ft 81
FIGURINE DE TANAGRA
COLLECTION DE M. DUTUIT
On connaît déjà les diverses hypothèses qu'a soulevées l'étude des terres
cuites trouvées dans les tombeaux grecs. Si les figurines archaïques antérieures à
la fin du vie siècle représentent à n'en pas douter des divinités, celles qu'on peut
dater du ive siècle sont loin d'offrir un sens symbolique aussi précis. Plus qu'aucune
autre, la terre cuite que reproduit la planche ci-jointe échappe à toute interpréta-
tion mythologique. Quelque charme qu'on trouve aux analyses délicates qui
cherchent à saisir un rapport souvent fugitif entre les monuments figurés et les
croyances populaires, on n'hésitera pas à reconnaître ici un des sujets chers aux
koroplastes tanagréens : une femme grecque en costume de sortie1.
Ce sujet très simple a été souvent traité. On s'explique facilement ces ressem-
blances dans les produits d'un art industriel, qui tirait des mêmes moules de
nombreuses répliques. Toutefois, entre deux épreuves sorties du même moule, on
observe souvent des différences profondes ; dans l'une, les contours sont lourds et
comme empâtés; l'autre, au contraire, trahit un souci du détail, une personnalité
dans l'exécution, qui en font une œuvre d'art. Il est à peine besoin de rappeler ce
que tout le monde sait : à savoir que cette variété dans les figurines du même type
tient aux retouches du modeleur; l'arrangement de la tête, souvent ajustée après
coup et délicatement retravaillée, les détails du costume et de la coiffure, fouillés
à Fébauchoir et à la pointe, donnent à la statuette sa physionomie propre et un
caractère individuel. C'est le cas pour notre figurine; grâce à une exécution plus
poussée que d'habitude, elle peut être considérée comme l'un des plus beaux exem-
plaires dans cet ordre de sujets.
L'attitude est d'une rare élégance. Tandis que la jambe gauche supporte le
I Voir la description sommaire de cette figurine dans le Catalogue de la collection de M. 0. Ray et, p. 20, n° 72.
FIGURINE DE TANAGRA
COLLECTION DE M. DUTUIT
On connaît déjà les diverses hypothèses qu'a soulevées l'étude des terres
cuites trouvées dans les tombeaux grecs. Si les figurines archaïques antérieures à
la fin du vie siècle représentent à n'en pas douter des divinités, celles qu'on peut
dater du ive siècle sont loin d'offrir un sens symbolique aussi précis. Plus qu'aucune
autre, la terre cuite que reproduit la planche ci-jointe échappe à toute interpréta-
tion mythologique. Quelque charme qu'on trouve aux analyses délicates qui
cherchent à saisir un rapport souvent fugitif entre les monuments figurés et les
croyances populaires, on n'hésitera pas à reconnaître ici un des sujets chers aux
koroplastes tanagréens : une femme grecque en costume de sortie1.
Ce sujet très simple a été souvent traité. On s'explique facilement ces ressem-
blances dans les produits d'un art industriel, qui tirait des mêmes moules de
nombreuses répliques. Toutefois, entre deux épreuves sorties du même moule, on
observe souvent des différences profondes ; dans l'une, les contours sont lourds et
comme empâtés; l'autre, au contraire, trahit un souci du détail, une personnalité
dans l'exécution, qui en font une œuvre d'art. Il est à peine besoin de rappeler ce
que tout le monde sait : à savoir que cette variété dans les figurines du même type
tient aux retouches du modeleur; l'arrangement de la tête, souvent ajustée après
coup et délicatement retravaillée, les détails du costume et de la coiffure, fouillés
à Fébauchoir et à la pointe, donnent à la statuette sa physionomie propre et un
caractère individuel. C'est le cas pour notre figurine; grâce à une exécution plus
poussée que d'habitude, elle peut être considérée comme l'un des plus beaux exem-
plaires dans cet ordre de sujets.
L'attitude est d'une rare élégance. Tandis que la jambe gauche supporte le
I Voir la description sommaire de cette figurine dans le Catalogue de la collection de M. 0. Ray et, p. 20, n° 72.