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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0127
PERSONNAGE ROMAIN
PAR CLÉOMÈNES D'ATHÈNES
(Musée du Louvre)
La pancarte que l'administration des antiques a fait placer sur le piédestal de
cette statue dit qu'elle provient de la villa Borghese, et qu'elle a été acquise sous
Louis XIV, par l'entremise du Poussin'. En réalité, elle ne vient pas de la villa
Borghese, dont la galerie a été vendue à la France seulement sous Napoléon Ier,
et il y avait juste vingt ans que le Poussin était mort lorsque Louis XIV s'en est
rendu acquéreur. On ne sait où elle a été trouvée. M. Mùntz, qui connaît si bien
l'histoire des grandes collections romaines, n'a recueilli aucun renseignement sur
son origine. Comme elle n'est mentionnée ni par Bartolommeo Marliano, ni
par Lucio Fauno, ni par Cavallieri et par Boissard, elle n'a dû être découverte
que dans la seconde moitié du xvie siècle. Peu avant 1590, elle décorait, suivant
une tradition dont je ne connais pas le point de départ, les jardins de Sixte-
Quint, sur l'Esquilin, et on la désignait par le nom de Germanicus, avec tout
autant de raison que Ton donnait à une de ses compagnes celui de Cincinnatus*.
En 1684, elle appartenait au cardinal prince Savelli, lequel se montrait désireux de
s'en défaire. Louvois, devenu le 6 septembre i683 surintendant des bâtiments du
roi, écrivait le 3i mars 1684 au sieur de la Tuilière, directeur de l'Académie de
France et agent ordinaire de Louis XIV pour ses acquisitions à Rome, de ne pas
perdre cette affaire de vue. « Si Ton pouvait, disait-il, avoir Germanicus et Cin-
cinnatus, quand elles coûteraient plus de 3oo pistoles, vous ne devez pas hésiter
à les prendre, puisque vous les trouvez bonnes. » Le 26 juin i685, il demandait
1. M. Frôhner, dans sa Notice de la sculpture antique du Musée national du Louvre, n° 184, parle lui aussi de l'en-
tremise du Poussin, mais il fait venir la statue de la villa Montalto, sans doute sur la foi de Spon [Miscellanea eruditœ
antiquitatis, p. 124)- Le livre de SPon a été Publié à Ly°n en 1685.
Le nom de Germanicus a cependant trouvé un défenseur dans Braun (Bullettino dell. inst. arch. 1845, P- *8).
PAR CLÉOMÈNES D'ATHÈNES
(Musée du Louvre)
La pancarte que l'administration des antiques a fait placer sur le piédestal de
cette statue dit qu'elle provient de la villa Borghese, et qu'elle a été acquise sous
Louis XIV, par l'entremise du Poussin'. En réalité, elle ne vient pas de la villa
Borghese, dont la galerie a été vendue à la France seulement sous Napoléon Ier,
et il y avait juste vingt ans que le Poussin était mort lorsque Louis XIV s'en est
rendu acquéreur. On ne sait où elle a été trouvée. M. Mùntz, qui connaît si bien
l'histoire des grandes collections romaines, n'a recueilli aucun renseignement sur
son origine. Comme elle n'est mentionnée ni par Bartolommeo Marliano, ni
par Lucio Fauno, ni par Cavallieri et par Boissard, elle n'a dû être découverte
que dans la seconde moitié du xvie siècle. Peu avant 1590, elle décorait, suivant
une tradition dont je ne connais pas le point de départ, les jardins de Sixte-
Quint, sur l'Esquilin, et on la désignait par le nom de Germanicus, avec tout
autant de raison que Ton donnait à une de ses compagnes celui de Cincinnatus*.
En 1684, elle appartenait au cardinal prince Savelli, lequel se montrait désireux de
s'en défaire. Louvois, devenu le 6 septembre i683 surintendant des bâtiments du
roi, écrivait le 3i mars 1684 au sieur de la Tuilière, directeur de l'Académie de
France et agent ordinaire de Louis XIV pour ses acquisitions à Rome, de ne pas
perdre cette affaire de vue. « Si Ton pouvait, disait-il, avoir Germanicus et Cin-
cinnatus, quand elles coûteraient plus de 3oo pistoles, vous ne devez pas hésiter
à les prendre, puisque vous les trouvez bonnes. » Le 26 juin i685, il demandait
1. M. Frôhner, dans sa Notice de la sculpture antique du Musée national du Louvre, n° 184, parle lui aussi de l'en-
tremise du Poussin, mais il fait venir la statue de la villa Montalto, sans doute sur la foi de Spon [Miscellanea eruditœ
antiquitatis, p. 124)- Le livre de SPon a été Publié à Ly°n en 1685.
Le nom de Germanicus a cependant trouvé un défenseur dans Braun (Bullettino dell. inst. arch. 1845, P- *8).