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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0043
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TÊTE FÉMININE
TROUVÉE A HERCULANUM
(Musée de Naples)
Ce buste fut découvert le 29 avril 1756 dans le jardin de la grande villa
d'Herculanum, la villa dei Papiri. Il était placé tout à côté de la tête ar-
chaïque d'Apollon que nous avons précédemment publiée1. Avouer qu'on ne
savait quel nom lui donner eût été contraire à toutes les idées du xvin0 siècle;
les savants d'alors n'avaient point de pareilles modesties, et la vanité des princes
ne se fût point contentée de la possession d'un chef-d'œuvre anonyme. Fort
heureusement, les académiciens d'Herculanum s'avisèrent que la coiffure était
arrangée de telle sorte qu'une personne dont les cheveux seraient très courts
pouvait, au moyen d'une fausse natte, en reproduire exactement la disposition.
Cette remarque fut pour eux un trait de lumière : la jeune femme repré-
sentée n'avait plus sa belle chevelure et cherchait par un habile arrangement à en
dissimuler la perte. Dès lors, un nom se présentait naturellement : celui de la
reine Bérénice. Ainsi baptisé, le buste put faire bonne figure à côté d'un Platon
apocryphe, d'un Ptolémée imaginaire et d'un Sénèque qui n'avait pas la plus
petite ressemblance avec Sénèque.
Il faut le reconnaître d'ailleurs; ce n'est pas sans quelques hésitations,
sans une certaine défiance, que les Ercolanesi sacrifièrent à la mode du
temps : « Comme on observe, disent-ils, quelque ressemblance entre le visage
de ce buste et celui qui est exprimé sur une médaille de la reine Bérénice, on
pourrait, en s'appuyant sur ce rapprochement, former une conjecture qui ne
serait point faible, et d'après laquelle ce buste (qui deviendrait alors assuré-
ment très précieux) représenterait la vertueuse épouse de Ptolémée Evergète2. »
Cette phrase, hérissée de conditionnels et enchevêtrée de restrictions, laisse
1. Pompei e la regione sotterrata dal Vesuvio. Giulio de Petra : / monumenti délia villa Ercolanese, p. 270. Plan de
Weber, n° 85.
2. Antichità di Ercolano, de' Bron^ij t. I", pl. 6^ 64 : Osservandosi qualche somiglianza tra il volto di questo busto
e quello espresso in una medaglia inedita e singolare di Bérénice regina di Egitto... potrebbe su quesco appoggio formarsi
TÊTE FÉMININE
TROUVÉE A HERCULANUM
(Musée de Naples)
Ce buste fut découvert le 29 avril 1756 dans le jardin de la grande villa
d'Herculanum, la villa dei Papiri. Il était placé tout à côté de la tête ar-
chaïque d'Apollon que nous avons précédemment publiée1. Avouer qu'on ne
savait quel nom lui donner eût été contraire à toutes les idées du xvin0 siècle;
les savants d'alors n'avaient point de pareilles modesties, et la vanité des princes
ne se fût point contentée de la possession d'un chef-d'œuvre anonyme. Fort
heureusement, les académiciens d'Herculanum s'avisèrent que la coiffure était
arrangée de telle sorte qu'une personne dont les cheveux seraient très courts
pouvait, au moyen d'une fausse natte, en reproduire exactement la disposition.
Cette remarque fut pour eux un trait de lumière : la jeune femme repré-
sentée n'avait plus sa belle chevelure et cherchait par un habile arrangement à en
dissimuler la perte. Dès lors, un nom se présentait naturellement : celui de la
reine Bérénice. Ainsi baptisé, le buste put faire bonne figure à côté d'un Platon
apocryphe, d'un Ptolémée imaginaire et d'un Sénèque qui n'avait pas la plus
petite ressemblance avec Sénèque.
Il faut le reconnaître d'ailleurs; ce n'est pas sans quelques hésitations,
sans une certaine défiance, que les Ercolanesi sacrifièrent à la mode du
temps : « Comme on observe, disent-ils, quelque ressemblance entre le visage
de ce buste et celui qui est exprimé sur une médaille de la reine Bérénice, on
pourrait, en s'appuyant sur ce rapprochement, former une conjecture qui ne
serait point faible, et d'après laquelle ce buste (qui deviendrait alors assuré-
ment très précieux) représenterait la vertueuse épouse de Ptolémée Evergète2. »
Cette phrase, hérissée de conditionnels et enchevêtrée de restrictions, laisse
1. Pompei e la regione sotterrata dal Vesuvio. Giulio de Petra : / monumenti délia villa Ercolanese, p. 270. Plan de
Weber, n° 85.
2. Antichità di Ercolano, de' Bron^ij t. I", pl. 6^ 64 : Osservandosi qualche somiglianza tra il volto di questo busto
e quello espresso in una medaglia inedita e singolare di Bérénice regina di Egitto... potrebbe su quesco appoggio formarsi