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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Chesneau, Ernest: Eugène Delacroix, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0091

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74 L'ART.

le Dies irœ. Et à l'appui de cette observation, il se plaisait alors à nous citer un second exemple
de la sensation éprouvée et du résultat obtenu, à propos de sa Descente de croix de l'église
Saint-Denis du Saint-Sacrement : là, c'étaient les chants religieux du mois de Marie qui, au dire
du maître, avaient favorablement influé sur l'exécution de son œuvre et lui avaient inspiré
notamment cette pose si douloureusement abandonnée de la Madeleine évanouie. »

C'est au lycée impérial (Louis-le-Grand) que Delacroix fit ses études universitaires. Il y eut
pour condisciples le docteur Véron et aussi Philarète Chasles, cet esprit éminent, si large et si
varié, que ses contemporains n'ont pas classé à son véritable rang, très au-dessus des doctrinaires
et des pédants spiritualistes. Philarète Chasles a, clans ses Mémoires, tracé de l'Eugène Delacroix
d'alors un portrait étrangement vivant et à coup sûr ressemblant.

« ... J'étais au lycée avec ce garçon olivâtre de front, à l'œil qui fulgurait, à la face mobile,
aux joues creusées de bonne heure, à la bouche délicatement moqueuse. Il était mince, élégant
de taille, et ses cheveux noirs abondants et crépus trahissaient une éclosion méridionale...
Eugène Delacroix couvrait ses cahiers de dessins et de bonshommes. Le vrai talent est chose
tellement innée et spontanée que, dès sa huitième et neuvième année, cet artiste merveilleux
reproduisait les attitudes, inventait les raccourcis, dessinait et variait tous les contours, poursui-
vant, torturant, multipliant la forme sous tous les aspects avec une obstination semblable à de la
fureur... Tout était véhément chez Delacroix, même son amitié qu'il m'a conservée jusqu'à la
mort... »

C'est Delacroix en 1815. Il était encore au lycée, déjà connaissant le peintre Guérin, allait
voir chez lui ses tableaux du Salon, et se proposait de passer quelque temps dans son atelier,
quand « il ne serait plus à ce lycée, pour avoir au moins un petit talent d'amateur ». (Lettre
du 25 août 1815.) Les premières impressions pittoresques lui vinrent (Riesener) des Martyrs du
Corrège qui nous furent enlevés précisément en cette année i8i5. Beaucoup plus jeune, il assistait
fort ému à l'exécution du médaillon de son père par un sculpteur italien, et ce n'est pas une
hypothèse gratuite que d'attribuer une égale influence à la vue d'une peinture de Goya qu'il eut
constamment sous les yeux pendant toute sa jeunesse et même beaucoup plus tard. Je parle du
portrait de M. Guillemardet, ami et collègue de son père à la Convention et qui avait signé
comme témoin à son acte de naissance. Les fils de ce Guillemardet restèrent les plus intimes
amis de Delacroix. Le portrait est aujourd'hui au Louvre.

« Dès sa huitième année il couvrait ses cahiers de dessins et de bonshommes », dit Philarète
Chasles. On en connaît même d'une date antérieure. Sur un petit almanach de 1804, décrit par
M. Burty, on rencontre des dessins enfantins à la mine de plomb, une marguerite, un profil de
jeune homme, deux urnes, deux bonshommes debout. — Dès 1814, il fait un premier essai de
gravure sur un fond de casserole, un bossu, un buste de « Buona parte », un officier sur un
cheval au galop. Cela est encore enfantin, mais un burin de la même année est déjà très
supérieur. Dans les blancs, sur la planche, retrouvée dans quelque tiroir, d'un en-tête de lettre
officielle de la préfecture des Bouches-du-Rhône, il grave divers motifs, un moine assistant un
condamné, une tête d'homme à cheveux longs que je prendrais volontiers pour un portrait de
Murât, et surtout un buste d'officier portant cuirasse, écharpe et bâton de commandement, dans
le goût des cavaliers de Rubens et de Van Dyck. A la sûreté du trait, ce dessin me paraît
exécuté d'après une ancienne gravure. De là date l'habitude qu'il prit et conserva « de faire
chaque jour des croquis en quelques traits d'après des gravures, dont il s'attachait à rendre le
caractère le plus saillant. Rubens lui en avait donné l'idée. Il avait lu quelque part que ce fut à
cet exercice journalier, pendant le temps qu'il passa en Italie, qu'il acquit une grande facilité,
ainsi qu'à des études profondes d'anatomie. Celles que Delacroix a faites lui-même et qu'il m'a
données dans ce but sont extrêmement remarquables. » Ce détail nous est fourni par M. Lassalle
Bordes, dans les Notes qu'il a communiquées à M. Burty et où ce praticien vaniteux, aigri, parle
de son maître en des termes inqualifiables.

En 1816, Delacroix entre chez Guérin, le peintre du Marcus Sextus, qui travaillait alors à
son tableau à'Enée et Didon, et s'y lie avec Géricault, déjà célèbre pour avoir exposé Y Officier de
 
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