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Rayet, Olivier [Hrsg.]
Monuments de l'art antique (Band 2): Sculpture grecque, seconde moitié du IVe siècle, IIIe et IIe siècles; sculpture romaine, terres cuites — Paris, 1884

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https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0066
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A

MONUMENTS DE L'ART ANTIQUE.

citée. Après le sac de Tarente par les soldats de Fabius Maximus, la ville fut
dépouillée de ses œuvres d'art, et nombre de statues, comme l'Héraklès colossal
de Lysippe, prirent le chemin de Rome1. Moins heureux, le Poséidon a fort bien
pu subir quelque accident, et le buste seul aurait été sauvé.

Si séduisante que soit l'hypothèse, il faut reconnaître qu'elle n'entraîne en
aucune façon la certitude ; peut-être y aurait-il quelque imprudence à la pousser
jusqu'à ses conséquences extrêmes, et à reconnaître ici l'œuvre d'une école taren-
tine. A supposer même que le lieu de la provenance première soit certain, on
sait que Tarente a souvent fait appel aux sculpteurs de la Grèce propre. Pythagoras
de Rhégion, l'Éginète Onatas, plus tard Lysippe, ont exécuté des statues pour
cette ville; l'ex-voto des Tarentins à Olympie, représentant des chevaux de bronze
et des femmes messapiennes captives, était l'œuvre de l'Argien Agéladas2. Ces
emprunts à la Grèce propre sont constants. Aussi sommes-nous tenté de rattacher
le buste d'Herculanum à une école péloponnésienne, sans pouvoir invoquer à
l'appui de cette opinion aucune raison décisive.

Est-il possible au moins d'en déterminer la date? Friederichs, frappé surtout
par le caractère pathétique qu'il a cru reconnaître, y retrouve l'influence de Scopas
et de Praxitèle et propose d'attribuer ce buste au milieu du iv° siècle. D'autre
part, M. Lenormant admet la date du v° siècle. Il est visib'e que l'artiste a
respecté, dans l'agencement de la chevelure, une tradition ancienne, qui disparaît
complètement avec l'école de Lysippe ; la façon de traiter les cheveux se ressent
encore des habitudes archaïques. Toutefois, on a peine à croire que ces légères
nuances d'archaïsme soient un indice certain de la date. Une exécution aussi habile,
qui traite le détail avec un art si raffiné, ne rappelle en rien la sincérité laborieuse
de l'archaïsme, ni le modelé plus large du v° siècle; on ne s'attardait pas alors
à de telles minuties. Cette alliance de la tradition des vieilles écoles avec une
merveilleuse souplesse de main produit une impression étrange; on se sent en
présence d'une œuvre un peu ambiguë. Peut-être l'artiste a-t-il reproduit librement
une statue plus ancienne, en conservant certains détails caractéristiques, tels que la
coiffure ; en tout cas, les qualités techniques dont il a fait preuve nous auto-
risent à placer notre buste vers le milieu du ive siècle, c'est-à-dire à un moment
où l'art du bronze, en pleine possession de ses procédés, se joue avec aisance de
toutes les difficultés.

1. Strabon, p. 278, b.

2. Pausanias, x, 10, 3.

Max. Collignon.
 
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