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Leroi, Paul: Salon de 1882, [3]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0178
154 L'ART.
En cz moment je ne fais folus çfue des portraits. Je suis pieux devant la nature, ce qui
ne fait pas toujours l'affaire de mes clients.
flien de drôle dans tout cela, n'est-ce pas, et ça n'a rien d'amusant.
Je vous remercie beaucoup, monsieur, de votre attention sur moi, et ie tâcherai de vous
être reconnaissant.
Ch. Ma.ub.in.
Eh non! jeune homme, il ne s'agit en aucune façon de m'ètre reconnaissant. Je manquerais
à mon devoir en ne faisant pas tout ce qui dépend de moi pour attirer l'attention sur vos deux
portraits qui révèlent un artiste de race. Je ne connais pas de joie plus profonde que d'avoir à
célébrer des œuvres de réelle valeur. Les vôtres vous assurent, dès cette première présentation
en public, une place absolument exceptionnelle dans l'estime des connaisseurs. Continuez résolu-
ment à marcher dans la voie féconde où vous vous avancez ; l'avenir vous appartient.
Dès aujourd'hui, jen suis certain, M. Paul Mantz, s'il était libre de ne suivre que ses
propres inspirations, s'efforcerait de décider l'un ou l'autre de vos deux modèles à céder son
portrait à l'État, et mon digne et excellent ami Etienne Arago, « ce noble cœur, ce cœur d'or»,
comme l'appelait si justement George Sand, ne laisserait, dans ce cas, point de repos à M. le
Directeur Général des Beaux-Arts, jusqu'à ce qu'il eût conquis votre œuvre pour son cher Musée
du Luxembourg, auquel sa verte vieillesse consacre toute l'inépuisable jeunesse de son infatigable
dévouement.
La peinture française est bien malade, Monsieur, mais des débuts tels que le vôtre empêchent
de se laisser aller au découragement; ils ouvrent à l'art français de nouveaux horizons et lui
promettent de nouvelles gloires. Je suis de ceux qui ont la foi inébranlable.
Paul Leroi.
(La suite prochainement.)
En cz moment je ne fais folus çfue des portraits. Je suis pieux devant la nature, ce qui
ne fait pas toujours l'affaire de mes clients.
flien de drôle dans tout cela, n'est-ce pas, et ça n'a rien d'amusant.
Je vous remercie beaucoup, monsieur, de votre attention sur moi, et ie tâcherai de vous
être reconnaissant.
Ch. Ma.ub.in.
Eh non! jeune homme, il ne s'agit en aucune façon de m'ètre reconnaissant. Je manquerais
à mon devoir en ne faisant pas tout ce qui dépend de moi pour attirer l'attention sur vos deux
portraits qui révèlent un artiste de race. Je ne connais pas de joie plus profonde que d'avoir à
célébrer des œuvres de réelle valeur. Les vôtres vous assurent, dès cette première présentation
en public, une place absolument exceptionnelle dans l'estime des connaisseurs. Continuez résolu-
ment à marcher dans la voie féconde où vous vous avancez ; l'avenir vous appartient.
Dès aujourd'hui, jen suis certain, M. Paul Mantz, s'il était libre de ne suivre que ses
propres inspirations, s'efforcerait de décider l'un ou l'autre de vos deux modèles à céder son
portrait à l'État, et mon digne et excellent ami Etienne Arago, « ce noble cœur, ce cœur d'or»,
comme l'appelait si justement George Sand, ne laisserait, dans ce cas, point de repos à M. le
Directeur Général des Beaux-Arts, jusqu'à ce qu'il eût conquis votre œuvre pour son cher Musée
du Luxembourg, auquel sa verte vieillesse consacre toute l'inépuisable jeunesse de son infatigable
dévouement.
La peinture française est bien malade, Monsieur, mais des débuts tels que le vôtre empêchent
de se laisser aller au découragement; ils ouvrent à l'art français de nouveaux horizons et lui
promettent de nouvelles gloires. Je suis de ceux qui ont la foi inébranlable.
Paul Leroi.
(La suite prochainement.)