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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0103
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TORSE DU BELVÉDÈRE
FRAGMENT D'UNE STATUE D'HÉRAKLÈS, PAR APOLLONIOS DATHÈNES
(Rome : Vatican)
Si les monuments antiques étaient classés dans nos collections d'après la date
de la découverte, le marbre gravé sur cette planche serait aux premiers rangs.
Le torse du Belvédère a été trouvé à Rome, sous le pontificat de Jules II, au
Campo del Fiore, à l'endroit où s'élevait le théâtre de Pompée. Il prit aussitôt place
dans VAntiquarium du Vatican, qui était, au début du xvie siècle, l'un des deux
musées des papes; l'autre se trouvait au Capitole1. Le lecteur a donc sous les yeux
un de ces antiques dont l'apparition, au dire de Vasari, aurait provoqué ou hâté le
mouvement de la Renaissance. Dès qu'il fut connu, le marbre du Vatican devint un
modèle classique. L'ami et le protecteur de Winckelmann, le cardinal Alexandre
Albani, conservait dans sa riche collection de dessins une série d'études d'après le
torse, signées de noms de maîtres; et qui ne connaît le surnom de torso di Michel-
Angelo que lui valut l'admiration du grand sculpteur florentin2 ?
L'enthousiasme des antiquaires égalait celui des artistes : d'après Winckelmann,
nul monument n'approchait plus « du temps et du style sublimes3 ». En examinant
les théories auxquelles a donné lieu l'œuvre d'Apollonios, on ferait un curieux cha-
pitre de l'histoire des idées modernes sur l'art grec, jusqu'au jour où une critique
plus sûre, éclairée par la connaissance des monuments qui faisait défaut au
XVIIIe siècle, a ramené à des proportions moins excessives le mérite du maître
athénien.
Ce qui reste de la statue d'Héraklès a fort heureusement échappé à la fureur
de restauration qui nous a rendu tant de marbres défigurés; du moins ce ne sont
i. Gregorovius : Storia délia città di Roma, t. VIII, p. 162. — Cf. Andréa Fulvio : Antiquaria Urbis, p. 20; éd.
de 151 3. — Voir E. Muntz : Raphaël archéologue et historien d'an. Guette des Beaux-Arts, octobre 1880.
s. Spon. Miscellanea eruditœ andquitatis, p. 122.
3. Voir la description faite par Winckelmann : Histoire de l'Art, p. 24.7 de la traduction française, édition de 1766.
TORSE DU BELVÉDÈRE
FRAGMENT D'UNE STATUE D'HÉRAKLÈS, PAR APOLLONIOS DATHÈNES
(Rome : Vatican)
Si les monuments antiques étaient classés dans nos collections d'après la date
de la découverte, le marbre gravé sur cette planche serait aux premiers rangs.
Le torse du Belvédère a été trouvé à Rome, sous le pontificat de Jules II, au
Campo del Fiore, à l'endroit où s'élevait le théâtre de Pompée. Il prit aussitôt place
dans VAntiquarium du Vatican, qui était, au début du xvie siècle, l'un des deux
musées des papes; l'autre se trouvait au Capitole1. Le lecteur a donc sous les yeux
un de ces antiques dont l'apparition, au dire de Vasari, aurait provoqué ou hâté le
mouvement de la Renaissance. Dès qu'il fut connu, le marbre du Vatican devint un
modèle classique. L'ami et le protecteur de Winckelmann, le cardinal Alexandre
Albani, conservait dans sa riche collection de dessins une série d'études d'après le
torse, signées de noms de maîtres; et qui ne connaît le surnom de torso di Michel-
Angelo que lui valut l'admiration du grand sculpteur florentin2 ?
L'enthousiasme des antiquaires égalait celui des artistes : d'après Winckelmann,
nul monument n'approchait plus « du temps et du style sublimes3 ». En examinant
les théories auxquelles a donné lieu l'œuvre d'Apollonios, on ferait un curieux cha-
pitre de l'histoire des idées modernes sur l'art grec, jusqu'au jour où une critique
plus sûre, éclairée par la connaissance des monuments qui faisait défaut au
XVIIIe siècle, a ramené à des proportions moins excessives le mérite du maître
athénien.
Ce qui reste de la statue d'Héraklès a fort heureusement échappé à la fureur
de restauration qui nous a rendu tant de marbres défigurés; du moins ce ne sont
i. Gregorovius : Storia délia città di Roma, t. VIII, p. 162. — Cf. Andréa Fulvio : Antiquaria Urbis, p. 20; éd.
de 151 3. — Voir E. Muntz : Raphaël archéologue et historien d'an. Guette des Beaux-Arts, octobre 1880.
s. Spon. Miscellanea eruditœ andquitatis, p. 122.
3. Voir la description faite par Winckelmann : Histoire de l'Art, p. 24.7 de la traduction française, édition de 1766.