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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0067
L'APOXYOMÉNOS
STATUE EN MARBRE
(Rome, Vatican)
La découverte de cette statue remonte au mois de septembre 1849. Elle fut
trouvée dans la région du Trastevère, au Vicolo délie Palme, où l'architecte Canina
dirigeait des fouilles1, et peu de temps après, transportée au Vatican, dans la galerie
du Braccio Nuovo. Bien que la fouille l'eût rendue à l'état de fragments, il n'y
manquait aucune partie essentielle, et le sculpteur Tenerani, à qui la restauration
fut confiée, n'eut guère qu'à rajuster les morceaux; seule, l'extrémité de la main
droite est moderne, avec le petit cube de marbre placé entre les doigts. Si insigni-
fiante qu'elle paraisse, la restauration n'en est pas moins malheureuse; elle conserve
le souvenir d'une curieuse erreur, due à une fausse interprétation de [textes, et
elle est bien faite pour enseigner la prudence dans un sujet aussi délicat que l'iden-
tification d'une statue. Les fragments une fois mis en place, on avait sous les
yeux un personnage se frottant avec le strigile (à-oHuo'^svoç) ; or Polyclète et Lysippe
avaient précisément traité ce sujet, et Pline fait mention de leurs statues2. Le
marbre du Trastevère était-il la copie de l'une de ces œuvres célèbres? et dans ce
cas, lequel des deux maîtres avait fourni le modèle? Si Canina eut le mérite de
songer au texte de Pline, il eut le tort de ne pas prendre parti résolument, et, tout
en penchant pour Lysippe, d'admettre comme possible une imitation de l'Apoxyo-
ménos de Polyclète. C'est suivant cette donnée que la restauration fut exécutée,
et le passage de l'écrivain latin, mal compris, donna lieu au plus étrange contre-
sens. Pline signale, parmi les œuvres de Polyclète, un personnage se servant du stri-
gile, et un athlète nu, dans la posture de l'àTCOirxepv^wv, c'est-à-dire prêt à renverser
son adversaire à coups de talon : « destringentem se, et nudum talo incessentem3 ».
1. Bullettino dell' Inst.} 1849, p. 161 et suiv. Scavi di Roma.
2. Pline, N. H. XXXIV, 55 et 62.
3. N. H. XXXIV, 62.
STATUE EN MARBRE
(Rome, Vatican)
La découverte de cette statue remonte au mois de septembre 1849. Elle fut
trouvée dans la région du Trastevère, au Vicolo délie Palme, où l'architecte Canina
dirigeait des fouilles1, et peu de temps après, transportée au Vatican, dans la galerie
du Braccio Nuovo. Bien que la fouille l'eût rendue à l'état de fragments, il n'y
manquait aucune partie essentielle, et le sculpteur Tenerani, à qui la restauration
fut confiée, n'eut guère qu'à rajuster les morceaux; seule, l'extrémité de la main
droite est moderne, avec le petit cube de marbre placé entre les doigts. Si insigni-
fiante qu'elle paraisse, la restauration n'en est pas moins malheureuse; elle conserve
le souvenir d'une curieuse erreur, due à une fausse interprétation de [textes, et
elle est bien faite pour enseigner la prudence dans un sujet aussi délicat que l'iden-
tification d'une statue. Les fragments une fois mis en place, on avait sous les
yeux un personnage se frottant avec le strigile (à-oHuo'^svoç) ; or Polyclète et Lysippe
avaient précisément traité ce sujet, et Pline fait mention de leurs statues2. Le
marbre du Trastevère était-il la copie de l'une de ces œuvres célèbres? et dans ce
cas, lequel des deux maîtres avait fourni le modèle? Si Canina eut le mérite de
songer au texte de Pline, il eut le tort de ne pas prendre parti résolument, et, tout
en penchant pour Lysippe, d'admettre comme possible une imitation de l'Apoxyo-
ménos de Polyclète. C'est suivant cette donnée que la restauration fut exécutée,
et le passage de l'écrivain latin, mal compris, donna lieu au plus étrange contre-
sens. Pline signale, parmi les œuvres de Polyclète, un personnage se servant du stri-
gile, et un athlète nu, dans la posture de l'àTCOirxepv^wv, c'est-à-dire prêt à renverser
son adversaire à coups de talon : « destringentem se, et nudum talo incessentem3 ».
1. Bullettino dell' Inst.} 1849, p. 161 et suiv. Scavi di Roma.
2. Pline, N. H. XXXIV, 55 et 62.
3. N. H. XXXIV, 62.