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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0107
HOPLITODROME VAINQUEUR
STATUE EN MARBRE PAR AGASIAS D'ÉPHÈSE
(Musée du Louvre)
La plage d'Antium (aujourd'hui Porto d'Anzo) est un des endroits où les riches
Romains allaient pendant l'été chercher un peu d'air et de fraîcheur. Les empereurs
y possédaient une villa qui fut une de leurs résidences favorites. C'est dans les
ruines de cette villa qu'on découvrit au commencement du xvie siècle l'Apollon du
Belvédère, et cent ans plus tard, sous le pontificat de Paul V Borghèse (i6o5-i62i),
la statue à laquelle nous consacrons aujourd'hui deux planches. Celle-ci, de même
que l'Apollon, est fort bien conservée. Les deux seules dégradations importantes
qu'elle ait souffertes sont la perte du bras droit, brisé juste au-dessous de l'épaule,
et celle de l'oreille droite. Quelques cassures au bras gauche et aux jambes ont pu
être aisément réparées; tout le reste est intact : la tête n'a même pas été séparée
du corps, et le nez, cette partie si fragile, n'a pas subi la plus légère éraflure. En
revanche, l'air salé de la mer a couvert la surface du marbre d'une multitude de
taches rousses et brunes d'un fort désagréable aspect.
La provenance même de la statue prouve qu'au fr siècle de notre ère on
la tenait en grande estime. Ce qui achève de le démontrer, c'est'que les anciens en
avaient fait des copies. Visconti mentionne, sur la foi d'un témoin digne de créance,
le cavalier d'Azzara, l'existence de la tête d'une de ces répliques à la villa Aldobran-
dini, sur le Quirinal, et Stahr a vu les débris d'une autre au British Muséum.
Les savants et les artistes du xvmc siècle et du commencement de celui-ci n'en ont
pas fait un moindre cas. Winckelmann, Raphaël Mengs en parlent dans les termes
les plus élogieux, et Visconti déclare ne rien connaître qui la surpasse. Aujourd'hui
nous sommes moins prompts à nous extasier devant l'habileté manuelle, et nous
mettons l'inspiration, l'originalité, fort au-dessus de la perfection technique. Aussi
cet enthousiasme nous paraît-il excessif, et la statue d'Antium n'occupe-t-elle à nos
STATUE EN MARBRE PAR AGASIAS D'ÉPHÈSE
(Musée du Louvre)
La plage d'Antium (aujourd'hui Porto d'Anzo) est un des endroits où les riches
Romains allaient pendant l'été chercher un peu d'air et de fraîcheur. Les empereurs
y possédaient une villa qui fut une de leurs résidences favorites. C'est dans les
ruines de cette villa qu'on découvrit au commencement du xvie siècle l'Apollon du
Belvédère, et cent ans plus tard, sous le pontificat de Paul V Borghèse (i6o5-i62i),
la statue à laquelle nous consacrons aujourd'hui deux planches. Celle-ci, de même
que l'Apollon, est fort bien conservée. Les deux seules dégradations importantes
qu'elle ait souffertes sont la perte du bras droit, brisé juste au-dessous de l'épaule,
et celle de l'oreille droite. Quelques cassures au bras gauche et aux jambes ont pu
être aisément réparées; tout le reste est intact : la tête n'a même pas été séparée
du corps, et le nez, cette partie si fragile, n'a pas subi la plus légère éraflure. En
revanche, l'air salé de la mer a couvert la surface du marbre d'une multitude de
taches rousses et brunes d'un fort désagréable aspect.
La provenance même de la statue prouve qu'au fr siècle de notre ère on
la tenait en grande estime. Ce qui achève de le démontrer, c'est'que les anciens en
avaient fait des copies. Visconti mentionne, sur la foi d'un témoin digne de créance,
le cavalier d'Azzara, l'existence de la tête d'une de ces répliques à la villa Aldobran-
dini, sur le Quirinal, et Stahr a vu les débris d'une autre au British Muséum.
Les savants et les artistes du xvmc siècle et du commencement de celui-ci n'en ont
pas fait un moindre cas. Winckelmann, Raphaël Mengs en parlent dans les termes
les plus élogieux, et Visconti déclare ne rien connaître qui la surpasse. Aujourd'hui
nous sommes moins prompts à nous extasier devant l'habileté manuelle, et nous
mettons l'inspiration, l'originalité, fort au-dessus de la perfection technique. Aussi
cet enthousiasme nous paraît-il excessif, et la statue d'Antium n'occupe-t-elle à nos