124 L'ART.
donner ici une traduction textuelle de toutes les trois, et de résumer à la fin les faits nouveaux
qu'elles nous offrent, les questions quelles soulèvent, les conclusions qui s'en dégagent.
Le notaire, Marinus Franciscus Vannius, commence ainsi sa déclaration : « Le 25 novembre
1682 : Codicilles de Claude Gellée. Moi, notaire public, selon la demande pressante et dûment
faite de MM. Jean Gellée, Joseph Gellée, et Agnès Gellée, me suis rendu à la maison de
l'habitation habituelle de Claude Gellée, située à Rome, devant l'Arc des Grecs. Arrivé là, je suis
entré dans la maison et monté au premier étage à l'appartement dans lequel se tenait la famille
de M. Claude. J'ai vu dans la première pièce de l'appartement ledit M. Claude mort, et étendu
sur une planche qui était dans ladite salle. Moi le notaire, etc., et les témoins soussignés ayant
reconnu son corps, etc. » Ici Vannius, qui a employé un latin de notaire, commence tout d'un coup
à se servir de sa propre langue : les codicilles et le testament sont écrits en italien. Il continue :
« Je passe donc à l'ouverture d'un codicille du Gellée fait le 25 juin 1670 et devant être lu à
sa mort. Quand il l'a fait il était malade et pour cette raison il avait fait écrire ses volontés
par d'autres, en les signant cependant lui-même. Voici le codicille. Moi, soussigné, Claude Gellée,
fils de Jean, de Chamagne, en Lorraine, après avoir fait mon testament signé, scellé, et déposé
chez le Sigr Francesco Marchetti, notaire capitolin, le 28 février 1663, ou dans un autre moment
encore plus triste (o altro più nero tempo), je fais maintenant aussi les codicilles ci-dessous,
comme suit, c'est-à-dire :
« D'abord, je confirme le legs fait à Agnès, ma petite (mia zitella), grandie et élevée dans
ma maison, des onze lieux du mont de Saint-Bonaventure (lochi di monte S. Bonaventura') ainsi
qu'il est dit clans ledit testament; je veux, au cas où ils seraient aliénés ou amortis (estinti),
qu'on lui en donne la valeur, et je lui lègue en outre cinq cents écus comptants, et aussi une
médaille d'or du pape Urbain, qui représente Monte Cavallo, une chaîne d'or de la valeur de
dix écus, et une bague avec un diamant monté en or.
« Item, je lègue à Jean Gellée, mon neveu, une médaille d'or du pape Urbain, qui représente
le Baptême de Constantin, une chaîne et une bague avec trois petits diamants.
« Item, j'ordonne et veux que tous les biens dont j'ai disposé dans mon testament, et qui
devaient être divisés en trois parts, soient divisés en quatre parts; la quatrième part devra être
donnée à mon neveu Jean Gellée, qui est à présent dans ma maison.
« Item, je veux que des deux médailles d'or du pape Innocent qui représentent Saint Pierre
avec les clés, faites l'année sainte, l'une soit donnée à Jean Gellée, et l'autre à Claude Gellée.
fils de Marie Melchior Gellée de Chamagne.
« Item, je lègue à tous mes neveux susdits, à chacun vingt-cinq écus, c'est-à-dire à Jean et
Claude Gellée, fils du susdit Marie Melchior.
« Item, je lègue à chacune des trois filles du susdit Marie Melchior vingt écus.
« Item, je lègue aux enfants du sexe masculin ou féminin, nés ou à naître, de ma nièce
Anne Gellée, vingt-cinq écus entre eux.
« Item, je lègue une Madone, copiée d'après le Guide, de Bologne, par François Raguso, à
ma filleule, la femme du sieur Jean George Alardino, expéditeur.
« Item, je veux que, le jour de ma mort, dix écus soient distribués aux pauvres à titre
d'aumône, et que cinq écus comptants soient donnés aux femmes qui se trouveront à mon service
à l'époque de ma mort.
« Item, j'ordonne et je veux que mes héritiers nommés dans mon testament soient obligés
de faire célébrer dans l'église de Saint-Denys de Chamagne, ma patrie, cinquante messes pour
le salut de mon âme dans le délai de huit jours, après la nouvelle de ma mort.
« Item, je dis et déclare que s'il se trouve dans ma maison après ma mort quelque écrit
1. C'était un genre de placement assez commode et très en vogue depuis la fin du xvi" siècle. « Lieux de mont », dit Duclos dans ses
Considérations sur l'Italie, « sorte d'établissement de crédit fondé par le pape Sixte V. Sixte V... créa les lieux de mont qui répondent à nos
rentes sur la ville; ils étaient d'abord à cinq pour cent..., mais le coup décisif de Sixte V... fut qu'au lieu de payer les intérêts en espèces,
on ne les paya qu'en papier qui avait et continua d'avoir cours comme monnaie, que l'Etat reçoit et donne en payement. » Il est probable
que les patentes de ces placements avaient à peu près la même valeur, puisque, en disposant des cinq du mont Novenale, trois sont donnés
à Agnès et deux à Jean sans spécification aucune.
donner ici une traduction textuelle de toutes les trois, et de résumer à la fin les faits nouveaux
qu'elles nous offrent, les questions quelles soulèvent, les conclusions qui s'en dégagent.
