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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Ménard, René: Aligny et le paysage historique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0049

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34 L'ART.

proprement dites, de celles qui portent un nom historique et que les archéologues étudient
spécialement ; je parle de ces restes indéterminés, de ces débris qui semblent n'être là que pour
donner au paysage un accent particulier et qui, en Italie, se rencontrent à chaque pas.

Les environs de Naples sont particulièrement riches en sites de ce genre, et Aligny, qui avait
un véritable culte pour le paysage italien, a fait un long séjour dans ces parages et en a rapporté
de nombreux dessins. Les Murs de Corpo di Cava frappent tout d'abord par ce mélange de vieux
restes et d'habitations modernes dont je parlais tout à l'heure. Il y a dans ce dessin et dans celui
qui représente Un Vieux Pont dans la même contrée une singulière saveur de cru ; on se sent de
suite au cœur de l'Italie et nulle hésitation n'est possible. Cette transition entre le présent et le
passé, qui est le caractère tout spécial des villages italiens, est très sensible ici. Oh! il ne faut pas
chercher l'aspect vivant et prospère d'un village de France ou d'Angleterre. Nul tuyau de fabrique,
nulle gare de chemin de fer, rien de bien engageant pour un ami du confortable : les ponts et
chaussées n'ont pas encore nettoyé tout cela, la voie n'est pas aplanie, et les arbres poussent
un peu où ils veulent. Un homme du monde ne choisira certainement pas sa résidence dans un
endroit pareil, mais un artiste sera frappé de l'accord qui existe entre la silhouette des construc-
tions et les belles montagnes aux arêtes dentelées qui les encadrent comme un vaste amphithéâtre.

Le Vésuve apparaît dans trois de nos dessins pris aux environs de Naples. Le volcan ne
s'affiche pas, il se montre discrètement à l'horizon et se reconnaît par sa belle silhouette plus
encore que par la fumée qui s'en échappe. Ces dessins, au surplus, appartiennent encore au
naturalisme pur et sont reproduits sans aucune arrière-pensée de sujet historique ou mythologique.

C'est dans un sentiment analogue qu'Aligny a conçu et exécuté ses belles eaux-fortes d'après
les montagnes de l'Attique. Le Pentélique notamment a fourni à l'artiste des motifs du plus grand
style et d'une singulière austérité d'allure. Quant à sa manière de comprendre l'eau-forte, elle est
toute spéciale, mais parfaitement conforme aux sujets qu'il voulait représenter et à l'impression
qu'il voulait traduire. L'effet est presque nul : ce sont, comme ses dessins, de simples traits
légèrement rehaussés d'ombres à quelques endroits. Le charme vient de la netteté des formes, de
la belle manière de présenter le site et du dessin ferme et puissant de ces montagnes aux arêtes
vives, dont Aligny connaissait si bien la structure.

Nous avons vu les dessins et les eaux-fortes d'Aligny, il faut maintenant jeter un coup d'œil
sur ses tableaux. La peinture n'est pas le côté intéressant de son talent : cependant c'est par ses
tableaux qu'il s'est fait connaître au public, et s'ils ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu'il
sentait, il s'en faut de beaucoup qu'ils soient absolument sans mérite.

IV

C'est au Salon de 1822 qu'Aligny a débuté par un paysage représentant Daphnis et Chloé.
j'ignore ce qu'est devenu ce tableau, qui devait accuser une assez grande inexpérience et qui
d'ailleurs n'a été nullement remarqué. C'est en effet dans les années qui suivirent qu'Aligny
commença une série d'études d'après nature et prit en quelque sorte une manière de voir
personnelle. A une époque où la forêt de Fontainebleau n'était pas encore fréquentée par les
artistes, il vint s'établir dans un des villages de la lisière, et toujours ballotté entre le désir
d'imprimer au paysage un caractère en quelque sorte historique et le besoin de traduire la nature
telle qu'elle se présentait sous ses yeux, il entreprit deux tableaux d'un ordre très différent, mais
qui apprirent son nom au public. ' Le Massacre des druides, qui figurait au Salon de i83i, le fit
classer d'emblée parmi les romantiques, et les Carrières de Fontainebleau, qui figurèrent au
Salon de i833, purent faire croire un moment qu'il allait se jeter résolument dans le naturalisme.

Le Prométhée du Salon de 1837 est le tableau qui a établi définitivement sa réputation. Il se
fit un grand bruit autour de cette toile, dont le sujet était emprunté à une tragédie grecque, mais
dont le caractère sauvage ne pouvait manquer de plaire aux adeptes du romantisme. Le Prométhée,
acquis pour le musée du Luxembourg, figura plus tard à l'Exposition universelle de 1855. C'est
 
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