FIGURINES GROTESQUES
PROVENANT D'ASIE MINEURE
COLLECTIONS DE M. BASILEWSKI ET DE M. RAYET
Les collections publiques et privées ont depuis longtemps familiarisé les ama-
teurs de l'art antique avec les monuments de çe genre. Loin de les attribuer à une
époque de décadence, suivant un ancien préjugé, et de n'y voir que les produits
d'un art dégénéré, on sait aujourd'hui les classer à leur rang, et en apprécier la
valeur. Rien n'est négligeable, quand il s'agit de mieux connaître le génie grec,
dont le défaut n'était certes pas le manque de liberté; les petits bronzes, les terres
cuites, les vases peints, où sa verve comique se donne carrière, montrent combien
il serait imprudent de l'enfermer dans des limites trop étroites. Grâce à des travaux
récents, les représentations grotesques et les parodies des sujets scéniques sont fort
connues1 : personne n'ignore quelle source inépuisable de plaisanteries la légende
héroïque et mythologique fournissait aux artistes; les grossiers appétits d'Héraklès,
l'ivrognerie de Silène et la bestialité des satyres inspiraient aussi bien les mode-
leurs et les céramistes que les auteurs comiques. Les caricatures empruntées à la
vie familière sont plus rares, ou bien ont été moins étudiées ; à ce titre, et sans par-
ler des qualités d'exécution, les trois figurines ci-jointes doivent occuper une place
importante dans cette série. Ici, les personnages sont des types populaires, de ceux
qu'on rencontrait chaque jour dans les villes grecques, à l'Agora, au coin des car-
refours, partout où l'on coudoyait cette population mêlée deThraces, de Syriens, de
Galates, d'étrangers de tous pays qui encombraient les quartiers marchands et se
livraient aux petites industries. C'était le menu peuple que les koroplastes ne
dédaignaient pas de représenter parfois ; témoin les amusantes figurines de
Tanagra, où l'on voit un boulanger faisant cuire son pain, et un barbier occupé à
coiffer un chaland enveloppé dans son peignoir2.
1. Voir l'ouvrage de Wieseler : Theatergebàude ec le mémoire de Th. Panofka : Parodien und caricaturen. Cf. aussi
G Perroc : le Triomphe d'Hercule (Monuments grecs publiés par l'Association des études grecques, 1876).
2. Arch. Zeitung, 1874, pl. 14.
PROVENANT D'ASIE MINEURE
COLLECTIONS DE M. BASILEWSKI ET DE M. RAYET
Les collections publiques et privées ont depuis longtemps familiarisé les ama-
teurs de l'art antique avec les monuments de çe genre. Loin de les attribuer à une
époque de décadence, suivant un ancien préjugé, et de n'y voir que les produits
d'un art dégénéré, on sait aujourd'hui les classer à leur rang, et en apprécier la
valeur. Rien n'est négligeable, quand il s'agit de mieux connaître le génie grec,
dont le défaut n'était certes pas le manque de liberté; les petits bronzes, les terres
cuites, les vases peints, où sa verve comique se donne carrière, montrent combien
il serait imprudent de l'enfermer dans des limites trop étroites. Grâce à des travaux
récents, les représentations grotesques et les parodies des sujets scéniques sont fort
connues1 : personne n'ignore quelle source inépuisable de plaisanteries la légende
héroïque et mythologique fournissait aux artistes; les grossiers appétits d'Héraklès,
l'ivrognerie de Silène et la bestialité des satyres inspiraient aussi bien les mode-
leurs et les céramistes que les auteurs comiques. Les caricatures empruntées à la
vie familière sont plus rares, ou bien ont été moins étudiées ; à ce titre, et sans par-
ler des qualités d'exécution, les trois figurines ci-jointes doivent occuper une place
importante dans cette série. Ici, les personnages sont des types populaires, de ceux
qu'on rencontrait chaque jour dans les villes grecques, à l'Agora, au coin des car-
refours, partout où l'on coudoyait cette population mêlée deThraces, de Syriens, de
Galates, d'étrangers de tous pays qui encombraient les quartiers marchands et se
livraient aux petites industries. C'était le menu peuple que les koroplastes ne
dédaignaient pas de représenter parfois ; témoin les amusantes figurines de
Tanagra, où l'on voit un boulanger faisant cuire son pain, et un barbier occupé à
coiffer un chaland enveloppé dans son peignoir2.
1. Voir l'ouvrage de Wieseler : Theatergebàude ec le mémoire de Th. Panofka : Parodien und caricaturen. Cf. aussi
G Perroc : le Triomphe d'Hercule (Monuments grecs publiés par l'Association des études grecques, 1876).
2. Arch. Zeitung, 1874, pl. 14.