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MONUMENTS DE L'ART ANTIQUE.

Colonna. La statue que nous ne connaissons que par ces répliques était donc
célèbre. Elle représentait Hermès comme dieu de l'éloquence, comme 'Eftjrîfc X^ytoç1,
et, autant qu'on peut en apprécier le style d'après des copies qui ne sont peut-
être pas très exactes, c'était une oeuvre de la première moitié du ive siècle. Rien ne
permet d'entrevoir quel en était l'auteur.

Voici donc un premier point établi : la statue du Louvre n'est que l'adaptation
à la représentation d'un homme d'un type divin créé depuis longtemps. Ces
reprises, avec quelques variantes, d'une idée ancienne, d'un motif heureusement
conçu, ne sont pas sans exemple même au ive et au nf siècle. Mais elles devinrent
surtout fréquentes lorsque, après le long bouleversement causé par la conquête de
la Macédoine et de l'Achaïe, par les guerres mithridatiques et par la lutte de Sylla
et de Marius, l'art grec eut à Rome, à l'époque de Pompée et de César, une espèce
de renaissance. J'ai déjà eu l'occasion de parler de l'école qui décora les monu-
ments publics et les riches maisons particulières de cette époque. Elle poussa, nous
l'avons vu, fort loin l'habileté technique, mais elle fut singulièrement pauvre d'ima-
gination ; embarrassée par la masse de ses connaissances historiques, gênée par la
perspicacité même de sa critique, elle fut défiante à l'excès pour elle-même et resta
emprisonnée dans ses souvenirs. L'invention dépassait ses forces et effrayait sa
timidité. Elle préféra s'en tenir à ce qu'avaient fait les maîtres impeccables de la
grande époque, utiliser pour de nouveaux emplois les créations de leur génie, accom-
moder leur style au goût du jour; toute son ambition se borna à modifier certains
détails, et à pousser la perfection de la taille du marbre jusqu'à un point où
la ciselure doit s'efforcer d'aller, mais que la sculpture a tort de se proposer
comme but, car elle ne peut y atteindre sans rencontrer sur la route la séche-
resse et la froideur.

Ce sont bien là les caractères que nous trouvons dans notre statue. Ici d'ail-
leurs, il faut en convenir, l'adaptation a été fort habile. L'artiste a su faire avec
un tact très sûr le départ entre ce qu'il lui était possible de garder, et ce qui, de
l'image d'un dieu, ne pouvait passer dans celle d'un homme. Il a conservé la pose,
l'allure générale ; il avait sans doute aussi laissé le caducée, comme symbole ;
mais il a plus modestement incliné la tète ; il a rendu plus réservé le geste
démonstratif du bras droit, il a raccourci les proportions, pour les ramener
de la perfection idéale à la beauté dont la nature peut donner l'exemple ;
enfin il a substitué à la simplicité des lignes, à la fermeté juvénile des chairs qui
conviennent à un immortel, l'infinie complication de détails et les signes de lassi-
tude que les rigueurs de la vie impriment sur le corps d'un homme. Il a opéré ces
changements avec une science anatomique et une fermeté de ciseau qui font de

i. V. Preller : Griechische Mythologie, 3e éd. I, p. 339, 340 et 342.
 
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