie : « Si la race hellénique s'est con-
servée pure chez les habitants de quelque pays, ceux-ci sont suffisamment
grands, larges d'épaules, droits de stature, solidement membrés; ils ont le
teint clair, le tempérament blond, la carnation ferme et modérément déve-
loppée, les jambes droites, bien faites, terminées par des extrémités fines, la
tête sphérique et de grandeur moyenne, le cou robuste. Leurs cheveux, nuancés
de roux, sont souples et frisent aisément; leur visage est rectangulaire, les
lèvres minces, le nez droit. Leurs yeux sont humides, lancent des regards doux