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BASE DE COLONNE

DU TEMPLE D'ARTÉMIS A ÉPHÈSE
(British Muséum)

Lorsque Androclos, fils, d'après la tradition, du roi d'Athènes Codros, vint,
avec une troupe d'Ioniens, s'établir sur le mont Coressos, au sud de l'embou-
chure du Caystre et près de la petite ville indigène d'Ephèse, il trouva, sur le
rivage même, le sanctuaire d'une grande déesse asiatique à laquelle Callimaque
donne le nom d'Oupis. L'image de la déesse était en bois et passait pour avoir
une origine céleste : les Amazones l'avaient trouvée là, gisant au milieu du
marécage, et, après l'avoir dressée sur une base, avaient construit devant elle
un autel et délimité tout autour le terrain sacré1.

Les nouveaux venus étaient gens trop pieux pour vouloir attirer sur eux la
colère de la divinité propriétaire du sol sur lequel ils venaient se fixer. Dès l'instant
où ils devenaient ses hôtes, leur devoir envers elle était tout tracé : ils devaient
être et ils furent, en effet, ses adorateurs, si étrange qu'elle dût leur paraître,
avec son corps en forme de gaine, sa poitrine couverte de plusieurs rangées de
mamelles, les animaux sauvages figurés en haut relief sur sa robe de bronze,
comme s'ils en sortaient au galop, les deux oiseaux posés sur ses épaules, les
deux cerfs debout à ses côtés, les lourdes chaînes qui attachaient ses bras à la
terre. Quoique tous ces symboles donnassent à Oupis le caractère d'une per-
sonnification de la stabilité immuable et de l'inépuisable fécondité de la nature, ce
n'est pas à leur Déméter qu'ils la comparèrent. Par une antinomie qui est de règle
dans les religions asiatiques et qui se manifeste surtout clairement dans celle de
la Phénicienne Astarté, cette déesse de la fécondité était aussi celle de la des-
truction : comme elle donnait la vie, elle pouvait l'ôter. En cela, elle se rapprochait
d'Artémis, qui tire les enfants des entrailles de leur mère et qui envoie les

i. Callimaque, Hymne à Arlémis, III, v. 237 et suivants.
 
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