I
ÏÏ71
AUGUSTE
STATUE EN MARBRE TROUVÉE A PRIMA PORTA
(Rome, Vatican)
Les anciens nous parlent quelquefois d'une villa impériale que Livie avait
bâtie sur le territoire de Veies, à neuf milles de Rome, près de la voie Flami-
nienne, dans un site élevé d'où l'on dominait la vallée du Tibre. Elle était aussi
désignée sous le nom de villa des poules (ad Gallinas), parce qu'on y conservait
des poules blanches en souvenir d'un prodige où Livie, alors fiancée d'Octave,
avait vu un présage de sa fortune prochaine1. Les ruines de cette villa, retrouvées
à l'endroit qui s'appelle aujourd'hui Prima Porta, furent fouillées en 1863, et
l'on y découvrit, outre plusieurs chambres ornées de peintures, la belle statue
d'Auguste que nous reproduisons ici2.
L'empereur est debout, revêtu de son armure, dans une attitude que l'on
retrouve sur un grand nombre de monuments et en particulier sur les monnaies
et sur les bas-reliefs de la colonne Trajane : c'est l'attitude d'un général qui
harangue ses soldats. Il s'avance lentement vers le bord de la tribune et, de la
main droite, fait un geste majestueux qu'il accompagne du regard comme pour
en suivre la portée jusqu'aux extrémités de son auditoire.
On sait que les statues-portraits de l'art romain se divisent en deux catégo-
ries. On distingue les statues dites achilléennes, lesquelles, tout en conservant
aux têtes leurs traits caractéristiques, sont toujours traitées d'une manière con-
ventionnelle et idéale, avec la nudité consacrée pour les personnages héroïques;
et les statues (coniques, c'est-à-dire qui donnent Limage vraie, l'image vivante de
la personne, telle qu'elle se montre dans son existence journalière, avec les
1. Un aigle avait laissé tomber sur ses genoux une poule blanche qui portait une branche de laurier. — Pline, Hist.
nat., XV, 30 (40).
2. Voir Bullettino dell' Instituto di Corr. Arch., 1863, p. 73, 174, 179, 234; Annali, 1863, p. 432 et suiv. ; Monu-
menti, t. VI-VII, pl. 84.
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AUGUSTE
STATUE EN MARBRE TROUVÉE A PRIMA PORTA
(Rome, Vatican)
Les anciens nous parlent quelquefois d'une villa impériale que Livie avait
bâtie sur le territoire de Veies, à neuf milles de Rome, près de la voie Flami-
nienne, dans un site élevé d'où l'on dominait la vallée du Tibre. Elle était aussi
désignée sous le nom de villa des poules (ad Gallinas), parce qu'on y conservait
des poules blanches en souvenir d'un prodige où Livie, alors fiancée d'Octave,
avait vu un présage de sa fortune prochaine1. Les ruines de cette villa, retrouvées
à l'endroit qui s'appelle aujourd'hui Prima Porta, furent fouillées en 1863, et
l'on y découvrit, outre plusieurs chambres ornées de peintures, la belle statue
d'Auguste que nous reproduisons ici2.
L'empereur est debout, revêtu de son armure, dans une attitude que l'on
retrouve sur un grand nombre de monuments et en particulier sur les monnaies
et sur les bas-reliefs de la colonne Trajane : c'est l'attitude d'un général qui
harangue ses soldats. Il s'avance lentement vers le bord de la tribune et, de la
main droite, fait un geste majestueux qu'il accompagne du regard comme pour
en suivre la portée jusqu'aux extrémités de son auditoire.
On sait que les statues-portraits de l'art romain se divisent en deux catégo-
ries. On distingue les statues dites achilléennes, lesquelles, tout en conservant
aux têtes leurs traits caractéristiques, sont toujours traitées d'une manière con-
ventionnelle et idéale, avec la nudité consacrée pour les personnages héroïques;
et les statues (coniques, c'est-à-dire qui donnent Limage vraie, l'image vivante de
la personne, telle qu'elle se montre dans son existence journalière, avec les
1. Un aigle avait laissé tomber sur ses genoux une poule blanche qui portait une branche de laurier. — Pline, Hist.
nat., XV, 30 (40).
2. Voir Bullettino dell' Instituto di Corr. Arch., 1863, p. 73, 174, 179, 234; Annali, 1863, p. 432 et suiv. ; Monu-
menti, t. VI-VII, pl. 84.