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FIGURINE TANAGRÉENNE

Cabinet de M. Léon Gambetta

Vingt fois peut-être j'ai placé cette gravure sur ma table, et me suis mis en
devoir d'en écrire le commentaire. Toujours la plume m'est tombée de la main.
Dussé-je par cet aveu offusquer les adversaires des principes politiques auxquels
je suis attaché, dussé-je provoquer les sourires de ceux de mes coreligionnaires
dont l'âme est mieux cuirassée contre l'émotion, je le confesse sans détours : huit
mois passés sur mon deuil n'en ont pas diminué l'amertume, et, aujourd'hui
encore, je ne peux penser à cet homme, incarnation de nos haines sacrées
porte-drapeau de nos patriotiques espoirs, sans que mes yeux se remplissent de
larmes et que mon esprit retombe dans l'accablement de sa première douleur.

Il faut cependant, hélas! refouler ces pensées désolantes et revenir à nos
études habituelles. Tous ceux qui ont eu l'honneur d'approcher Léon Gambetta
savent combien il était sensible à toutes les jouissances intellectuelles, aux charmes
d'une page finement écrite comme aux beautés d'une statue ou d'un tableau. Aussi
lorsque, après la rectification des frontières de la Grèce un groupe d'Épirotes
voulurent lui témoigner leur gratitude pour les efforts qu'il n'avait cessé de faire
en faveur des droits de la nation hellénique, ils pensèrent ne pouvoir lui être
plus agréables qu'en lui offrant une œuvre d'art. Ils eurent l'heureuse inspi-
ration de choisir un objet dont la seule vue devait sans cesse évoquer le souvenir
de la Grèce, une figurine tanagréenne. Le maire d'Athènes voulut bien se char-
ger de faire parvenir au grand homme d'État ce cadeau aussi délicat qu'hono-
rable, montrant ainsi, par un exemple dont il est bon de prendre note, que la
rigueur inintelligente de la loi grecque sur les antiquités peut parfois fléchir
devant les élans de la reconnaissance nationale.

La figurine devenue de cette manière habitante du petit salon de la rue
Saint-Didier n'est point des plus intactes, mais les quelques cassures dont elle
porte les traces n'empêchent point qu'elle ne soit fort jolie. Elle représente une
jeune élégante de l'époque d'Alexandre, debout, nonchalamment appuyée sur la
 
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