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Gehuzac, Noël: Hamilton Palace, [6]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0221
ig2 L'ART.
Un des recueils hebdomadaires les plus influents de la Grande-Bretagne, The Athenœum,
ne s'est-il pas écrié, dans son numéro du 27 mai, à propos
de la part éventuelle que pourra prendre le Gouvernement
français aux enchères de Hamilton Palace : « It jvould be
monstrous folly to allojp several of the fine things in the
collection to leave the country? » Et The Athenœum de
mettre patriotiquement le ministère anglais en demeure de
ne pas commettre cette « monstrueuse folie », et d'ouvrir
pour cette vente de larges crédits à la National Gal-
lery, etc., etc.
La France doit amèrement regretter l'avance que sa
propre incurie a laissé prendre à divers Musées étrangers,
qui existaient à peine il y a bien peu d'années. C'est ainsi
que la National Gallery, qui ne compte guère plus d'un
demi-siècle d'existence, a su, pour certaines écoles, pour
certaines périodes de ces écoles, s'assurer une suprématie
indiscutable. Pareil fait n'eût pu se produire si le Louvre,
comme tous les Musées français, n'avait toujours eu un
budget absolument dérisoire ; il est plus que temps de
couper court à cette situation à la fois précaire, humiliante
et profondément nuisible aux intérêts et à la grandeur du
pays.
Aiguière en aventurée. Au chef-d'œuvre de Sandro Botticelli, à cette Assomp-
Travaii byzantin du vin" siècle, avec monture en or tioii de la Vierge dont nous rêvons l'entrée au Louvre et
du temps de Louis xv. ui y brillerait lus glorieusement que le Murillo, si chère-
(Collections de Hamilton Palace.)
Dessin de h. Toussaint. ment payé à la vente de la galerie du maréchal Soult,
succéderont des porcelaines de la Chine, aussi anciennes,
aussi belles que nombreuses, et les objets en matières précieuses, peu nombreux ceux-là, mais
la qualité compense largement la
quantité. Aussi se disputera-t-on avec
acharnement le vase en cristal de
roche gravé avec monture en vermeil,
la coupe en jaspe sanguin, le vase
en agate orientale avec monture en
or, et surtout cette splendide aiguière
en aventurine avec anse prise dans la
masse, pièce d'origine byzantine qui
remonte au vnie siècle et qui a été
ornée, sous le règne de Louis XV,
d'une monture en or du plus grand
goût. Rien d'élégant comme la chèvre
étendue sur l'anse, rien de séduisant
comme la figurine enfantine couchée
sur le couvercle ! Un motif rocaille
enserre la base et le tout est si heu-
reusement conçu que cette monture
plus jeune de mille ans semble être
la mieux appropriée que l'on pût dé-
vase en cristal de roc he gravé, avec monture en vermeil.
Sirer pour Cette magnifique aiguière. (Collections de Hamilton Palace.) - Gravure de h. Thiriat.
Les Sèvres suivront, et l'ardeur
des compétitions ne se ralentira pas en présence de la garniture de trois vases blancs montés
Un des recueils hebdomadaires les plus influents de la Grande-Bretagne, The Athenœum,
ne s'est-il pas écrié, dans son numéro du 27 mai, à propos
de la part éventuelle que pourra prendre le Gouvernement
français aux enchères de Hamilton Palace : « It jvould be
monstrous folly to allojp several of the fine things in the
collection to leave the country? » Et The Athenœum de
mettre patriotiquement le ministère anglais en demeure de
ne pas commettre cette « monstrueuse folie », et d'ouvrir
pour cette vente de larges crédits à la National Gal-
lery, etc., etc.
La France doit amèrement regretter l'avance que sa
propre incurie a laissé prendre à divers Musées étrangers,
qui existaient à peine il y a bien peu d'années. C'est ainsi
que la National Gallery, qui ne compte guère plus d'un
demi-siècle d'existence, a su, pour certaines écoles, pour
certaines périodes de ces écoles, s'assurer une suprématie
indiscutable. Pareil fait n'eût pu se produire si le Louvre,
comme tous les Musées français, n'avait toujours eu un
budget absolument dérisoire ; il est plus que temps de
couper court à cette situation à la fois précaire, humiliante
et profondément nuisible aux intérêts et à la grandeur du
pays.
Aiguière en aventurée. Au chef-d'œuvre de Sandro Botticelli, à cette Assomp-
Travaii byzantin du vin" siècle, avec monture en or tioii de la Vierge dont nous rêvons l'entrée au Louvre et
du temps de Louis xv. ui y brillerait lus glorieusement que le Murillo, si chère-
(Collections de Hamilton Palace.)
Dessin de h. Toussaint. ment payé à la vente de la galerie du maréchal Soult,
succéderont des porcelaines de la Chine, aussi anciennes,
aussi belles que nombreuses, et les objets en matières précieuses, peu nombreux ceux-là, mais
la qualité compense largement la
quantité. Aussi se disputera-t-on avec
acharnement le vase en cristal de
roche gravé avec monture en vermeil,
la coupe en jaspe sanguin, le vase
en agate orientale avec monture en
or, et surtout cette splendide aiguière
en aventurine avec anse prise dans la
masse, pièce d'origine byzantine qui
remonte au vnie siècle et qui a été
ornée, sous le règne de Louis XV,
d'une monture en or du plus grand
goût. Rien d'élégant comme la chèvre
étendue sur l'anse, rien de séduisant
comme la figurine enfantine couchée
sur le couvercle ! Un motif rocaille
enserre la base et le tout est si heu-
reusement conçu que cette monture
plus jeune de mille ans semble être
la mieux appropriée que l'on pût dé-
vase en cristal de roc he gravé, avec monture en vermeil.
Sirer pour Cette magnifique aiguière. (Collections de Hamilton Palace.) - Gravure de h. Thiriat.
Les Sèvres suivront, et l'ardeur
des compétitions ne se ralentira pas en présence de la garniture de trois vases blancs montés