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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0035

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20

L'ART.

de M. Ch. Blanc paraît devoir se substituer à celle de Bartsch;
c'est son Catalogue qui est suivi au Cabinet de Berlin, par
exemple. Le livre de M. Middleton semble plutôt devoir
prendre rang parmi les études critiques de l'œuvre de Rem-
brandt, et à ce titre il acquiert certainement sa plus haute
valeur. Il est évident que les facilités d'un classement militent
en faveur du groupement des sujets d'une même nature, ce
qui n'empêche, en aucune sorte, d'étudier les états de ces
mêmes sujets dans tel ordre qu'il plaît à son auteur d'adopter.
M. Middleton a beaucoup vu, beaucoup lu et consciencieuse-
ment examiné. Il renseigne à la fois sur les originaux et les
copies et apprend à les discerner, joignant à son volume des
croquis à cet effet, ce qui n'avait plus eu lieu depuis Bartsch.
Son livre est donc un très précieux élément d'informations.

Il n'était plus guère possible à l'auteur de maintenir
comme authentiques, en tout ou en partie, plusieurs des
œuvres admises par ses prédécesseurs. Nous avons abordé ce
sujet dans nos articles sur les travaux de MM. Dutuit et
Ch. Blanc. Toutefois M. Middleton ne retranche rien et se
borne à consigner ses doutes à la suite des descriptions.

Il se prononce nettement contre l'authenticité du Grand
arbre, encore maintenu par M. Ch. Blanc — bien à tort selon
nous — et n'hésite pas à envisager comme apocryphe la petite
planche du Cabinet d'Amsterdam, que le même écrivain cata-
logue comme un second portrait du bourgmestre Six. Nous
nous sommes permis de faire nos propres réserves au sujet de
l'authenticité de cette pièce.

M. Middleton nous semble moins près de la vérité dans le
jugement qu'il a porté sur le dernier état de la grande planche
des Trois croix.

Que l'on se garde de croire que la rencontre plus fréquente
de certaines épreuves, définitivement revues et alors aban-
données par le maître, implique l'intervention d'une retouche
étrangère. Il est évident pour nous que les modifications radi-

cales apportées à l'effet et même à la composition du grand
Calvaire montrent Rembrandt à la recherche d'une expres-
sion encore plus puissante que dans les états antérieurs.
M. Seymour Haden n'hésite pas à croire que ce dernier état
traduit le mieux le sentiment du maître, et il pourrait avoir
raison. Il est certain que l'ombre projetée par le groupe de
personnages de l'avant-plan, tous sous l'effet d'un éclairage
surnaturel, a quelque chose de saisissant dans les belles, et
d'ailleurs fort rares épreuves de la planche en son dernier
état.

Il est peut-être permis de dire que dans tout l'œuvre de
Rembrandt, cette planche modifiée est la seule qui pourrait
donner prise aux commérages des auteurs qui ont prétendu
que, par vénalité, le grand artiste transformait ses planches
pour en tirer un double profit. Mais,-comme le fait observer
très justement M. Middleton, les états des planches, ceux du
moins que l'on peut envisager comme l'œuvre de Rembrandt,
ne sont jamais que des corrections ou des renforts ajoutés à
l'effet, en d'autres termes, des actes de bonne foi artis-
tique.

Quant aux têtes orientales, notre écrivain les croit simple-
ment reproduites par Rembrandt d'après Lievens et promet
de démontrer cette thèse dans un futur volume, consacré aux
élèves et imitateurs du maître. C'est un aperçu tout à fait
nouveau.

En somme, le très beau volume publié par M. John Mur-
rav est de ceux qu'un collectionneur doit nécessairement
posséder, et ce n'est pas un mince honneur pour un écrivain
de s'imposer à l'attention des iconophiles comme l'a su faire
M. Middleton, à la suite de tant de spécialistes en renom et
dans une matière si souvent abordée avec talent.

Henri Hymans,
Conservateur du Cabinet des estampes
à la Bibliothèque royale Je Belgique.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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