Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

DOI Artikel:
Leroi, Paul: Salon de 1882, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0116

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext


L'ART.

VII

En dehors des Cercles, il a encore pullulé des exhibitions plus ou moins méritoires — plutôt
moins. Parmi ces dernières, il faut compter le début de la Société des Paysagistes, Peintres de
Marine et Orientalistes français, très maigre début, et une septième édition de l'annuelle Descente
de la Courtille due à MM. les « Artistes Indépendants », —■ c'est l'enseigne actuelle de ces
persévérants iconoclastes, dont le fiasco n'a rien laissé à désirer.

Un seul incident a jeté quelque gaieté sur ce somnifère milieu d'intransigeance artistique.
Je veux parler de la rentrée au bercail de M. Pierre-Auguste Renoir, ce naïf enfant prodigue
qui a pris au sérieux les spirituels reproches qu'on lui avait adressés à propos de sa désertion.
Il a réussi à se la faire à jamais pardonner en envoyant à cette solennité dévergondée la série la
plus inouïe de barbouillages féroces que puisse imaginer un calomniateur de Venise. Les bonnes
gens qui, après avoir vu Une Loge à l'Opéra, croyaient à un commencement d'évolution sensée,
désespèrent définitivement; M. Renoir n'a pas fait les choses à demi, il s'est rejeté à corps perdu
en pleine folie; c'est ce qu'il appelle avoir été peindre à Venise d'après nature!

Ces deux Exhibitions, également palpitantes d'ennui, se sont tenues dans la galerie du
Panorama de Reichshoffen, où expose en ce moment, pour la première fois, la Société des
Animaliers qui est autrement sérieuse. Elle vaut qu'on se dérange, bien qu'on y cherche sans
succès l'artiste de force à recueillir la succession de Troyon.

A citer pour mémoire l'Exposition qu'avaient organisée, avenue de l'Opéra, les artistes russes.
Rien de saillant.

VIII

La petite coterie qui s'est constituée, il y a quatre ans, en Société d'Aquarellistes français,
vient d'obtenir un énorme succès d'emménagement. Devenue locataire de M. Georges Petit, elle
a inauguré la vaste galerie qu'il s'est fait construire, rue de Sèze, par M. Bon, un architecte de
goût qui a tiré le plus excellent parti d'un terrain difficile à bien utiliser. C'est sans discussion
possible la plus parfaite installation de ce genre qui existe à Paris ; la critique n'a de réserves à
formuler qu'au sujet du plafond de cette grande salle si bien aménagée ; il n'est pas suffisamment
soutenu au point de vue décoratif; il repose trop directement sur les quatre murs.

Le luxe intelligent, l'extrême comfort ont fait du même coup porter aux nues l'Exposition
qui était fort loin de mériter cet excès d'honneur. Pour qui s'est donné la peine d'étudier
consciencieusement les œuvres envoyées par chaque sociétaire, il faut en rabattre, et largement,
de l'enthousiasme de la badauderic.

Ce qui est vrai, c'est que, prise dans son ensemble, — il y a de brillantes exceptions, —•
la Société marche dans une voie déplorable. Elle se livre surtout à la confection d'aquarelles à
la dernière mode, — art exclusivement fashionable, art essentiellement éphémère, si art il y a.
Cela se vend, — pour le quart d'heure, — beaucoup et cher, très cher. Donc c'est excellentis-
sime, conclut le gouvernement, et avec son intelligence de tout ce qui touche aux questions
d'art, il s'est empressé d'encourager solennellement ce genre de produits en ornant d'une rosette
le manufacturier en chef de l'association. On ne saurait trop applaudir à cette heureuse distinction,
d'abord parce qu'elle est avant tout hiérarchique, et par conséquent conforme aux plus saines
traditions de la sacro-sainte bureaucratie devant laquelle se sont toujours inclinés docilement
tous les ministres passés et présents, puis parce qu'on ne pouvait faire moins pour le fabricant
ingénieux qui, sous forme de Portrait — et quel portrait ! — venait détrôner la gravure de
mode et inaugurer le règne de l'aquarelle de mode, — ce qui n'est pas une médiocre aggrava-
tion de l'aquarelle à la mode.

Vous me direz que le ministre invité à l'inauguration, du moment où il était décidé à
 
Annotationen