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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Charcot, Jean Martin; Richer, Paul: Les démoniaques dans l'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0014

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4 L'ART.

figure aucun des caractères précis soit de fépilepsie, soit de l'hystérie. Nous ajouterons même
que, du moins à notre sens, elle ne répond à aucune autre maladie convulsive connue.

Déjà un physiologiste éminent, Sir Charles Bell, a porté sur ce Possédé quelques apprécia-
tions, fort judicieuses à notre avis. 11 met en parallèle deux peintures de démoniaques : celle de
Raphaël et celle du Dominiquin dont il sera question plus loin, et il n'hésite pas à décerner la
palme à ce dernier.

« Cette figure, dit-il en parlant du démoniaque de Raphaël, n'est pas naturelle. Un médecin
conclurait en le voyant que le jeune homme feint un mal qu'il n'éprouve pas. Jamais enfant n'eut

des convulsions semblables... »

Nous ne pouvons que souscrire
à ce jugement. Dans la partie supé-
rieure du corps, qui seule paraît
sous le coup de la crise, les signes
de convulsions sont fantaisistes et
contradictoires. Malgré la distorsion
des globes oculaires, cette physio-
nomie n'est point celle d'un sujet en
état de crise. La bouche grande ou-
verte semble laisser échapper de
grands cris qui seraient en opposition
avec l'état de spasme généralisé,
dont la raideur qui envahit les
membres supérieurs tend à établir
l'existence. D'ailleurs, cette convul-
sion elle-même n'a rien de naturel.
Le bras droit est levé verticalement,
la main dans une pose académique
mais sans caractère. Le bras gauche
est abaissé, tous les muscles se des-
sinent en saillies violentes, le poignet
est étendu, les doigts sont écartés et
en extension forcée. Parmi les atti-
tudes imprimées à un membre par
le processus convulsif des attaques,
et qui peuvent varier de mille façons,
ainsi qu'on peut le voir dans d'autres
ouvrages 1, celle qui a été repré-
sentée par Raphaël est peut-être la

pour le jeune possédé de la Transfiguration. (Bibliothèque Ambrosienne.) Seule que l'on n'ait jamais l'occasion

d'observer. On sait que l'attitude de
la main la plus fréquente, lorsque l'avant- bras est étendu, consiste dans la flexion forcée du
poignet et des doigts avec pronation exagérée.

Enfin le jeune malade se tient d'aplomb et ferme sur les jambes. 11 marche fort correc-
tement, si bien que, vu le désordre de la partie supérieure du corps, les membres inférieurs ne
paraissent pas appartenir au même individu.

11 semble donc que dans cette seule figure Raphaël se soit laissé aller à accumuler les
invraisemblances et les contradictions.

Cependant, ce tableau devait avoir été l'objet de soins particuliers de la part du maître. Le
cardinal Jules de Médicis, qui l'avait commandé à Raphaël, avait fait la commande du même

Fac-similé d'une étude

i. Leçons sur les Maladies du système nerveux, par J. M. Charcot. Tome II, page 340. Paris, 1880. Etudes cliniques sur la Grandc-
liystérie ou hystéro-épilepsie, par Paul Richer. Seconde édition. Paris, iS85.
 
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