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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Lenormant, François: Le céramique des anciens et ses caractères généraux au point de vue technique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0038

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LA CÉRAMIQUE DES ANCIENS. 23

Quant à la terre de pipe, les anciens l'ont employée à faire des engobes blancs, comme ceux
des vases archaïques de Cyrcne à figures noires, des lécythos blancs d'Athènes et de certaines
poteries peintes fabriquées aux premiers temps de la domination romaine dans le centre de la
Gaule, par exemple à Lezoux (Puy-de-Dôme). Mais ils n'en ont pas confectionné de vases.

On peut donc poser en règle, malgré quelques exceptions fortuites, que les anciens n'ont
point fabriqué de poteries à pâte dure du genre de celles que nous avons rangées dans la seconde
classe, du genre des grès et des cailloutages, que le secret et le principe de la composition de
ces poteries leur ont été inconnus.

La céramique des anciens ne compte donc que des poterie? de la nature la plus imparfaite.
C'est une poterie à pâte tendre, composée d'argile plastique incomplètement dégraissée, d'une
texture lâche et poreuse, très peu dense, à laquelle la cuisson n'a presque jamais donné une dureté
résistant à la rayure, ni des qualités d'imperméabilité. Cuite à un feu relativement peu élevé, cette
poterie retient toujours une certaine quantité de l'eau qui a servi à en humecter la pâte pour la
rendre plastique, et elle est fusible dans les environs de 400 du pyromètre de Wedgwood. C'est,
en un mot, simplement de la terre cuite, dans le sens propre de ce terme, sans addition des
éléments qui changent les conditions de la pâte des cailloutages et des grès, leur donnant sans
fusion la densité nécessaire pour les rendre imperméables et cette dureté qui émousse l'acier,
égalant presque celle du quartz. Entre la terre qu'emploient le briquetier, le modeleur en plastique
et le potier, il n'y a pas chez les anciens de différence essentielle. Le degré de finesse et de cuisson
varie seul; mais c'est toujours la même matière, traitée de la même façon.

La couleur, des pâtes une fois cuites varie entre le noir foncé, le noir grisâtre, le gris
noirâtre, le jaune, le brun, le rouge briqueté, ces dernières nuances étant les plus fréquentes.
Les colorations noires de la masse de la pâte tiennent à l'introduction d'éléments charbonneux.
Chimiquement, la terre cuite des poteries antiques donne à l'analyse une proportion de silice
qui va jusqu'à 55 pour 100, de l'alumine dont le maximum est 24 pour 100, enfin de la
chaux, qui ne manque jamais et qui monte de 4 à 6 pour 100. Les autres éléments varient de
nature et de proportion.

Des poteries de ce genre sont avant la cuisson faciles à pétrir et à façonner, et en même
temps économiques de cuisson, car, ne demandant pour y parvenir qu'une chaleur relativement
modérée et peu prolongée, elles permettent d'éviter une trop grande consommation de combustible.
En revanche, leur texture lâche et poreuse les rend essentiellement perméables. Elles absorbent
et au bout de quelque temps laissent suinter à l'extérieur les liquides et les matières graisseuses à
1 état de fusion qu'on y dépose. Ce n'est que par l'application d'une glaçure et d'un vernis qu'on
arrive à arrêter les effets de cette perméabilité.

Tout vase antique couvert seulement à l'extérieur d'un enduit luisant et vitrifié, quelque mince
qu'il soit, retient l'eau, même l'eau bouillante pendant son ébullition et après son refroidissement,
pendant un temps indéfini. Mais que, comme il arrive à presque toutes les œnochoés et hydries
grecques de terre peinte, le dessous du pied n'ait pas reçu d'application de vernis, on voit au
bout de quelque temps le vase perdre l'eau par ce point, où il s'établit un suintement. C'est là
une expérience des plus faciles à faire.

Tant que la poterie argileuse à pâte tendre reste mate, c'est-à-dire sans aucun vernissage
qui vienne y établir une couverte imperméable, rien n'arrête cet effet de perméabilité, qui fait
que le récipient céramique ne remplit que bien imparfaitement son objet.

Cependant la masse principale de la poterie commune de l'antiquité, dans tous les temps et
chez tous les peuples, celle qui était à bon marché et servait aux usages vulgaires, est toujours
absolument mate, sans lustre, ni glaçure, ni vernis, même quand elle était appelée à servir
aux emplois de la cuisine et de la table, même quand on en faisait les grands vases appelés à la
même destination que nos tonneaux de bois, les amphores et les pithoi ou dolia, dans lesquels on
conservait l'eau, le vin, l'huile. Sous ce rapport, les anciens se sont contentés avec une facilité
qui nous étonne, et ils n'ont jamais eu pour contenir les liquides, en dehors des vases de métal,
que des récipients bien peu satisfaisants.
 
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