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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Ilg, Albert: De l'influence de la France sur l'art roman en Autriche, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0185

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i6o

L'ART.

Dans la nouvelle période qui s'ouvre, et dans laquelle
l'impulsion artistique plus active et plus générale est donnée
par des princes de l'Eglise et par ces ateliers de monastères
dont j'ai parlé, on remarque de nouveaux et intéressants phé-
nomènes.

En Bavière, par exemple, les monuments datant de l'époque
romane sont nombreux; en Autriche, au contraire, il n'en
subsiste guère. Durant tout le xn° siècle, le style d'architec-
ture des églises en Bavière est très simple. On ne s'écarte pas,
en général, de la forme des basiliques avec supports de piliers
et les nefs transversales sont très rares. Il en est tout autre-
ment en Autriche, lorsque le style roman y prend racine, un
peu plus tard, il est vrai, qu'en Bavière. Les églises y sont à
trois autels alignés sur une même ligne; elles ont une grande
richesse dans les détails et les décorations dont la brillante
facture « diffère essentiellement des lourdeurs du style décoratif
de l'architecture romane en Bavière même à une époque plus
avancée '. »

Plus on rencontre de basiliques à piliers en Bavière, moins
on en trouve en Autriche, et je ne sache vraiment qu'une seule
église, celle de Sailen-Kellen, qui soit conçue dans ce style.
De même on ne rencontre guère en Bavière l'emploi simul-
tané des piliers et des colonnes aux arcades divisant les nefs,
tandis qu'il est très fréquent chez nous, et c'est seulement
dans les églises construites dans le voisinage immédiat de nos
contrées, par exemple, dans l'église de Saint-Pierre à Salz-
bourg, construite en 1127 après l'incendie de cette ville, qu'on
trouve appliqué ce principe d'ornementation.

Si les trois prélats que j'ai cités tout à l'heure appartien-
nent à la Bavière, l'un par sa naissance, les deux autres par
leurs fonctions ecclésiastiques, il n'en reste pas moins avéré
que ce n'est pas en Bavière, mais bien pendant leur séjour à
Paris qu'ils avaient appris à connaître les productions artis-
tiques de la France, qui exerça une influence prépondérante
sur leur carrière d'artistes.

Précisément à cette époque la France venait d'abaisser
l'Angleterre, et les provinces du nord, grâce à leur situation
politique, commençaient à montrer une certaine splendeur.
Dans toutes les villes on voyait s'élever des églises qui témoi-
gnaient par leurs dimensions et leur richesse architectonique
d'une efflorescence naissante de l'art.

Il est vrai que la plupart de ces cathédrales construites au
xi° siècle et dans la première moitié du xuc siècle se distinguent
de celles du Dauphiné, d'Arles, d'Avignon, etc., par une déco-
ration relativement beaucoup plus pauvre et qui se borne à
reproduire des figures géométriques. Mais cette simplicité de
style et d'ornementation est précisément ce qui caractérise les
églises de ce temps-là en Autriche. L'église de la Trinité à
Caen, par exemple, construite en 1064, esc une basilique cintrée
sévère et d'un style très pur : les ornements y sont rares, mais
toutes les lignes en sont claires et le plan d'ensemble est dessiné
avec fermeté. Elle a servi de modèle à une église d'une ville
de l'Autriche, qui semblait par sa situation géographique se
trouver au delà du rayon d'action de l'évêque Gebhart et de

1. Voyez Kugler.

ses deux amis et qui peut même être considérée comme étant
la limite extrême, sur les confins des pays slaves, qu'atteignit
l'art roman.

Je veux parler de la cathédrale de Karlsburg, en Tran-
sylvanie. Le plan en forme de croix de ce monument religieux,
la tour qui en surmonte le centre, et le carré que forment à
leur intersection l'abside et la nef principale, tout cela rappelle
les constructions normandes. Comment expliquer ce phéno-
mène? Pour moi, ce sont les croisés des Flandres et du nord
de la France qui doivent avoir apporté dans ce pays ce style
qui y était absolument étranger. Quelques archéologues ont
avec raison fait remarquer que cet exemple du style roman en
Transylvanie, s'il offre incontestablement beaucoup d'analogie
avec les églises du nord de la France, n'en a pas moins une
ressemblance frappante avec une autre église d'une époque
un peu antérieure, mais du nord de l'Allemagne : la cathédrale
de Paderborn.

Ce fait va me permettre de continuer à développer ma
thèse.

Cette cathédrale de Paderborn, fondée par l'évêque
Meinreck, fut consacrée en ioi5. Dès l'année suivante, le même
prélat y fonda le couvent d'Abdinghof. Or, avant même la
fondation de ce couvent, il avait, au cours d'un voyage en
France, engagé des moines de Cluny à venir s'y établir.

On le voit, c'est toujours à la même source que l'on puise
à cette époque.

Si l'on veut remonter plus haut encore, on trouve, par
exemple, qu'en Westphalie, lorsque fut construit le couvent
de Schildesche, on fit venir ex Gallia, fabi-os murarios et
cementarios (Erhard, Reg. hist. Westhphaliœ).

Le chœur de l'église de Magdebourg, fondé en 1208 par
l'archevêque Adalbert II, est aussi indubitablement inspiré,
sinon construit, d'après des plans venus de l'autre côté du
Rhin.

Ces quelques exemples montrent suffisamment quelle
influence l'art français exerçait déjà à cette époque sur toute
l'Allemagne, et ils expliquent pourquoi j'ai insisté précé-
demment sur le séjour fait à Paris par les trois prélats que
l'on sait et plus tard par le fils de Léopold le Saint.

L'expression dont se servent les légendes au sujet de
Gebhart, d'Altmann et d'Adalbero, lorsqu'elles assurent qu'ils
ont été les premiers à construire des églises de pierre, me
semble surtout remarquable, en ce sens qu'elle détermine
bien l'importance que ce séjour à Paris a eue au point de vue
de l'histoire de l'art en Autriche, si même on ne prend pas à
la lettre cette assertion des légendes.

A côté de l'influence prépondérante et absolument
décisive de la France sur l'art en Autriche, pendant la période
qui nous occupe, il faut aussi mentionner l'influence de l'art
byzantin. Mais elle est tout à fait secondaire.

D'' Il g,

Sous-Directeur de la Collection Impériale et Royale
d'Autriche-Hongrie.

[La suite prochainement.)

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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