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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Ilg, Albert: De l'influence de la France sur l'art roman en Autriche, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0293

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258

L'ART.

mais leur disposition offre une analogie frappante avec celle
de certaines cathédrales de France. Le cloître de Vidring, en
Carinthie, fut colonisé en 1142 par des Cisterciens de
Villars, entre lesquels sont mentionnés: diversis artibus periti.

L'exemple dont je viens de parler appartient déjà au
xive siècle, par conséquent à la période gothique. Je n'ai donc
pas à m'en occuper dans ce travail. Tout ce que je veux faire
remarquer à ce propos, c'est que les rapports qui existèrent
entre l'art français et l'art autrichien pendant la période
romane se maintinrent et persistèrent pendant l'ère gothique.
C'est d'ailleurs un fait indéniable que nos contrées orientales
ne se sont ouvertes que tardivement à la civilisation. Les
montagnes qui nous entourent nous isolaient du reste du
monde, car alors c'étaient là d'insurmontables barrières. Aussi
les relations commerciales avec l'étranger ne s'établirent-elles
que très lentement. Dans les pays plats, au contraire, ces
relations promptement développées étaient en quelque sorte
le véhicule de toutes les activités intellectuelles, en facilitant
l'échange des idées et des sentiments entre le nord et le
midi.

Tandis qu'au dehors toutes les causes de progrès agissent
efficacement, et font disparaître la rudesse des mœurs, les
inégalités de race, tout en Autriche demeure stationnaire,
enseveli en quelque sorte dans le passé pendant de longues
années. Jusqu'à l'époque gothique, les monastères étaient véri-
tablement les seuls et uniques centres de civilisation et les
religieux furent en réalité les premiers instituteurs de ce pays.
Ils furent les seuls soutiens, les seuls promoteurs, les seuls
initiateurs de l'art, et pendant longtemps même les seuls
artistes. C'est pourquoi aussi l'art roman conserve un carac-
tère si éminemment religieux et exclut la magnificence dans
les lignes, la grandeur dans le plan, la fantaisie dans les
caprices de l'ornementation. Et s'il varia à la fin ses types
primitifs, ce furent là des concessions au mouvement de plus
en plus mondain qui se manifestait déjà alors et qui se con-
formait toujours davantage à l'esprit national.

L'architecture gothique dans notre pays ne pouvait donc
pas avoir le caractère qu'elle eut en France et en Allemagne
où elle était, si je puis ainsi dire, l'écho monumental d'une
bourgeoisie riche, puissante, heureuse, et qui avait ses audaces.
Plus nous pénétrons avant dans cette période, plus les noms,
les faits et les renseignements abondent. Nous devons nous
borner cependant à n'y trouver qu'une nouvelle preuve de
l'influence de l'étranger sur l'art en Autriche, car de toutes les
œuvres nées au contact de cette influence, il ne nous reste
plus, malheureusement, grand'chose.

Pendant le règne énergique de Léopold le Glorieux, l'art
avait eu un essor remarquable et le pays avait joui d'une
grande prospérité. Sous Frédéric une nouvelle tourmente
s'élève, qui va pendant de longues années couvrir le pays de
dévastations et de ruines. Cette époque néfaste s'étend jus-
qu'au règne de Rodolphe. Pendant que la guerre désole nos
contrées, on voit moins de fondations de couvents et l'on ne
construit plus guère. Sous le règne d'Albert, ce sont les
guerres à l'étranger qui appellent la partie la plus vivace de la
nation sur les champs de bataille. Sous les archiducs Frédé-
ric, Othon et Albert, l'art commence seulement à briller de
nouveau, et l'on entreprend quelques grands monuments, tels
que les églises de Mauerbach, Saint-Augustin, l'église des
Mineurs, à Vienne, Gaming et Neuberg.

Alors se fonde encore cette grande corporation des archi-
tectes de Vienne, qui devint aussi célèbre que celle de Cologne
et qui fut même plus estimée que celle de Strasbourg et de
Zurich. Dès lors l'architecture gothique prend un autre carac-
tère et se rapproche davantage, en se développant, du style qui
règne dans le reste de l'Allemagne.

