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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Tincker, Mary Agnes: La Madone de Santa Chiara
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0193

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LA MADONE DE SANTA CHIARA. 167

Masaccio et Léonard. La Déposition, du palais Borghèse, est évidemment imitée de Mantegna,
et la Vierge sous un baldaquin, du palais Pitti, est également imitée de Fra Bartolommeo. Dans
la Vierge Colonna, qui appartient au duc de Ripalda et qui est maintenant dans la salle des
dépôts à la Galerie Nationale de Londres, la Mère, l'Enfant et saint Jean sont manifestement
empruntés à un tableau qui se trouve aujourd'hui à la Pinacothèque de Pérouse et qui a été
peint par Bernardino de Pérouse, mort cinquante ans avant l'époque de Raphaël.

Une peinture sur fond d'or par Raphaël est rare, mais elle est pour cela même doublement
précieuse. A l'époque où notre Madone fut exécutée, en môme temps que le petit tableau des
Bénédictins à Pérouse, qui est également sur fond d'or, l'artiste était encore tout à fait sous
l'influence de Giovanni, non seulement pour la peinture, mais aussi pour la dorure. Pungileoni
dit que le vieux Sanzio aimait beaucoup l'or dans les tableaux et qu'on l'employait à dorer les
anges et les chandeliers dans les églises, aussi bien qu'à préparer les fonds d'or pour d'autres
peintres. Effectivement, dans la magnifique fresque de Cagli, qui à elle seule suffit pour donner
à Giovanni une place élevée dans l'art, il a mis de l'or partout où il était possible d'en mettre,
bien que le fond ne soit pas doré.

Passavant nous montre Giovanni dans son atelier, à Urbino, exécutant des commissions de
peinture et de dorure, « une association des arts qui se voit encore de nos jours », dit-il, « et dont
sans doute on peut faire remonter l'origine au temps où l'on peignait sur fond d'or » (tome Ier,
page 25). 11 est très probable que le jeune Raphaël assistait son père dans les deux branches et
qu'il était aussi avancé dans la dorure que dans le dessin lorsqu'il alla étudier avec le Pérugin.

Enfin, pour nous résumer, nous avons en faveur de notre attribution de la Madone à Raphaël
plusieurs faits établis, à savoir : que depuis son époque jusqu'en 1860 elle a été conservée dans
le couvent de Santa Chiara, à Urbino, gardée et respectée comme une œuvre de lui ; que telle la
croyaient les visiteurs et comme telle la recherchaient les acquéreurs ; qu'un monogramme et
deux inscriptions attestent son origine ; qu'aucun doute sur son authenticité ne fut jamais exprimé
jusqu'au jour où Pungileoni, dans le siècle présent, vint à en émettre un qui, bien que répété
par d'autres, n'en reste pas moins fondé sur une erreur dans la lecture et l'interprétation de
l'inscription ; que ceux qui font des objections ne sont pas d'accord dans leurs conclusions ; qu'ils
manquent d'exactitude dans leurs descriptions au point de faire croire à leurs lecteurs qu'ils n'ont
jamais vu le tableau ou qu'ils l'ont observé sans attention aucune, et qu'ils n'ont à opposer ni
un fait ni une preuve quelconque ; par conséquent donc toutes les probabilités sont en faveur de
notre thèse.

Enfin, pour terminer, ceux qui refusent de reconnaître la Madone de Santa Chiara pour
une œuvre de Raphaël obéissent bien moins à un raisonnement basé sur des faits qu'à une
certaine habitude et façon de penser. Les personnes qui aiment les arts, après avoir si longtemps
cherché et admiré les créations de leur peintre favori, éprouvent une répugnance mêlée d'une
sorte de colère, lorsqu'on leur demande de recevoir et d'accueillir comme son œuvre un tableau
resté comme enseveli pendant plus de trois siècles et qui n'a été accessible qu'à un petit nombre
de religieuses et aux très rares visiteurs auxquels elles permettaient de le voir.

Mary Agnès Jincker.

Nous avons cru être agréable au lecteur en ajoutant à cet article, qui résume tous les
arguments en faveur de l'attribution de ce tableau à Raphaël, la description du tableau lui-même,
telle que nous la trouvons clans le livre que le professeur Farabulini a consacré à discuter cette
question :

M. A. J.

« Le tableau représente la sainte Vierge jusqu'à la ceinture ; elle est debout, la face légère-
ment tournée à gauche, les yeux baissés, avec une expression virginale ; son attitude est pleine
de grâce. Elle est vêtue d'une riche et splendide draperie. La magnifique et longue chevelure
dorée, qui tombe le long des joues et de la gorge en tresses libres et ondulées, donne de la
 
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