TÈTE D'HOMME INCONNU
TROUVÉE A HERCULANUM
(Musée de Naples)
L'antiquité nous a laissé peu de portraits où l'expression individuelle soit
rendue avec plus d'énergie que dans cette tête au caractère étrange. Ce visage
aux traits tourmentés, au front creusé de rides profondes, semble trahir
la fatigue d'un esprit sans cesse en travail. Les lèvres minces sont entr'ouvertes;
le regard a une fixité vague : la physionomie est celle d'un penseur, et non d'un
homme d'action. A en juger par la maigreur du visage, par la saillie des pom-
mettes, par l'aspect décharné du cou, dont la peau retombe en plis vides et
flasques, le personnage qui a servi de modèle était un homme d'âge, d'une com-
plexion débile, affaiblie encore par l'excès de l'effort intellectuel. A ces traits si
nettement marqués vient s'ajouter le désordre d'une chevelure négligée, tombant
en mèches raides et incultes sur un front proéminent, d'un dessin accentué ; les
joues sont couvertes d'une barbe peu fournie. Tout cela compose une physio-
nomie expressive, traduite par l'artiste avec un singulier accent de vérité.
Lorsque ce buste fut découvert à Résina, dans la villa dei Papiri, le
21 avril 1759on connaissait déjà plusieurs exemplaires en marbre de la
même tête, entre autres celui de la villa Albani, que Winckelmann citait comme
un des plus beaux \ L'opinion était faite sur le nom qui convenait à ce person-
nage : personne n'hésitait à y reconnaître Sénèque, sur la foi des passages où
le philosophe romain parle de sa maigreur et de sa faible santé. Si aventureuse
que fût cette attribution, les académiciens d'Herculanum n'étaient pas gens à
1. C'est la date que donne la relation de Weber (Giulio de Petra : / monumenti délia villa Ercolanese, dans Pompei,
e la regione sotterrata dal Vesuvio. Naples, 1879, p. 251 à 272).
2. Winckelmann : Histoire de l'An, L. XI, ch. m. La galerie géographique de Florence en possède également un
exemplaire. Diiischke : Antike Bildnerke in Oberitalien; — Vffiiien, n° 530. On sait que des répliques en marbre se
trouvent au Louvre et au musée de Berlin.
TROUVÉE A HERCULANUM
(Musée de Naples)
L'antiquité nous a laissé peu de portraits où l'expression individuelle soit
rendue avec plus d'énergie que dans cette tête au caractère étrange. Ce visage
aux traits tourmentés, au front creusé de rides profondes, semble trahir
la fatigue d'un esprit sans cesse en travail. Les lèvres minces sont entr'ouvertes;
le regard a une fixité vague : la physionomie est celle d'un penseur, et non d'un
homme d'action. A en juger par la maigreur du visage, par la saillie des pom-
mettes, par l'aspect décharné du cou, dont la peau retombe en plis vides et
flasques, le personnage qui a servi de modèle était un homme d'âge, d'une com-
plexion débile, affaiblie encore par l'excès de l'effort intellectuel. A ces traits si
nettement marqués vient s'ajouter le désordre d'une chevelure négligée, tombant
en mèches raides et incultes sur un front proéminent, d'un dessin accentué ; les
joues sont couvertes d'une barbe peu fournie. Tout cela compose une physio-
nomie expressive, traduite par l'artiste avec un singulier accent de vérité.
Lorsque ce buste fut découvert à Résina, dans la villa dei Papiri, le
21 avril 1759on connaissait déjà plusieurs exemplaires en marbre de la
même tête, entre autres celui de la villa Albani, que Winckelmann citait comme
un des plus beaux \ L'opinion était faite sur le nom qui convenait à ce person-
nage : personne n'hésitait à y reconnaître Sénèque, sur la foi des passages où
le philosophe romain parle de sa maigreur et de sa faible santé. Si aventureuse
que fût cette attribution, les académiciens d'Herculanum n'étaient pas gens à
1. C'est la date que donne la relation de Weber (Giulio de Petra : / monumenti délia villa Ercolanese, dans Pompei,
e la regione sotterrata dal Vesuvio. Naples, 1879, p. 251 à 272).
2. Winckelmann : Histoire de l'An, L. XI, ch. m. La galerie géographique de Florence en possède également un
exemplaire. Diiischke : Antike Bildnerke in Oberitalien; — Vffiiien, n° 530. On sait que des répliques en marbre se
trouvent au Louvre et au musée de Berlin.