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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Charcot, Jean Martin; Richer, Paul: Les démoniaques dans l'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0022

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12

L'ART.

accentuée. Enfin l'œil a subi une modification malheureuse ; la pupille, au lieu de se cacher sous
la paupière supérieure, apparaît toute grande à l'angle externe de l'œil. Un autre changement
mérite d'être noté, et semblerait trahir la préoccupation de l'artiste de faire plus saisissant : la main
qui déchire les vêtements a saisi l'ouverture de la chemise et découvre complètement le sein,
tandis que sur le tableau, bien que la chemise soit entrouverte, le sein est entièrement caché.
Mais on peut alléguer que la gravure s'adressait au public et la peinture à une église.

Etude pour la « Possédée » du musée de Vienne. — L'un de nous possède une lithographie
d'origine anglaise, exécutée d'après une esquisse de Rubens de cette composition. Nous ne
connaissons pas cette esquisse en original, mais la lithographie présente une sécheresse et des
incorrections de dessin qui doivent être mises sur le compte de l'interprète. Quoi qu'il en soit,
cette esquisse a été indubitablement peinte par l'artiste pour la tète de sa Possédée de Vienne, et
Ton y retrouve tous les grands caractères d'exactitude rigoureuse et d'effet magistral, sur lesquels
nous avons insisté. La lithographie nous permet de les apprécier et de les voir de plus près en
quelque sorte, c'est pourquoi nous en donnons ici une reproduction. Le gonflement du cou y est
bien représenté, ainsi que la convulsion des globes oculaires. La langue est plus large et mieux
saillante sur le tableau; la bouche est la partie dont le dessin laisserait le plus à désirer '.

Dessin de la collection du Louvre. — Le musée du Louvre possède un dessin à la pierre
noire, gouaché et rehaussé de blanc sur papier gris, représentant le Saint Ignace de Loyola
guérissant des possédés et exécuté d'après le grand tableau de l'église des Jésuites d'Anvers.

Ce dessin, extrêmement soigné et très habile, a été exécuté pour les besoins de la gravure.
Dans le catalogue, il est rangé sous la rubrique a d'après Rubens». Il aurait donc été fait par un
des élèves du maître. Mais tout porterait à croire que Rubens lui-même y a mis la main, au moins
pour le retoucher. C'est l'opinion de Van Hasselt2.

C'est d'après ce dessin que Marinus aura fait sa gravure. Il suffit de comparer les deux pour
que la chose soit hors de doute. Quelques-unes des différences que nous avons signalées entre
le tableau de Vienne et la gravure se retrouvent dans le dessin, entre autres le sein de la
possédée qu'on voit complètement découvert. Mais là où il est prouvé que le graveur a failli,
c'est dans certains traits de la figure : le modelé du cou est bien supérieur dans le dessin, et
l'œil, loin de montrer la pupille, ne laisse voir que le blanc de la sclérotique.

En somme, l'examen du dessin du Louvre nous montre que les défauts que nous avons relevés
plus haut doivent être mis exclusivement sur le compte du graveur.

Nous avons trouvé à la Bibliothèque nationale une gravure d'après un tableau de Rubens
représentant Saint François de Paule montant au ciel3. De nombreux personnages de tous rangs
assistent à cette ascension. Au premier plan, des miracles s'accomplissent. On délivre de son
suaire un mort qui ressuscite. Plus en avant, deux démoniaques, un homme et une femme, sont
en proie aux convulsions. Ces deux figures offrent de nombreux points de ressemblance avec les
démoniaques du musée de Vienne, mais autant que permet d'en juger la gravure, ils ne les
égalent pas à notre point de vue particulier. Aussi ne nous y arrêterons-nous pas.

Ce que nous avons dit suffit à démontrer dans quelle voie naturaliste féconde, pour la
science comme pour l'art, s'était engagé Pierre-Paul Rubens, et à quels titres précis, en dehors
de toutes autres considérations esthétiques que nous devons écarter, son œuvre survit et s'impose.

J. M. Charcot (de l'Institut) et P. Richer.

i. Au bas de la lithographie on lit d'un côté : Drawn on stone by J. Scarlett Davis, from the original sketch by Rubens; et de l'autre
côté : Printed by C. Hullmandel.

i. Van Hasselt, dans son catalogue, fait suivre l'indication du tableau de Vienne de la note suivente : « Le musée de Paris possède de
cette composition un beau dessin au crayon noir, rehaussé de blanc et retouché par Rubens pour le graveur. »

3. Cette gravure ne donne point le nom du graveur. Dans le coin à droite, on trouve la mention suivante : Pet. Paul Rubens pinxit.
Guill. Collacrt excudit. D'autre part, nous avons rencontré dans le catalogue des œuvres de Rubens qui fait suite à la Vie de Rubens, par
André Van Hasselt, Bruxelles, 1840, sous le n° 493, l'indication d'un tableau représentant Saint François montant au ciel, avec la mention :
gravé par Lommelin. Quoi qu'il en soit, nous n'avons trouvé aucune autre indication sur le tableau de Rubens qui peut-être n'existe plus.
 
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