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Leroi, Paul: Salon de 1882, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0118
I oo
L'ART.
à bon droit., il lui arrive souvent d'atteindre à la perfection. Elève d'un maître dont les disciples
tombent à qui mieux mieux dans le pastiche, il a su dégager une franche personnalité ; c'est
énorme. Aussi est-il de ceux avec qui l'avenir comptera, tout en faisant la part de ses défauts et
de ses qualités, qui n'ont, les uns et les autres, jamais mieux éclaté qu'en cette Exposition.
Dans Bi\erte, chaque groupe, chaque figure, chaque détail est irréprochable, et cependant
l'ensemble est dur, sec, tourne au papier peint, n'existe pas en quelque sorte — faute d'enveloppe.
Résultat inévitable : les défauts, si faibles en réalité qu'ils soient, paraissent dominer.
On ressent une impression contraire devant le Souvenir des grandes manœuvres (3e corps
d'armée, général Lebrun, commandant en chef), bien que ce soit encore l'harmonie de l'ensemble
qui prête à la critique, mais le groupe des officiers étrangers qui occupent la droite et saluent,
à leur passage, le maréchal Canrobert et le général Lebrun, ce groupe est si admirablement
étudié, d'un dessin si fouillé, si précis, d'une mimique si juste, d'un tel esprit d'observation, d'une
fidélité de types si scrupuleuse, que le défaut disparaît pour ne laisser apparaître que les seules
qualités, et elles sont exquises.
Avec la Halte de la brigade Vincendon, che{ les Khroumirs (mai 1881J, c'est mieux encore.
L'œuvre est parfaite; c'est du Détaille de derrière les fagots. On objectera que c'est plutôt un
dessin rehaussé qu'une aquarelle ; — qu'importe !
Un artiste dont le talent ne sera jamais populaire, mais dont le talent est très grand, c'est
Français. Il restera de lui d'admirables lithographies, des dessins accomplis, des compositions
merveilleusement établies qui seront toujours un sujet d'études fécondes. Le peintre, qu'il peigne
à l'huile ou à l'eau, sera plus sévèrement jugé et non sans raison ; il compromet en effet ses
meilleures créations par le papillotage irritant de touches vert-de-grisées ; il abuse sans cesse de
ce regrettable défaut.
M. Duez progresse sérieusement comme aquarelliste. Mme Madeleine Lemaire, dont la peinture
à l'eau a tant d'éclat, doit se défier du chic qui l'entraîne au culte de l'à-peuqDrès, un vilain
culte.
Paul Leroi.
([,11 suite prochainement.)
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
Cui. - DE-LAMPE
composé et dessiné pour l'Art par Emile Blin.
L'ART.
à bon droit., il lui arrive souvent d'atteindre à la perfection. Elève d'un maître dont les disciples
tombent à qui mieux mieux dans le pastiche, il a su dégager une franche personnalité ; c'est
énorme. Aussi est-il de ceux avec qui l'avenir comptera, tout en faisant la part de ses défauts et
de ses qualités, qui n'ont, les uns et les autres, jamais mieux éclaté qu'en cette Exposition.
Dans Bi\erte, chaque groupe, chaque figure, chaque détail est irréprochable, et cependant
l'ensemble est dur, sec, tourne au papier peint, n'existe pas en quelque sorte — faute d'enveloppe.
Résultat inévitable : les défauts, si faibles en réalité qu'ils soient, paraissent dominer.
On ressent une impression contraire devant le Souvenir des grandes manœuvres (3e corps
d'armée, général Lebrun, commandant en chef), bien que ce soit encore l'harmonie de l'ensemble
qui prête à la critique, mais le groupe des officiers étrangers qui occupent la droite et saluent,
à leur passage, le maréchal Canrobert et le général Lebrun, ce groupe est si admirablement
étudié, d'un dessin si fouillé, si précis, d'une mimique si juste, d'un tel esprit d'observation, d'une
fidélité de types si scrupuleuse, que le défaut disparaît pour ne laisser apparaître que les seules
qualités, et elles sont exquises.
Avec la Halte de la brigade Vincendon, che{ les Khroumirs (mai 1881J, c'est mieux encore.
L'œuvre est parfaite; c'est du Détaille de derrière les fagots. On objectera que c'est plutôt un
dessin rehaussé qu'une aquarelle ; — qu'importe !
Un artiste dont le talent ne sera jamais populaire, mais dont le talent est très grand, c'est
Français. Il restera de lui d'admirables lithographies, des dessins accomplis, des compositions
merveilleusement établies qui seront toujours un sujet d'études fécondes. Le peintre, qu'il peigne
à l'huile ou à l'eau, sera plus sévèrement jugé et non sans raison ; il compromet en effet ses
meilleures créations par le papillotage irritant de touches vert-de-grisées ; il abuse sans cesse de
ce regrettable défaut.
M. Duez progresse sérieusement comme aquarelliste. Mme Madeleine Lemaire, dont la peinture
à l'eau a tant d'éclat, doit se défier du chic qui l'entraîne au culte de l'à-peuqDrès, un vilain
culte.
Paul Leroi.
([,11 suite prochainement.)
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
Cui. - DE-LAMPE
composé et dessiné pour l'Art par Emile Blin.