La plus considérable de ces associations, la corporation
de Saint-Etienne étend son action sur la basse et la haute

Autriche, sur une partie de la Bohême, sur la Styrie, la Carin-
thie et la Carniole. Comme toutes les associations de ce genre,
elle était un produit de la vie communale. Forte par la frater-
nité qu'elle créait entre les artistes, puissante par l'union
qu'elle donnait à leurs efforts, composée d'ailleurs d'éléments
laïques avides d'enlever aux moines le monopole qu'ils avaient
possédé jusque-là, cette corporation de Saint-Etienne et les
corporations analogues sont en opposition avec les anciennes
écoles monastiques et s'efforcent d'en détruire la prépondé-
rance.

En prenant ainsi pour base les guildes locales, l'art archi-
tectural se dérobe peu à peu à l'influence de l'étranger que les
moines, au contraire, par leur situation exceptionnelle en
dehors de la vie nationale proprement dite, avaient toujours
ardemment propagée. Toute personne étrangère était d'ailleurs
exclue des corporations. L'échange d'idées, d'opinions et de
sentiments se restreint de plus en plus à l'élément exclusive-
ment allemand, et l'on voit par exemple les constructions
gothiques de cette époque se rapprocher davantage des types
que l'on trouve à Ulm, à Nuremberg, sur les bords du Rhin
et même aux Pays-Bas. L'influence française s'efface au fur et
à mesure que ces tendances germaniques deviennent plus
accusées, et c'est l'église de Saint-Etienne qui est le centre de
ce mouvement.

Cet édifice sert de modèle pour les églises de Steyr et
d'Eggenburg où l'on en retrouve jusqu'aux détails. Et même
dans beaucoup de villages c'est le plan et d'autres particula-
rités de Saint-Etienne qu'on imite. Tout cela montre que l'art
a pris une autre direction et que désormais un système propre
préside à ses destinées dans notre pays.

On rencontre beaucoup de noms essentiellement germa-
niques, appartenant à l'Allemagne du nord et du centre, parmi
les maîtres qui pratiquent à Vienne. Les dessins d'études des
corporations viennoises, dont quelques spécimens sont par-
venus jusqu'à nous, montrent que ce sont' surtout les cathé-
drales de Fribourg, d'Esslingen, de Nuremberg, de Cologne et
de Strasbourg dont on étudie les plans et les détails.

En dépit de tout ce travail, et malgré certaines tendances
à l'originalité, il ne se forma pas cependant une école vérita-
blement nationale ayant son style à elle et son caractère propre.
Pour l'architecture, Vienne et Wiener-Neustadt paraissaient
tout particulièrement appelées à jouer ce rôle important.
L'une et l'autre ville s'étaient toujours distinguées par leur
goût artistique, leur bourgeoisie avait des sentiments élevés et
éclairés; Vienne en particulier, sous Rodolphe IV, le fondateur
de son université, avait cultivé avec éclat les arts et les sciences.
Ce fut malheureusement un essor passager, un été qui ne fut
pas suivi d'automne. Mathias Corvin, Frédéric IV et les
schismes religieux qui suivirent, provoquèrent de nouvelles et
déplorables calamités où furent noyées les plus belles conquêtes
des âges précédents.

La direction imprimée par l'architecture de l'Occident
avait cependant persisté sans interruption jusque dans le
xivc siècle, c'est-à-dire jusqu'à la période gothique. On sait pat-
exemple qu'entre 1244 et 1247 un architecte français, Villars
d'Honnecourt, a séjourné en Hongrie et qu'il y a travaillé. On
sait encore que l'empereur Charles IV, prince ami des arts,
dota la Bohême, où l'antique chapelle de Saint-George à
Prague dénote déjà l'influence française, de la cathédrale de
Saint-Gui pour l'érection de laquelle il fit venir des architectes
de France. La remarquable église de Kuttenberg date de la
même époque. Eh bien, toutes ces œuvres ont été conçues sous
l'influence directe des plus belles productions de l'art gothique
français, les cathédrales d'Amiens, de Reims et de Chartres.

Je termine ici. Les faits que j'ai cités suffiront, je l'espère,
à démontrer l'influence considérable de la France sur les pre-
mières manifestations de l'art en Autriche.
 
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