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L'ART.
Tépoque à laquelle l'appréciait l'auteur du Catalogue raisonné ; un excès de nettoyage Ta malheu-
reusement déflorée.
Trouver une composition du maître de proportions considérables et qu'il ait exécutée sans
le concours d'aucun de ses élèves, c'est tellement exceptionnel au milieu d'une production vraiment
colossale de toiles immenses, que l'apparition en vente publique du Daniel dans la fosse aux
lions1 est à elle seule un événement dans cet événement qui met en tous pays le monde des
Curieux en émoi : la dispersion des trésors d'art de Hamilton Palace. C'est que pour cette toile
qui a tous les titres de noblesse — n'a-t-elle pas été gravée par Blooteling, Vander Leeuw, Lamb,
J. Ward et Street ? n'a-t-elle pas fait partie de la collection de Charles 1er à qui elle fut offerte
par Lord Dorchester2? — c'est que pour cette toile, tout doute est impossible, elle est entière-
ment de la main de Rubens qui l'atteste lui-même dans une de ses lettres en italien adressées
à Sir Dudley Carleton. Dans le très intéressant ouvrage de William Hookham Carpenter, publié
à Londres en 1844 sous ce titre : « Pictorial Notes : Consisting of a Memoir of Sir Anthony-
Van Dyck, ivith a descriptive Catalogue of the Etchings executed by him : and a Variety of
interesting Particulars relating to other Artists patroni\ed by Charles I. Collected from original
Documents in Her Majesty's State Paper Office, the Office of Public Records, and other Sources:i »,
on trouve à la page 140 la lettre de Rubens qui offre pour « fiorini 600, » à Sir Dudley Carleton,
alors ambassadeur de Jacques 1er près les États-Généraux des Provinces-Unies'1, « Daniel fra
molti Leoni cavati dal naturale, Originale tutto di mia mano ».
La ville à laquelle le nom de Rubens est à jamais associé, Anvers n'aura-t-elle pas à cœur
d'ajouter le Daniel dans la fosse aux lions aux merveilles de son Musée ? Il me semble que c'est
en quelque sorte pour elle le plus noble des devoirs.
Noël Gehuzac.
(La suite prochainement.)
1. Smith, tome II, page 1c2, n° 362, et Supplément, page 304, n° 222.
2. Le catalogue de la collection de Charles 1er a été imprimé; le Daniel dans la fosse aux lions y figure à la page 87 sous le n" 14.
3. Il résida dix ans à La Haye, fut créé, par Jacques I0'', baron Imbcrcourt, vicomte Dorchester par Charles I", et mourut en i63i. Sa
mémoire mérite d'être honorée par les artistes et les amateurs comme celle d'un véritable Mécène.
4. Il existe de cet ouvrage une excellente traduction française due à un des lettrés les plus distingués de la Belgique, M. Louis
Hymans.
CUL-DE-LAMPE
composé et dessine pour l'Art par Habert-Dys.
L'ART.
Tépoque à laquelle l'appréciait l'auteur du Catalogue raisonné ; un excès de nettoyage Ta malheu-
reusement déflorée.
Trouver une composition du maître de proportions considérables et qu'il ait exécutée sans
le concours d'aucun de ses élèves, c'est tellement exceptionnel au milieu d'une production vraiment
colossale de toiles immenses, que l'apparition en vente publique du Daniel dans la fosse aux
lions1 est à elle seule un événement dans cet événement qui met en tous pays le monde des
Curieux en émoi : la dispersion des trésors d'art de Hamilton Palace. C'est que pour cette toile
qui a tous les titres de noblesse — n'a-t-elle pas été gravée par Blooteling, Vander Leeuw, Lamb,
J. Ward et Street ? n'a-t-elle pas fait partie de la collection de Charles 1er à qui elle fut offerte
par Lord Dorchester2? — c'est que pour cette toile, tout doute est impossible, elle est entière-
ment de la main de Rubens qui l'atteste lui-même dans une de ses lettres en italien adressées
à Sir Dudley Carleton. Dans le très intéressant ouvrage de William Hookham Carpenter, publié
à Londres en 1844 sous ce titre : « Pictorial Notes : Consisting of a Memoir of Sir Anthony-
Van Dyck, ivith a descriptive Catalogue of the Etchings executed by him : and a Variety of
interesting Particulars relating to other Artists patroni\ed by Charles I. Collected from original
Documents in Her Majesty's State Paper Office, the Office of Public Records, and other Sources:i »,
on trouve à la page 140 la lettre de Rubens qui offre pour « fiorini 600, » à Sir Dudley Carleton,
alors ambassadeur de Jacques 1er près les États-Généraux des Provinces-Unies'1, « Daniel fra
molti Leoni cavati dal naturale, Originale tutto di mia mano ».
La ville à laquelle le nom de Rubens est à jamais associé, Anvers n'aura-t-elle pas à cœur
d'ajouter le Daniel dans la fosse aux lions aux merveilles de son Musée ? Il me semble que c'est
en quelque sorte pour elle le plus noble des devoirs.
Noël Gehuzac.
(La suite prochainement.)
1. Smith, tome II, page 1c2, n° 362, et Supplément, page 304, n° 222.
2. Le catalogue de la collection de Charles 1er a été imprimé; le Daniel dans la fosse aux lions y figure à la page 87 sous le n" 14.
3. Il résida dix ans à La Haye, fut créé, par Jacques I0'', baron Imbcrcourt, vicomte Dorchester par Charles I", et mourut en i63i. Sa
mémoire mérite d'être honorée par les artistes et les amateurs comme celle d'un véritable Mécène.
4. Il existe de cet ouvrage une excellente traduction française due à un des lettrés les plus distingués de la Belgique, M. Louis
Hymans.
CUL-DE-LAMPE
composé et dessine pour l'Art par Habert-Dys.