Le notaire, Marinus Franciscus Vannius, commence ainsi sa déclaration : « Le 25 novembre
1682 : Codicilles de Claude Gellée. Moi, notaire public, selon la demande pressante et dûment
faite de MM. Jean Gellée, Joseph Gellée, et Agnès Gellée, me suis rendu à la maison de
l'habitation habituelle de Claude Gellée, située à Rome, devant l'Arc des Grecs. Arrivé là, je suis
entré dans la maison et monté au premier étage à l'appartement dans lequel se tenait la famille
de M. Claude. J'ai vu dans la première pièce de l'appartement ledit M. Claude mort, et étendu
sur une planche qui était dans ladite salle. Moi le notaire, etc., et les témoins soussignés ayant
reconnu son corps, etc. » Ici Vannius, qui a employé un latin de notaire, commence tout d'un coup
à se servir de sa propre langue : les codicilles et le testament sont écrits en italien. Il continue :
« Je passe donc à l'ouverture d'un codicille du Gellée fait le 25 juin 1670 et devant être lu à
sa mort. Quand il l'a fait il était malade et pour cette raison il avait fait écrire ses volontés
par d'autres, en les signant cependant lui-même. Voici le codicille. Moi, soussigné, Claude Gellée,
fils de Jean, de Chamagne, en Lorraine, après avoir fait mon testament signé, scellé, et déposé
chez le Sigr Francesco Marchetti, notaire capitolin, le 28 février 1663, ou dans un autre moment
encore plus triste (o altro più nero tempo), je fais maintenant aussi les codicilles ci-dessous,
comme suit, c'est-à-dire :
« D'abord, je confirme le legs fait à Agnès, ma petite (mia zitella), grandie et élevée dans
ma maison, des onze lieux du mont de Saint-Bonaventure (lochi di monte S. Bonaventura') ainsi
qu'il est dit clans ledit testament; je veux, au cas où ils seraient aliénés ou amortis (estinti),
qu'on lui en donne la valeur, et je lui lègue en outre cinq cents écus comptants, et aussi une
médaille d'or du pape Urbain, qui représente Monte Cavallo, une chaîne d'or de la valeur de
dix écus, et une bague avec un diamant monté en or.
« Item, je lègue à Jean Gellée, mon neveu, une médaille d'or du pape Urbain, qui représente
le Baptême de Constantin, une chaîne et une bague avec trois petits diamants.
« Item, j'ordonne et veux que tous les biens dont j'ai disposé dans mon testament, et qui
devaient être divisés en trois parts, soient divisés en quatre parts; la quatrième part devra être
donnée à mon neveu Jean Gellée, qui est à présent dans ma maison.
« Item, je veux que des deux médailles d'or du pape Innocent qui représentent Saint Pierre
avec les clés, faites l'année sainte, l'une soit donnée à Jean Gellée, et l'autre à Claude Gellée.
fils de Marie Melchior Gellée de Chamagne.
« Item, je lègue à tous mes neveux susdits, à chacun vingt-cinq écus, c'est-à-dire à Jean et
Claude Gellée, fils du susdit Marie Melchior.
« Item, je lègue à chacune des trois filles du susdit Marie Melchior vingt écus.
« Item, je lègue aux enfants du sexe masculin ou féminin, nés ou à naître, de ma nièce
Anne Gellée, vingt-cinq écus entre eux.
« Item, je lègue une Madone, copiée d'après le Guide, de Bologne, par François Raguso, à
ma filleule, la femme du sieur Jean George Alardino, expéditeur.
« Item, je veux que, le jour de ma mort, dix écus soient distribués aux pauvres à titre
d'aumône, et que cinq écus comptants soient donnés aux femmes qui se trouveront à mon service
à l'époque de ma mort.
« Item, j'ordonne et je veux que mes héritiers nommés dans mon testament soient obligés
de faire célébrer dans l'église de Saint-Denys de Chamagne, ma patrie, cinquante messes pour
le salut de mon âme dans le délai de huit jours, après la nouvelle de ma mort.
« Item, je dis et déclare que s'il se trouve dans ma maison après ma mort quelque écrit
1. C'était un genre de placement assez commode et très en vogue depuis la fin du xvi" siècle. « Lieux de mont », dit Duclos dans ses
Considérations sur l'Italie, « sorte d'établissement de crédit fondé par le pape Sixte V. Sixte V... créa les lieux de mont qui répondent à nos
rentes sur la ville; ils étaient d'abord à cinq pour cent..., mais le coup décisif de Sixte V... fut qu'au lieu de payer les intérêts en espèces,
on ne les paya qu'en papier qui avait et continua d'avoir cours comme monnaie, que l'Etat reçoit et donne en payement. » Il est probable
que les patentes de ces placements avaient à peu près la même valeur, puisque, en disposant des cinq du mont Novenale, trois sont donnés
à Agnès et deux à Jean sans spécification aucune.